Des missionnaires évangéliques méthodistes dans la fournaise du Moyen-Orient

 De Linda Bloom*


Quand le dernier jeu de bombes israéliennes est tombé sur Bethléem à 5h10 le 7 mars, l'impact a frappé Sandra Olewine en train de dormir sur son son divan de la salle de séjour.


La deuxième détonation a secoué des images du mur, soufflé la porte d'entrée de l'immeuble, des éclats d'obus ont atteint le toit et brisé les vitres de la maison d'un voisin sur son balcon. Quand les explosions se sont arrêtées à 5h45, Olewine, un missionnaire évangélique méthodiste, a constaté que des maisons et des commerces dans la rue, y compris aussi un commissariat de police palestinien avaient été détruits.


Le pasteur Alex Awad, un autre missionnaire évangélique méthodiste qui exerce le ministère pastoral à Jérusalem Est et enseigne au Collège Biblique de Bethléem, s'est aussi réveillé le 7 mars au son du bombardement répété à Bethléem. Ce son "devient ici la norme plutôt que l'exception," a-t-il écrit dans un courrier électronique à l'Agence de presse évangélique méthodiste.


Malgré le danger - pour sa famille, sa congrégation, les étudiants du collège et tous les autres - Awad est reconnaissant de pouvoir continuer son ministère. "Notre congrégation à Jérusalem n'a pas annulé ni manqué de dimanche," a-t-il écrit. "Les gens ont eu l'opportunité de se rendre à l'Eglise et de rendre un culte à Dieu."


Mais il a exprimé sa douleur pour les victimes palestiniennes et israéliennes d'un conflit qui s'est radicalement intensifié au cours des récentes semaines, aussi bien que Bob May, un autre missionnaire en activité dans ce secteur au nom de la Commission pour la mission et la diaconie.


"Je pense que l'effet le plus grand de l'escalade dans la violence a été le découragement et la frustration des gens," disait May.


Il a fait le décompte des dégâts subis. "La violence et la menace de la violence refroidissent inévitablement notre humeur," a-t-il dit à l'agence de presse. "Il est dur de rester optimiste quant à l'avenir, quand vous entendez le tir de missiles, voyez l'explosion de bâtiments et apprenez la mort de nombreuses personnes. Il est dur de tenir spirituellement et de rester mentalement concentré quand vous devez vous inquiéter du danger de balles et de bombes."


La violence a aussi affaibli la présence chrétienne en Terre Sainte, selon Awad. Il a évalué qu'au moins 500 familles chrétiennes ont déjà quitté le pays.


"Comme pasteur, mon souci le plus important, c'est la sécurité de ma congrégation," a-t-il dit. "N'importe lequel de nos membres peut être au mauvais endroit au mauvais moment. Nous continuons à prier Dieu le Tout-puissant à protéger chaque individu, non seulement dans notre congrégation, mais aussi toutes dans les autres congrégations. Et chaque dimanche nous prions sincèrement pour que la paix et la justice prévalent sur cette terre."


Awad a ajouté que sa congrégation a été encouragée par la visite récente de deux évêques américains, l'évêque Ann Sherer du Secteur du Missouri de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) et l'Évêque Clifton Ives du Secteur de la Virginie Occidentale.


Les missionnaires prennent de grands risques personnellement. Awad et sa femme Brenda passent des heures à traverser le point de contrôle à Bethléem, à quelques kilomètres de leur maison dans les faubourgs de Jérusalem. Leur fils de 17 ans, Randy, suit l'Ecole Internationale anglicane, placée dans un des secteurs les plus dangereux de Jérusalem-Ouest. Basem, leur fils de 22 ans, se rend à Ramallah, où il travaille pour un projet des Nations unies.


"Bien sûr, notre souffrance ne se compare pas à la souffrance qu'endurent les milliers des Palestiniens sur qui on tire ou que l'on empêche de se rendre dans un hôpital ou chez un docteur en cas d'urgence," a noté Awad.


Malgré les obstacles, le Collège Biblique de Bethléem ne compte jamais autant d'inscriptions qu'aujourd'hui. Bien qu'il y ait eu des dégâts sur la propriété, aucun étudiant, enseignant ou employé n'ont été blessés par un bombardement. "Souvent les étudiants viennent terrifiés en classe suite au bombardement, mais ils continuent à venir," a dit Awad. "Nous manquons très peu de jours d'enseignement."


Les chrétiens qui restent s'entassent dans les Eglises. "Les communautés chrétiennes ont employé leurs compétences et leurs ressources en hommes pour répondre aux besoins physiques et émotionnels des communautés, rendant ainsi gloire à Dieu par leurs bonnes actions visant à la fois les musulmans et les chrétiens," a-t-il dit.


Mais Awad a ajouté que "la majorité écrasante" de responsables chrétiens en Terre Sainte s'est inquiétée de la position de l'administration Bush sur le conflit Israélo-palestinien. "Ils sont frustrés par ce qu'ils perçoivent: c'est comme si Bush avait donné le feu vert à Sharon pour écraser les Palestiniens, ou peut-être que Bush manque de courage pour arrêter Sharon," a-t-il expliqué. "Une telle politique prolongera seulement le conflit et causera encore plus de victimes et de souffrance des deux côtés."


Olewine a critiqué les Etats-Unis qui a bloqué l'appel en faveur d'une force de protection internationale. "Combien de vies palestiniennes et israéliennes auraient pu être sauvées, si un corps international avait pu créer un espace-tampon entre eux, en prônant la sécurité des deux parties et le retour à la table de négociations?" écrivait-elle dans son courrier électronique du 7 mars. May noté que l'espoir est faible ces jours-ci. "Les gens n'ont pas besoin que la violence s'intensifie pour les diminuer et les décourager encore davantage," a-t-il dit. "J'ai peur que si tout espoir se perd, chacun se perde alors." 


* * *


*Bloom est directrice du bureau d'informations de New York de l'Agence de presse évangélique méthodiste.


Le 7 mars 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)