Les protestants de France, sondage IFOP et réactions

Les protestants de France au miroir du sondage IFOP de 2010

Echantillon de 702 personnes se déclarant de confession protestante (82 %) ou chrétienne évangélique (18 %) en concertation avec la Fédération Protestante de France. Voici les conclusions de la synthèse de ce sondage.

Conclusion

Ce sondage confirme deux choses :

1) que la majorité du protestantisme en France reste à dominante luthéro-réformée. L’attention portée par les médias au protestantisme évangélique, d’autant plus que ce protestantisme a connu un incontestable développement ces dernières décennies, a peut-être eu tendance à faire oublier ce fait;

2) que le protestantisme évangélique est devenue une composante importante du paysage protestant français. Ce sondage confirme en particulier l’estimation couramment faite que l’évangélisme représente environ un tiers des forces protestantes en France.

Famille recomposée ?

Les protestants, une famille recomposée ? Oui, incontestablement selon les données de ce sondage qui confirme l’importance prise par l’évangélisme parmi les protestants de France et qui révèle une certaine vitalité religieuse de la jeunesse. Une famille très diversifiée aussi avec des protestants qui ont des manières différentes de s’inscrire dans la lignée des réformes du XVIe siècle et de s’assumer comme chrétien protestant au XXIe siècle. Des protestants qui apparaissent très divisés sur un certain nombre d’enjeux éthiques contemporains. Des protestants qui, comme hommes et femmes de la Bible, continuent à montrer, par leurs options mêmes, que lire la Bible n’est pas sans effets : à la question il y a trop d’immigrés en France, il n’est pas inintéressant d’observer que plus on lit la Bible, plus on est en désaccord avec cette proposition : 71 % des lecteurs hebdomadaires de la Bible ne sont pas d’accord pour dire qu’il y a trop d’immigrés en France contre 47 % de ceux qui ne lisent jamais la Bible. « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25, v.35).

L’intégralité de ce sondage, sa synthèse

Réaction de la Fédération protestante de France

La Fédération protestante de France a pris connaissance avec beaucoup d’intérêt du sondage « Les protestants au miroir des enquêtes IFOP de 2010 ».
Ce sondage qui dresse un portrait des protestants en France, confirme qu’ils sont dorénavant davantage dans les grandes villes et leurs banlieues que dans les régions rurales traditionnellement protestantes.
Les sensibilités déclarées donnent les chiffres indicatifs suivants : luthéro-réformées 56 %, évangéliques 23 %, pentecôtistes 5 % et charismatiques 2 %. 

La Fédération protestante de France souligne que ce sondage, s’il confirme la diversité et la complexité des attachements et des engagements, montre beaucoup d’unité et des divergences qui ne suivent pas forcément des frontières confessionnelles. 
La Fédération protestante de France note la grande convergence en matière d’éthique sociale, les divergences portant essentiellement sur les questions d’éthique familiale et de bioéthique (début et fin de la vie). 
Le sondage fait apparaître, notamment dans les « nouveaux territoires protestants », un renouveau de piété porté par le courant évangélique mais qui touche l’ensemble des Églises. La vitalité protestante est enfin visible dans un renforcement de l’engagement des jeunes. 

La Fédération protestante de France voit ainsi sa vocation replacée devant le défi de gérer la diversité, mais elle a la conviction renouvelée que ce qui lie les protestants est bien plus fort que les tensions qui les mèneraient à la rupture. C’est pour approfondir ces intuitions que la Fédération a initié le colloque « Les protestants en France, une famille recomposée. État des lieux et repères », qui se déroule ces jours, du 18 au 20 novembre, à Paris.

18 novembre 2010

FPF

Analyse de Claude Baty, président de la FPF

« Aucune des branches du protestantisme n’est monolithique »

Voici un des enseignements que Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF) tire de ce sondage. Il s’exprime dans les colonnes de l’hebdomadaire RÉFORME (N °3393 - 25 novembre 2010). Propos recueillis par Bernadette Sauvaget.

« Il n’y a pas d’affrontement entre deux blocs, l’un luthéro-réformé et l’autre évangélique. La situation est complexe. Aucune des branches du protestantisme n’est monolithique. L’évangélisme est présent partout et il y a une aile libérale parmi les évangéliques. » La majorité des luthéro-réformés n’est pas favorable à la possible bénédiction des couples homosexuels par les Églises et, parallèlement, il y a une minorité parmi les évangéliques qui est prête à accepter la bénédiction des couples homosexuels (dans le sondage, 45 % des luthériens, 46 % des réformés et 14 % des évangéliques se déclaraient favorables à la bénédiction des couples gays) Je sors de ce colloque avec la conviction renforcée de la nécessité qu’il faut développer le dialogue interne au sein du protestantisme, poursuit le président de la FPF. Ce dialogue est possible. »

RÉFORME

Commentaires du CNEF à la publication de ce sondage

Le Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) a pris connaissance du récent sondage IFOP-La Croix- Réforme-Fédération protestante de France sur le protestantisme, rendu publique à l’occasion du colloque GSRL "Les protestants en France, une famille recomposée", tenu à Paris du 18 au 20 novembre dernier.

De l’ensemble de ces travaux, le CNEF retient notamment :

-     Le nombre de protestants a augmenté de manière significative. Sur les 1.700.000 protestants que compte la France, 600.000 sont des pratiquants réguliers.

-     Sur les 600.000 pratiquants réguliers, 460.000 se réclament du protestantisme évangélique et 140 000 de la branche luthéro-réformée.

-    La croissance du protestantisme évangélique est avant tout due à un phénomène de conversion en vertu du principe selon lequel « on ne naît pas chrétien, mais on le devient par choix personnel ».

Contrairement à une idée reçue, cette croissance ne s’explique donc que partiellement par l’immigration évangélique afro-caribéenne et asiatique. En effet, 48 % des personnes interrogées ne sont pas issues du milieu évangélique. Parmi elles, 52 % sont d’origine catholique, 35 % sans religion, 3% d’origine musulmane et 10 % d’une autre religion.

Par ailleurs, le CNEF constate que les évangéliques sont bien perçus comme des protestants.

-    Les évangéliques confirment leur identité protestante par leur attachement à la Bible, à la prière quotidienne et le niveau élevé de leur pratique cultuelle. Loin des caricatures habituelles, la majorité est opposée à une lecture biblique au "premier degré" et beaucoup établissent aujourd’hui des relations constructives avec les autres confessions chrétiennes (échanges bibliques, parcours Alpha, projets sociaux en commun).

-    Cependant, les évangéliques en tant qu'héritiers des Réformes et des Réveils, continuent à se démarquer du libéralisme théologique et des positions morales "modernistes".

Le CNEF tire, pour l’instant, deux conclusions de ces travaux :

-    Les estimations faites à partir de sa connaissance du terrain et, en particulier, du recensement des lieux de culte évangéliques se trouvent confirmées par les résultats du colloque et du sondage : les protestants évangéliques forment bien une composante importante et dynamique du protestantisme avec laquelle il faut compter. Ils représentent 3⁄4 des pratiquants réguliers

-    La progression globale du protestantisme, et en son sein des protestants évangéliques, ne saurait faire oublier que l’écrasante majorité de nos contemporains ne connait pas ou peu le Christ et son Amour. Il reste un immense champ de travail, en France, pour que l’Évangile soit annoncé et de nouvelles Eglises locales créées.

Le Conseil National des Évangéliques de France (CNEF) a été créé officiellement le 15 juin 2010. Il rassemble plus de 70% des Eglises protestantes évangéliques.

1er décembre 2010

CNEF

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