ENroute, fin de vie, faim d’espérance: (1) Marc Kopp

 D’ici quelques jours paraîtra le numéro 3 d’ENroute, mensuel d’information de l’UEEM. Il sera consacré pour l’essentiel à l’accompagnement des personnes âges et donnera la parole aux directeurs de maissons de retraite relevant de l’EEM. Un article synthétisera leurs réponses. Nous constatons la richesse de leur apport et jugeons utile de publier d’ores et déjà dans le cadre d’EEMNI les interviews dans le détail.


Propos de Marc KOPP, membre de la paroisse E.E.M. de Genève, président du Conseil de Fondation du Foyer Béthel recueillis par le pasteur François Roux.


(M. KOPP est également membre du comité d'administration d'un établissement de la même taille (24 lits) que le Foyer Béthel, membre du comité et du bureau de la Fédération Genevoise des Etablissements Médico-Sociaux (FEGEMS) et représentant de la FEGEMS au comité de la fédération romande qui travaille aussi à la création d'une véritable association suisse.)


Selon Koffi Annan, les personnes âgées sont la valeur ajoutée du monde en devenir, Partagez-vous son analyse ?


Je suis persuadé que la population âgée peut apporter une valeur ajoutée pour autant qu’elle soit consciente de ses capacités et d’accord de les mettre à disposition là où c’est nécessaire, et pour autant que les générations en place reconnaissent cette disponibilité de connaissances. Il ne me semble pas percevoir actuellement une grande volonté politique pour intensifier la participation de la population âgée dans les familles, les communautés et la société. Du reste il existe en Suisse une association faîtière, le Conseil suisse des aînés (CSA), qui s’est notamment donné pour tâche de lutter contre les discriminations dues à l’âge, par exemple les limites d’âge fixées pour une participation à des institutions communales, cantonales et même fédérales. Les buts du CSA sont de défendre les intérêts économiques et sociaux des personnes âgées face à la Confédération, aux associations, aux institutions, aux médias et à l’opinion publique.

Les instances politiques sont actuellement plus anxieuses de l’avenir des établissements, entre autres les coûts d’exploitation et leurs financements, (par les résidents, des subventions d’Etat, les assurances maladie, etc), les coûts des soins par rapport aux modifications de la LAMal (loi sur l’assurance maladie) actuellement en discussion, mais aussi le nombre de places disponibles et nécessaires.


Est-ce en raison de la forte augmentation de la population âgée que les autorités sont absorbées par l’augmentation du nombre de places ?


Oui, et les solutions passent par la création de nouveaux établissements. A Genève, par exemple, l’Etat a reconnu la nécessité de réaliser plus de 1.000 lits supplémentaires d’ici l’an 2010.


Même quand ils bénéficient d’une prise en charge permanente, vos résidents sont-ils capables de prodiguer des soins et des attentions aux autres ?


En ce qui concerne les résidents des établissements, il faut relever que par le développement des soins à domicile (ce qui est une volonté politique que l’on peut saluer), les personnes qui entrent en maison de retraite (celles-ci sont appelées aujourd’hui des « établissements médico-sociaux »), sont et seront de plus en plus dépendantes et donc plus ou moins difficilement capables d’une participation active et de prodiguer des attentions à d’autres.


Dans les établissements que vous connaissez, travaille-t-on à réduire le fossé entre les générations, à mettre en présence des personnes âgées et des enfants ?


Il n’y a pas encore une volonté précise et concertée pour promouvoir l’entraide et la solidarité entre les générations.

Bien sûr, les résidents peuvent participer à des activités qui ne sont pas réservées à leur tranche d’âge. Bien sûr, des écoles, des cours de musique ou autres, se produisent dans les établissements, mais il s’agit plus d’animations en faveur des résidents que d’une réelle activité commune. Bien sûr, il y a des établissements qui hébergent des crèches et autres groupes de différentes générations, mais à part les rencontres normales de proximité, il n’y a pas encore une véritable intention de partager et de construire des activités ensemble.


Il y a là matière à réflexion, probablement au niveau d’une association régionale pour inventorier les synergies possibles et conseiller des actions bien ciblées. J’ai vu que des initiatives ont été prises dans ce sens qui ont donné le jour à des rencontres réunissant les générations autour de tâches réellement communes. Mais il s’agit d’événements ponctuels. Il faudrait trouver des partenaires au niveau de la jeunesse pour établir de manière régulière ce genre de partage, choisir aussi judicieusement parmi les enfants une tranche d’âge favorable.


Une maison de retraite chrétienne, et méthodiste de surcroît, apporte-t-elle un plus par rapport à l’offre générale ?


Malgré le fait que la plupart des établissements offrent une présence religieuse, cette offre est plus intensive dans une maison chrétienne. Outre le fait qu’ici, foyer et paroisse partagent le même bâtiment, des lectures journalières, des moments de chant et des cultes ont lieu dans la maison pour les résidents. Mais tous les résidents ne sont pas méthodistes ou engagés dans la vie d’une église. Il y a donc certaines limites à observer pour ne pas donner l’impression de forcer des gens à écouter ou à participer. Il est important que chacun puisse être libre comme il le serait à la maison. 


L’objectif est-il que l’on puisse vivre dans un établissement de la manière la plus proche possible de son mode de vie à domicile ?


Oui, c’est une volonté politique communément partagée d’offrir aux personnes âgées un véritable domicile, qu’elles puissent aller et venir – bien sûr dans la mesure du possible… dans un fauteuil roulant ou dans un lit, ce n’est pas toujours facile – comme elles le faisaient chez elles, et en tous cas que leur intimité soit garantie, ainsi qu’une bonne part de leurs précédentes habitudes.

Source: EEMNI