Église évangélique méthodiste : position des évêques africains sur le terrorisme et la sexualité humaine


Par Heather Hahn

Les évêques Africains ont appelé l’Eglise Méthodiste Unie à combattre le terrorisme international et à maintenir la doctrine actuelle de l’Eglise au sujet de la sexualité humaine.

« En tant que leaders de l’Eglise, nous croyons qu’il y a des questions plus importantes qui nous unissent que le débat sur l’orientation sexuelle, » ont dit les évêques dans “une déclaration sur la nature globale de l’Eglise Méthodiste Unie et notre monde commun.”

« En tant qu’Eglise, nous sommes appelés à vivre en solidarité avec ceux qui souffrent des conséquences des systèmes politiques injustes, des guerres, des famines, de la pauvreté, des catastrophes naturelles, des maladies, de l’analphabétisme, etc. Nous croyons que nous pouvons nous unir autour de ces questions au lieu de nous déchirer par les questions sur l’orientation sexuelle. »

Les évêques ont tiré la sonnette d’alarme sur la montée des groupes tels l’EI (Groupe Etat Islamique) dans le Moyen Orient, Boko Haram au Nigeria et Al Shabab en Afrique de l’Est. Les insurrections de ces groupes ont entrainé des « violations massives des droits humains sur les innocents, les impuissants et les familles sans défense… sans oublier l’effroyable crise de réfugiés qui ont envahi certains pays de l’Europe et de l’Afrique, » selon leur déclaration.

Les évêques se sont dits « profondément attristés » parce que tel qu’ils le voient, certains Méthodistes Unis dans leurs ministères envers les lesbiennes, les homosexuels, les bisexuels et les personnes transsexuelles ignorent la Bible et le Livre de Discipline, le document de politique générale de l’Eglise Méthodiste Unie. Ils ont aussi souligné que l’enseignement de l’église prône uniquement les relations sexuelles monogamiques et le mariage hétérosexuel, et non les unions entre conjoints de même sexe ou la polygamie.

L’évêque de la région de Sierra Leone John K. Yambasu, qui a coordonné cette déclaration, a dit que les évêques espéraient que leur propos puisse contribuer à la promotion d’un débat parmi les membres de l’Eglise.

« Pendant longtemps, la voix de l’Eglise Africaine est restée inaudible, surtout sur les questions globales, » a-t-il confié à l’United Methodist News Service. « Nous avions senti qu’à ce moment critique de l’histoire de notre Eglise, nous devions faire entendre notre voix à l’église globale. Et cela peut entrainer davantage de conversations à tous les niveaux de l’église afin que nous soyons conscients, en tant que dénomination, des réalités d’aujourd’hui. »

Selon, l’évêque de la région de San Fransisco Warner Brown Jr., président du conseil des évêques, ses collègues africains parlaient en fonction de leur contexte. Il a aussi dit à l’UMNS que le conseil au grand complet, qui comprend les évêques en activité et les retraités, n’a pas encore eu l’occasion de se prononcer sur cette déclaration.

« Malheureusement, le débat sur la sexualité humaine donne la mauvaise impression que c’est la seule question que nous devrions aborder » a-t-il affirmé. « Nous travaillons activement ensemble, y compris avec les personnes en désaccord avec la sexualité, sur les questions liées à la justice et la guérison. »

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Historique de la déclaration

La déclaration des évêques Africains fait suite à leur rencontre du 7 au 11 Septembre 2015 au Zimbabwé. Ils ont finalisé la déclaration lors de la retraite des évêques en activité, réunis à Lake Junaluska (Caroline du Nord-USA), a dit Yambasu. Cette réunion n’était pas ouverte à la presse.

13 évêques Africains en activité et un évêque retraité ont signé la déclaration.

Cette déclaration intervient au moment où les leaders de l’Eglise préparent la Conférence Générale, la plus haute instance de législation de la dénomination. Cette session, qui étudie généralement les propositions en rapport avec la sexualité humaine ainsi que la position de l’Eglise face aux questions mondiales, va se réunir du 10 au 20 Mai 2016, à Portland (Oregon-USA).

Les évêques ont recommandé que la Conférence Générale 2016 inclut dans son agenda des prières quotidiennes « pour le retour de notre dénomination aux enseignements bibliques, pour l’unité de l’Eglise » ainsi que pour la fin du « terrorisme international (tout en se souvenant des millions des réfugiés) et la cessation des guerres dans le monde. »

Etant donné que le flux des réfugiés a augmenté cet Eté, les évêques Européens, Américains ont plaidé pour que ces « frères pèlerins » accueillis dans leurs pays.

Cependant, Yambasu a appelé les Méthodistes Unis à faire plus pour résoudre les causes de la crise des réfugiés, notamment l’instabilité, la pauvreté et la violence.

« L’Eglise Méthodiste Unie est une église mondiale, et nous sommes dans presque chaque coin du globe, » a-t-il mentionné. « Nous avons des réseaux partout, mais nous n’avons pas été capables d’activer nos réseaux pour œuvrer dans nos propres pays, dans nos propres régions, afin de commencer à résoudre ces questions. »

Un débat parmi les évêques

Dans leur déclaration, les évêques Africains ont aussi invité « le conseil des évêques à démontrer leurs responsabilité de berger (1 Pierre 5:2-4) en agissant conséquemment selon la Sainte Bible. »

Alors que les évêques, dans leur ensemble, acceptent l’accueil de l’étranger et condamnent la violence, ils ne sont pas unis sur l’interprétation de la Bible, surtout en rapport avec les personnes LGBT (Lesbiennes, Homosexuels, Bisexuels, et Transgenres).

Depuis 1972, Le Livre de Discipline soutient que chaque personne a une valeur sacrée mais que "la pratique de l’homosexualité est incompatible avec l’enseignement chrétien."

Le débat autour de cette question s’est intensifié au cours de ces 4 dernières années étant donné que plusieurs nations dans le monde, y compris les Etats Unis, ont légalisé le mariage des personnes de même sexe.

Depuis 2011, plus de 1000 pasteurs Méthodistes Unis ont annoncé leur volonté de défier l’interdiction de la célébration des mariages des personnes de même genre. Le Rév. Melvin G. Talbert, évêque à la retraite a officié à une union de ce genre en 2013, et par conséquent a fait face à une plainte sur la base de la législation de l’église. Cela a été résolu au début de cette année.

Au même moment, les actes homosexuels sont criminalisés dans 38 des 54 pays Africains, y compris 18 pays Africains qui enverront des délégués à la Conférence Générale.

Certains Méthodistes Unis ont appelé l’Eglise à considérer une séparation sur la question.

Néanmoins, Yambasu pense que l’Eglise donne au débat sur l’homosexualité une représentation sans rapport avec la réalité. Il soutient que la polygamie est un problème majeur en Afrique mais que cela ne devrait pas dominer la Conférence Générale. Il y a d’autres questions de vie et de mort que l’Eglise devrait, plutôt, résoudre, a-t-il affirmé.

« Nous pensons que seule la législation pourra résoudre nos problèmes, et la législation ne pourra pas résoudre tous nos problèmes, » a-t-il dit. « Nous avons besoin de nous mettre ensemble en tant que frères et sœurs dans cette Eglise, nous asseoir et voir dans quelle direction Dieu conduit cette Eglise et comment nous pouvons être des instruments entre ses mains. »

Brown a ajouté que les Méthodistes Unis étaient unis dans un engagement commun à honorer l’appel du Christ. 

« Il est facile de nous égarer sur les points de divergence, » a-t-il dit. « Mais, même dans ces désaccords, la plupart d’entre nous sommes en accord sur la plupart des questions. »

4 Nov. 2015

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