Hommage à Emilio Castro par l’évêque Henri Bolleter

A la date du 14 avril 2013, eemni relayait le communiqué du Conseil oecuménique des églises (COE) relatif au décès de son ancien secrétaire général Emilio Castro survenu le 6 avril. Hommage lui était rendu lors du culte officiel de reconnaissance le 31 mai dernier par plusieurs autorités, dont l’évêque méthodiste à la retraite Henri Bolleter. Voici sa contribution reprise de son blog.

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Témoignage pour Dr. Emilio Castro (1927 - 2013)

“Dichosos los que trabajan por la paz,

porque Dios los llamará hijos suyos.”

(Mateo 5:9)

J’ai appris de ne jamais commencer une contribution par des excuses.

Mais dans ce contexte-ci j’ose de le faire.

Selon mon expérience, nous, les méthodistes de l’hémisphère nord, nous avons parfois manqué l’occasion d’exprimer notre reconnaissance et de montrer notre estime pour nos frères et soeurs venant de l'Amérique centrale et du Sud.

À mentionner: José Miguez Bonino, Philipp Potter, Emilio Castro, Julio de Santa Ana, Aldo Etchegoyen et plusieurs autres. Ils suivaient les traces de John Wesley en mettant l’accent sur le lien entre l'appel à la mission, l’évangélisation et l'engagement social de manière convaincante.

La conduite et la vision prophétiques de ces pasteurs et professeurs méthodistes ont encouragé nos églises à envisager les causes de la pauvreté et à s’engager en faveur de la justice et la paix. 

C’est au nom de mon successeur l’Évêque Dr, Patrick Streiff, retenu en ce moment par d'autres obligations, au nom de l’Église Évangélique Méthodiste Mondiale et au nom du Conseil Mondial des Églises Méthodistes que je prends volontiers la parole ici devant vous. C'est un privilège pour moi de témoigner ainsi de la reconnaissance de notre Église pour la vie d’Emilio Castro. Nos cœurs sont remplis de gratitude pour le témoignage de vie qu’Emilio Castro nous a légué comme inspiration.

Emilio Castro, pasteur méthodiste et théologien, né en Uruguay, avait obtenu un doctorat de théologie à l’Université de Lausanne. Il travaillait avec la Conférence Chrétienne pour la Paix, initiée en 1958 par Josef Hromádka en Tchécoslovaquie. Il participait à la deuxième Assemblée Générale Chrétienne pour la Paix à Prague en 1964 et était devenu l’un de ses vice-présidents.

En 1973, il était appelé au poste de directeur de la Commission Mission et Évangélisation au Conseil Œcuménique. À l’époque, je suivais comme jeune pasteur méthodiste ses sermons dans lesquels il unissait le feu pour l’évangélisation avec les exigences sociales et même politiques. Il empreignait la vocation à la mission d’accents wesleyens et méthodistes et aussi de la théologie de libération. Nous, les méthodistes de la jeune génération, nous étions fiers de lui comme représentant de notre dénomination.

En 1985, il était le premier latino-américain à la tête du Conseil Œcuménique des Églises à Genève. En 1992, il avait publié „A passion for unity“, une forte affirmation œcuménique.

Un méthodiste genevois m’a raconté qu’ Emilio Castro se présentait comme discret et humble, mais toujours protagoniste de la foi Chrétienne et des Droits de l’homme et porte-parole d’un monde plus juste.

Dr. Steve Sidorak, secrétaire général pour l’Unité Chrétienne et pour les Relations Interreligieuses au sein de l’Église Méthodiste Unie m’avait écrit:

„We have lost a great theologian and a great friend, a great leader and teacher in his public life and a gracious and kind individual by those who knew him personally“.

Au nom de la famille mondiale des méthodistes, j’oserais dire: Nous avons perdu un prophète qui était parmi nous — Emilio Castro, pasteur méthodiste et théologien uruguayen, éminent œcuméniste de la seconde moitié du 20e siècle.

Nous n’oublierons jamais ses contributions pour associer la foi et la spiritualité chrétiennes à un engagement radical en faveur des pauvres dans le monde et en faveur des hommes et des femmes privés de leurs droits.

Il est décédé le 6 avril à Montevideo (Uruguay) à l'âge de 85 ans. La vie de notre frère se retrouve dans les legs de sa vision. Son souvenir restera gravé dans nos coeurs. Ce qu’il a semé germera.

Dans la lettre aux Galates, nous lisons : « Ce qui importe, c’est la foi qui agit par l’amour » (5,6).

Ensemble avec ses deux enfants et leur famille et avec nos frères et soeurs en Uruguay et partout dans le monde nous rendons grâce à Dieu pour cette vie prophétique et riche.

Heinrich Bolleter, Évêque à la retraite

Blog d’Henri Bolleter