Des responsables religieux préconisent des solutions non violentes au problème du terrorisme

Quatre responsables religieux, y compris un évêque évangélique méthodiste de Chicago, ont fait paraître au nom d'une coalition interreligieuse un appel aux Etats-Unis à combattre le terrorisme par des moyens non violents plutôt que militaires.


Lors d'une conférence de presse téléphonique le 23 janvier organisée au "Center of Concern" de Washington, les responsables ont rejoint le père James Hug, prêtre Catholique et président du centre, dans ses déclarations: la coalition plus ou moins informelle "recommande tout moyen d'en finir avec le terrorisme et ses sources qui soit juste, pacifique et fiable."


L'évêque évangélique méthodiste C. Joseph Sprague a dit qu'il avait été dérangé par l'affirmation de quelques cercles religieux selon qui la campagne de bombardement menée par l'administration de Bush contre l'Afghanistan répondait aux critères d'une "juste guerre". Il a soutenu que si l'on considérait proportionnellement la puissance de feu américaine et les dégâts causés aux non-combattants, la campagne d'Afghanistan était tout sauf une "guerre juste" .


"Dans cette culture, nous semblons avoir une liaison amoureuse profonde et constante avec la technique," a-t-il dit. Même si l'orgueil américain qui croit dans l'efficacité de ses missiles est compréhensible, cette fierté avoisine néanmoins l'idolâtrie, a-t-il dit.


"Une façon d'évaluer la puissance de l'idolâtrie consiste à se demander à qui elle profite et qui en est la victime," a dit Sprague. A considérer les victimes des bombes perdues ou la dévastation provoquée par ces bombes comme étant de simples "dommages de guerre", contribue à les désumaniser. "Nous ne parvenons pas à comprendre, dans cette culture, que nos abstractions, une fois démasquées, ont des visages humains.


"Bombardez l'Afghanistan mais pas avec des moyens militaires, bombardez le pays avec de la nourriture, du savoir-faire médical et agricole," a-t-il ajouté. "C'est ce genre de choses que nous pouvons partager et partager correctement."


L'évêque estime que l'action militaire actuelle "polarisera seulement" les Etats-Unis et servira de prétexte à des éléments marginaux de commettre de nouveaux actes terroristes. Sprague a dit à l'Agence de presse évangélique méthodiste qu'il exprimait là un point de vue personnel et ne parlait pas pour l'Eglise tout entière.


Les participants à la conférence de presse, y compris le pasteur Richard Shimpfky, évêque épiscopal de Californie, ont dénoncé l'idée, que certains défendent: aborder d'un point de vue critique la politique américaine du gouvernement, c'est manquer de patriotisme. "C'est absolument essentiel pour nous aux Etats-Unis, nous le dirons très clairement: les voix d'opposition ont un rôle vertueux et important à jouer," a-t-il dit. Le but ne doit pas être l'unité et la conformité, mais la recherche honnête de réponses "qui soit compatible avec la paix, avec la justice."


La façon dont on s'attaquait dans le passé aux causes premières de l'injustice et au terrorisme n'est plus appropriée aujourd'hui, a-t-il dit; prôner l'isolationnisme de l'Amérique, ce serait prendre un chemin des plus dangereux.


Soeur Catherine Pruitt, présidente de la Conférence de Direction pour Femmes Religieuses, exprimait sa solidarité avec le Pape Jean Paul II et les 175 responsables religieux qui l'ont rejoint le 24 janvier dans son "pélerinage d'espoir" à Assise, lieu de naissance de St. François, pour prier en faveur de la paix du monde. "La Violence et l'hostilité ne sont plus moteurs de paix," a-t-elle dit.


Le Rabbin Arthur Waskow, directeur du Centre Shalom à Philadelphie, a cité une ligne de la Torah qui dit: "poursuis la Justice, la justice." Dans les enseignements rabbiniques, il a expliqué que cette répétition du terme de "justice" est interprétée de deux façons: cette justice ne peut être poursuivie que si l'on retient la bonne signification du terme et cette justice doit être cherchée et pour vous et pour l'autre.


Il a préconisé l'utilisation de la Cour Pénale Internationale comme un moyen de provoquer une telle justice. Si le gouvernement américain cessait de s'opposer à l'existence de cette cour, son appui pourrait renforcer "la probabilité qu'il n'y aurait plus d'actes de terrorisme aussi épouvantables et répugnants," disait Waskow.


Il faut résoudre le conflit amer et mortel entre Israël et la Palestine; c'est aussi une exigence nécessaire pour remédier au terrorisme et provoquer la paix, selon des participants.


Sprague a dit que les citoyens américains et les membres des églises devaient faire appel au gouvernement américain pour qu'il affirme à la fois l'existence de l'Etat d'Israël et celui de l'Etat palestinien et qu'il ait une approche plus équitable dans ses négociations avec les deux protagonistes, en agissant comme "une figure parentale au milieu d'une famille dysfonctionnelle."


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24 janvier 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)