France : Du nouveau sous le soleil des organisations représentatives du protestantisme évangélique (CNEF)

Daniel Lichti explique dans les colonnes du périodique de France Mission (Action Missionnaire, novembre/décembre 2007) la situation de la mouvance évangélique à l’heure où le Conseil National des Evangéliques de France (CNEF) tend à devenir une structure représentative plus effective.


Jusqu'à un passé récent, aucune instance ne pouvait prétendre représenter à elle seule tous les protestants évangéliques, ni même la majorité de ceux-ci. La Fédération Evangélique de France (FEF) dont fait partie France-Mission, fédère environ 20% des églises locales. L'Union Nationale des Assemblées de Dieu (ADD) représente le même pourcentage. 33% de l'ensemble des églises évangéliques sont membres de la Fédération Protestante (FPF) sachant qu'un tiers de ces églises provient de la seule Mission Tzigane. Quant à l'Alliance Evangélique Française (AEF), elle n'est pas une Fédération, sa spécialité n'est pas tellement celle de « représenter» mais surtout celle de créer du lien de façon transversale et de mettre en mouvement des initiatives et des actions.


En 2006, sans faire beaucoup de bruit, le CNEF a continué à se construire. Il est de plus en plus factuel et opérationnel. Rajoutant à sa confession de foi (clairement évangélique) et à sa charte de fondation un important texte sur les « principes déontologiques»

il a également arrêté sa liste de membres et fixé les modalités des futures adhésions. Actuellement près de 75 % des Eglises locales de France métropolitaine y sont représentées à travers 27 Unions protestantes évangéliques, dont les plus grandes. France-Mission est membre du CNEF depuis l'origine.

Pour mieux atteindre son objectif établi dans sa charte (cf. www.cnef.info), le CNEF continue actuellement de progresser de façon remarquable. Nous mentionnerons cinq domaines qui sont tout autant de défis:


Progresser dans la connaissance mutuelle et la concertation


Le CNEF n'est pas une simple étiquette de plus, il est l'heureuse mise en évidence d'un état d'esprit qui marque ainsi l'unité foncière des Evangéliques et lui permet de devenir une réalité visible. Aussi, il n'est pas envisageable de manifester authentiquement et solidement cette unité en faisant l'économie d'un effort de connaissance approfondi. Cette démarche concrète,


actuellement en cours dans les réunions nationales, contribue manifestement à un enrichissement mutuel. Sans tabou, il permet de mieux définir les valeurs communes d'une part, et les spécificités non partagées voire non partageables d'autre part. Maintenant il s'agit de progresser encore et, surtout, de développer des initiatives analogues au niveau départemental en créant une véritable culture de la concertation, dans la confiance, la transparence, en favorisant une vision globale.


Progresser dans Ia vision d'évangélisation dynamique et conquérante


Il s'agit ici d'une spécificité bien évangélique, celle d'annoncer l'Evangile dans et hors de nos murs. Le CNEF a inclus heureusement dès le départ cette préoccupation dans ces priorités. Force est de constater que les énergies pourraient être mieux harmonisées, sans même parler des efforts en commun, souvent stimulants. Dans le domaine de l'implantation d'Eglises, la concertation et le développement d'une vison unitaire intra-évangélique semble impérieux. Le groupe de travail «implantation d'Eglises» du CNEF propage la vision de « 1 Eglise pour 10000 habitants » comme cible commune. L'ampleur de ces défis souligne que l'heure n'est plus au gaspillage des énergies par l'absence de concertation, ni au contre-témoignage par manque de sagesse et de tact. Dans chaque département pourraient ou devraient se tenir des réunions de concertation dans un « esprit CNEF »

pour tendre vers ce but et faire des pas concrets.


Progresser dans la communication avec les medias


Dans les efforts de communication des différentes structures existantes comme la FEF ou l'AEF, il y a des éléments qui concernent non seulement les intérêts de ses membres mais de l'ensemble des Evangéliques. Il est désormais prévu de transférer tout ou partie de ce domaine de compétence au CNEF. De façon générale, il apparaÎt comme souhaitable qu'à terme toute communication « au nom des Evangéliques », tant pour informer que pour défendre, se fasse par le biais ou sous l'autorité du CNEF.

Le comité représentatif (l'organe exécutif du CNEF) vient de mettre en place des dispositifs expérimentaux dans ce domaine. Il s'agit de sortir d'une situation où les Evangéliques sont souvent pénalisés par leur incapacité de proposer des interlocuteurs suffisamment représentatifs et clairement identifiables par les médias.


Progresser dans la représentation officielle des Evangéliques


Une étape significative, peut-être décisive, se prépare actuellement. Les membres du CNEF devront confirmer par étapes leur volonté de confier à celui-ci le rôle de les représenter officiellement devant les autorités. Pour cela une réflexion sur les modalités de la mise en place de cette représentation, en particulier au niveau départemental et national est en cours. D'ores et déjà, des départements français pouvant servir de projet pilotes ont été identifiés.


Une reconfiguration des structures existantes


Des progrès significatifs ne pourront cependant pas se faire sans que la l'AEF et la FEF en particulier, mais aussi les autres grands groupements, acceptent de transférer des parties importantes de leurs prérogatives au CNEF.

Des discussions fraternelles et sans tabous ont lieu entre les responsables de ces structures. Des réajustements inédits voire audacieux se profilent. Ils révèlent de façon marquante la recomposition du protestantisme français et la croissance (et la maturité ?), au sein de celui-ci, de la mouvance évangélique.

Source: action missionnaire