DIEU VEUT-IL LA GUERRE ?
3 documentaires exceptionnels dimanche 3,10 et 17 août présentés par Présence Protestante sur France 2
La Première Guerre mondiale, par sa démesure et son bilan effroyable, marque un tournant dans l’histoire de l’humanité. A l’occasion du centenaire du conflit de 14-18, trois documentaires interrogent théologiens, philosophes et historiens, protestants et catholiques, français et allemands, sur la question « Dieu veut-il la guerre ? » et sur l’évolution du rapport à la guerre et à la paix
Une série écrite et réalisée par François Stuck
NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEUR
Voici un siècle, en 1914, les dirigeants des grandes puissances occidentales s’apprêtaient à plonger le monde dans l’indicible. En Allemagne et en France des voix s’élevèrent pour tenter de détourner le cours funeste de l’Histoire. Si l’opinion publique de l’époque pensait que la guerre serait courte, à l’image de celle de 70, beaucoup savaient qu’elle s’annonçait comme le plus grand carnage de tous les temps.
La construction de ces documentaires s’appuie sur les questions suivantes : pourquoi des peuples chrétiens, au lieu de s'efforcer de maintenir un climat de paix et de compréhension humaine, plongent-ils soudain dans la barbarie ? Comment penser l'espérance après les massacres ? Dans quelle mesure la guerre affecte-t-elle et influence-t-elle la manière de croire et de vivre sa foi ? En d’autres termes, la guerre introduit-elle un élément de rupture dans la religion et la foi ? Comment les protestants allemands et français ont-ils participé aux débats ? Quelles interprétations de la Bible, des Évangiles face à la guerre ?
Une interview du réalisateur François Stuck et des extraits de la série
INTERVENANTS
Hi s t o r i e n s : Rudolf von Tadden, Matthieu Arnold, André Encrevé, Barbara Henze, Neal Blough,
Guillaume Cuchet, Rémi Fabre, Laurent Gambarotto, Gabrielle Cadier, Antje Roggenkamp
Th é o l o g i e n s et philosophes : Olivier Abel, Nicola Stricker, Frédéric Rognon, Corinne Lanoir
Responsables d’aumônerie militaire : Dirck Ackermann, Stéphane Rémy, Daniel Reivax
P a s t e u r s : Iris Reuter, Albrecht Knoch et Antoine Nouis, directeur de l’hebdomadaire Réforme
LES ENJEUX SPIRITUELS DE LA GUERRE
Le 3 août 2014, date anniversaire de la déclaration de guerre de 1914, les présidents allemand et français, Joachim Gauck et François Hollande, auront rendez-vous sur le site du Vieil-Armand, en Alsace.
Les 3, 10 et 17 août, sur France 2, Présence Protestante diffusera un travail documentaire en trois volets sur les sentiments et les courants de pensée qui ont agité les milieux chrétiens, protestants notamment, autour de la guerre et de la paix… avant 1914, pendant la Grande Guerre, puis durant le XXe siècle.
En cette année 2014, il était difficile de ne pas interroger la tragédie humaine de la Première Guerre mondiale sous l’angle de l’éthique, de la théologie et du rôle des Eglises - à la fois comme institutions et comme part des opinions publiques du début du dernier siècle.
Nous sommes partis de l’envie de ressaisir les enjeux spirituels développés en 1914 dans les différentes Eglises chrétiennes, en France et en Allemagne, mais il est vite apparu nécessaire d’élargir le champ, pour mieux comprendre.
Depuis la guerre de 1870, et la défaite française face à l’Allemagne, comment les esprits avaient-ils cheminé ? Comment les consciences nationales s’exprimaient-elles ? N’y avait-il, au seuil de la guerre, que des nationalistes prêts à en découdre avec l’ennemi ? Et puis en 1918, après quatre années d’hostilité meurtrière, comment a-t-on pensé les relations entre Etats ? Etait-on disposé à considérer le pacifisme sous un autre jour ? Sous quelles modalités s’est-il développé tout au long du XXe siècle, avec - malgré lui et malgré tout - l’effroyable entrée en scène du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale ?
C’est donc un travail sur le long terme qui est proposé dans ces trois volets. La participation des protestants aux débats du XXe siècle ne fut pas univoque. Et eux-mêmes sont à comprendre dans le cercle plus large de la culture chrétienne de l’époque.
Pour le réalisateur François Stuck, qui a déjà travaillé sur la figure du théologien suisse allemand Karl Barth (remarquable sentinelle malheureusement peu écoutée dans ces années-là…), l’intérêt de cette recherche est bien d’aider à percevoir à quel point les questions éthiques et théologiques ont agité les différents camps, bien au-delà des Eglises elles-mêmes, et avec des mots qui sont parfois d’une étonnante actualité.
C’est en France et en Allemagne, auprès d’hommes et de femmes, d’historiens, de théologiens, protestants et catholiques, que nous écouterons l’écho des grands questionnements, des effrois et des espoirs qui furent ceux de millions de citoyens, pendant plus d’un siècle
DIEU VEUT-IL LA GUERRE ?
1er volet : LA TENTATION DE LA GUERRE
CONTEXTE
Allemagne et France, début du XXe siècle. La guerre de 1870 est encore présente dans les esprits. L’Alsace et de la Lorraine (Reichsland Elsass-Lothringen) ont été annexées par l’Allemagne. Le monument aux morts de Chenebier, petit village de la Haute-Saône, en témoigne. Érigé en 1899, il honore la « mémoire des officiers et soldats français et allemands » de la guerre de 1870.
Impulsé par les premières conférences de La Haye dès 1899, les mouvements en faveur de la paix apparaissent en France comme en Allemagne. « La paix par le droit » est l’un d’eux. Des figures comme Charles Gide ou Jean Jaurès militent également en faveur de la paix.
Pour éclairer ce qui faisait l’héritage d’une réflexion sur la guerre à l’orée du XXe siècle, le documentaire donne la parole brièvement sur quelques versets ou épisodes tirés de la Bible. Puis met le projecteur sur quelques dates repères qui désignent un certain rapport de la pensée chrétienne européenne à ce sujet.
Depuis les Guerres de religion du XVIe siècle, les protestants sont minoritaires en France, mais au début du XXe siècle, leurs idées ont une réelle influence dans les débats. En 1905, ils participent activement à la promotion de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. En Allemagne, la situation est différente. Les protestants représentent deux tiers de la population et les Églises sont proches du pouvoir.
En cette période de paix précaire, les différents courants et sensibilités théologiques protestants se font entendre dans le débat public. En juillet 1914, sur les berges du lac de Constance, en Suisse, environ cent quarante responsables d’Eglises venus de toute l’Europe s’apprêtent à voter la naissance de « l‘Alliance Universelle pour l’Amitié internationale par les Eglises ». Mais début août, la guerre éclate.
Les événements obligent chacun à prendre position. De part et d’autre du Rhin, personne ne semble vouloir s’opposer à la montée des thèses belliqueuses. Les protestants français se montrent patriotiques et les protestants allemands soutiennent sans réserve la politique de Guillaume II.
En août 1914, le pasteur Draussin écrit : « Pour Guillaume II, la force supprime le droit. Les traités internationaux […] sont brutalement déchirés par ce forban couronné. Jamais crime fut-il commis avec une hypocrisie et une lâcheté pareille à l’invasion de la Belgique. »
Dimanche 3 août – 10h00
DIEU VEUT-IL LA GUERRE ?
2e volet : LA GUERRE
C O N T E X T E
La guerre commence alors que la majorité des Français ont le sentiment d’avoir été agressés par les Allemands : c’est l’Allemagne qui a déclaré la guerre à la France et, surtout, l’armée allemande a violé la neutralité de la Belgique alors que la Prusse avait signé le traité de Londres de 1831, dont l’article 7 faisait de la Belgique un État « indépendant et perpétuellement neutre ».
Mais très tôt dans le conflit, la guerre montre son vrai visage. Elle a débuté en fanfare dans un élan nationaliste de part et d’autre. Pourtant, le questionnement face à l’hécatombe surgit peu de temps après le début des offensives…
En France, en 1914, le sentiment d’agression est si violent que même les protestants militant dans des organisations pacifistes n’hésitent pas à recommander aux mobilisés de rejoindre l’armée et de défendre la France, tandis que les déclarations patriotiques des instances dirigeantes des Églises se multiplient.
En Allemagne, les protestants sont réunis derrière Guillaume II. Un théologien protestant lui envoie un courrier pour demander de détruire entièrement la France ! Dans chaque camp les arguments en faveur de la guerre sont bien rodés.
Le bilan de cette Guerre Mondiale, où les soldats français devaient tuer le plus grand nombre de « boches », sera terriblement lourd. Pourtant, elle est née au sein de sociétés chrétiennes qui se targuaient d’être les plus évoluées. Comment les protestants ont-ils vécu cela ?
Pour Saint Augustin, il pouvait y avoir des « guerres justes ». Pendant la guerre, les pasteurs croyaient-ils qu’elle pouvait être « juste » ? Comment s’adressaient-ils aux paroissiens dans leurs prédications ? Quels furent les sentiments, les positions, les évolutions personnelles des pasteurs et des fidèles, touchés dans leurs familles et leurs communautés, durant ces quatre années de combats et de destruction ?
Quand le conflit s’achève, Wilfred Monod en souligne, dans son sermon du dimanche 6 janvier 1918, le lourd résultat : « un million cinq cent mille Français ont péri dans la tourmente ». Puis il ajoute : « Rangés côte à côte, épaule contre épaule, et en accordant seulement 50 centimètres de largeur à chaque mort, les cadavres allongeraient leur file macabre sur 750 kilomètres. »
Dimanche 10 août – 10h00
DIEU VEUT-IL LA GUERRE ?
3e volet : LES CHEMINS DE LA PAIX
C O N T E X T E
La Première Guerre mondiale a dévasté les pays impliqués, tant sur le plan des pertes humaines et matérielles que sur le plan moral. Ce massacre d’êtres humains a eu une ampleur exceptionnelle « grâce à » l’utilisation de technologies nouvelles. On comptera 9 millions de morts et 21 millions de blessés militaires.
Après ce désastre se pose la question de la paix, à installer et à cultiver. Sur le terrain, dès 1919, des pasteurs organisent des camps où jeunes Allemands et Français se retrouvent pour la reconstruction de villages en France. Des mouvements de rapprochement entre les chrétiens voient le jour.
Des perspectives nouvelles germent dans les consciences. La paix ne doit pas être pensée seulement comme l’absence de guerre mais comme l’état normal des sociétés. Karl Barth, considéré comme un des plus grands théologiens protestants du XXe siècle, fonde une partie de sa théologie sur ce qu’il considère être la bonne ligne de conduite dans les relations entre Eglise, situant ainsi le rôle des protestants dans la société.
Après la Grande Guerre, les protestants participent activement aux gouvernements ou à la création d’instances comme la Société Des Nations (SDN). Certains s’engagent à titre personnel dans des actions cherchant à garantir une paix durable. En Allemagne, tandis que la jeune République de Weimar est accusée des pires maux, les protestants allemands se divisent sur la position de leurs Eglises, souvent complices de l’Etat.
Durant tout le XXe siècle, les courants pacifistes créent des structures et des réseaux… même si rien ne réussira à freiner la montée du nazisme et empêcher le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Si la guerre semble s’éloigner de l’Europe depuis plusieurs décennies et si la France ou l’Allemagne ne s’engagent plus dans des guerres « classiques », ces États n’en participent pas moins aux politiques d’intervention des Occidentaux dans le reste du monde. Le passé peut-il nous aider à (re)penser ces guerres modernes ?
Dimanche 17 août – 10h00
FPF Présence Protestante France 2