L'Evêque Henri Bolleter de même que ses collaborateurs au Secrétariat de l'Evêque, Urs Schweitzer et Dorothée Keller, signent un 'appel à la prière': ils y remercient tous les donateurs qui soutiennent le travail accompli en faveur des victimes de la guerre quelles qu'elles soient et invitent à la prière continue en faveur de la paix. Les cosignataires s'alignent sur la position prise par l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en Yougoslavie dans un mémorandum, qui a trouvé jusqu'ici un petit écho dans les médias chrétiens: dans ce mémorandum, la responsabilité des expulsions est attribuée à l'intervention de l'Otan. Dans cet appel à la paix lancé par le Secrétariat de l'Evêque, on y lit littéralement: «Le Comité Directeur de l'Eglise Evangélique Méthodiste en Yougoslavie nous a priés de diffuser largement un mémorandum. Nous le faisons, bien que nous n'approuvions pas tous les termes de ce mémorandum. Bien que nous ayons constaté qu'une désinformation ciblée ait aussi atteint nos membres d'Eglise en Serbie, rien ne nous empêche d'entendre le cri angoissé de nos frères et soeurs dans la foi et de prendre à coeur leur détresse.»
Dans les lignes suivantes, vous trouverez l'intégralité de cet «appel à la paix».
«Appel à la paix»
De toutes parts nous proviennent des prises de position et des appels. Des communautés, des Conférences Annuelles et des autorités ecclésialesse sont exprimées à propos de la situation aux Balkans.
Dans ces prises de position, la politique serbe visant à opprimer et à déplacer la population du Kosovo a été sévèrement condamnée. Mais la plupart réclament aussi au plus vite la fin des raids de l'Otan contre la République Fédérale de la Yougoslavie. Ils soutiennent tous les efforts pour mettre immédiatement un terme à la guerre et pour réduire rapidement la misère des expulsés et de tous les malheureux. L'aide pratique, les collectes de fonds, les intercessions et les prières pour la paix montrent que ce souci habite ardemment les coeurs. Assumer l'aide humanitaire localement, c'est important. Grâce à de nombreux dons, nous pouvons prendre une part active à cette aide. Pourtant la Macédoine, l'Albanie et la Bosnie sont à la limite de l'asphyxie. Leurs capacités logistiques, physiques et psychiques sont insuffisantes: impossible de venir à bout des détresses quotidiennes de centaines de milliers de réfugiés. Il serait urgent de les libérer rapidement de ce poids: d'autres pays d'Europe devraient prendre en charge ces réfugiés. Les premières décisions allant dans ce sens ont été prises, mais de loin, elles ne sont guère suffisantes pour soulager les territoires voisins affectés par la guerre des Balkans. Nous prions tous les destinataires de cette lettre d'intervenir auprès de leur gouvernement pour que les réfugiés continuent d'être accueillis dans leurs pays. Nous sommes reconnaissants d'être à nouveau en contact avec Mehmet Sopaj, le responsable de nos communautés au Kosovo. Il a fui en Albanie avec une partie de sa famille et beaucoup d'habitants de son village. Le Secrétaire, Urs Schweitzer, le visitera à la mi-mai. Nous pensons aussi à la population dans la République Fédérale de la Yougoslavie opprimée par les raids de l'Otan. le Patriarche de l'Eglise Orthodoxe Serbe est intervenu publiquement avec les représentants des communautés catholiques, musumanes et juives à Belgrad. Ce fut un appel pour mettre fin à la guerre et pour trouver une solution négociée du conflit.
Le Comité Directeur de l'Eglise Evangélique Méthodiste nous a priés de diffuser largement un mémorandum sur sa situation. Nous le faisons, bien que nous ne soyons pas d'accord avec l'intégralité du mémorandum. Nous constatons qu'une désinformation ciblée en Serbie a aussi atteint nos membres d'Eglise; cela ne nous empêche pas d'entendre le cri angoissé de nos frères et soeurs dans la foi et de prendre à coeur leur détresse. Le mémorandum a été rédigé à Novi Sad, deux jours après la déclaration du Patriarche. La guerre a fait basculer les pays de la région, et parmi eux figure aussi la Bulgarie, dans une crise économique très profonde. Le chômage et la pauvreté s'étendent, ce dont le monde a encore peu pris conscience. Nous plaidons pour un 'plan Marshall' en faveur des Balkans. - Seule une aide globale et massive peut aider à créer la justice et la paix dans cette région. Nous nous permettons de conclure ces pensées par une citation biblique. Le prêtre serbe-orthodoxe à Zurich nous a renvoyés à ce texte. Il se place lui-même sous l'autorité de cette parole biblique. Il rejette la pensée de 'la juste guerre' et invite à la repentance, à une démarche de vérité et à la prière en vue de la paix: «D'où viennent les guerres chez vous, d'où proviennent les disputes? Uniquement du combat des passions qui font rage en votre fors intérieur. Vous désirez et vous n'obtenez néanmoins rien. Vous haissez à mort, vous consumez en jalousie, et vous ne pouvez rien obtenir. Vous bataillez et vous disputez. Vous n'avez pas ce que vous désirez parce que vous ne demandez pas à Dieu. Ou bien, quand vous demandez, vous ne recevez pas, parce que vous demandez avec de mauvauvais motifs. .... Prenez conscience de votre misère et soyez dans le deuil: pleurez! Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous relèvera.» (tiré de Jacques 4).
Nous vous remercions de soutenir toutes les victimes de la guerre. Nous sommes reconnaissants de la force de l'intercession, qui porte aussi nos frères et soeurs méthodistes dans cette région en crise. Et nous invitons à une prière inlassable pour la paix.
>Source: Secrétariat de l'Evêque
