Nigeria: le sort des 150 lycéennes kidnappées - Pakistan: chrétiens en fuite devant l'avancée des Talibans

Alors que les lycéennes de Chibok (Nigeria) vivent aujourd'hui, le 11 septembre, leur 150ème journée de détention aux mains des islamistes de Boko Haram, Portes Ouvertes s’inquiète pour l’avenir de l’Eglise au Nigeria. L'ONG chrétienne impliquée dans la défense des chrétiens persécutés à travers le monde s'inquiètent aussi des chrétiens pakistanais qui sont à leur tour chassés de chez eux. Au Nord-Ouest du pays, ils prennent la fuite devant l’avancée des talibans qui viennent de proclamer un califat. 

150 jours de détention pour 
les lycéennes kidnappées de Chibok

Les jeunes filles kidnappées, en majorité chrétiennes : La plupart des jeunes filles kidnappées fréquentaient les églises de l’Union des églises des frères au Nigeria, aussi connue sous le nom deEkklesiyar yan’uwa a Nigeria ou EYN. Le Président de cette union, Samuel DALI, a déclaré dans une interview accordée à Portes Ouvertes : « Le risque de voir totalement disparaître les églises du nord-est du Nigeria est réel. »

Les familles des jeunes filles sont épuisées : Les familles des lycéennes que Portes Ouvertes a rencontrées sont totalement épuisées. La plupart connaissent un très fort sentiment d’abandon. Certaines sont confrontées à la faim et à des maladies liées à l’angoisse. Une mère de famille témoigne :« Chaque jour qui passe, j’éprouve une telle souffrance dans mon cœur ! Chaque jour, nous sommes poursuivis par ces djihadistes. » Chibok est aujourd’hui une ville pratiquement déserte. La plupart des gens ont fui. Il n’y a plus aucune école, ni aucun hôpital qui fonctionne. Beaucoup d’églises ont été brûlées et le nombre de leurs membres a diminué.

CHIBOK, UN CAS PARMI TANT D’AUTRES

Plus de 178 églises détruites à Gwoza : Les actes perpétrés par la secte islamiste Boko Haram gangrènent tout le Nigeria du Nord. Rien que dans les environs de Gwoza, une autre enclave chrétienne à environ 40 km de Chibok, dans l’Etat de Borno, Boko Haram a détruit plus de 178 églises. De plus, le 30 août dernier, Boko Haram a pris le contrôle de Madagali, une enclave chrétienne dans l’Etat d’Adamawa, à la frontière camerounaise.

Chrétiens piégés à Madagali : Gideon Obasogie, directeur de la communication du département social du diocèse catholique de Maiduguri (qui couvre aussi les Etats de Borno, Yobe et Adamawa) affirme que les chrétiens de la ville ont été violemment persécutés. D’après ses propos : « Les hommes sont capturés et décapités, les femmes sont converties de force à l’islam et sont données aux islamistes. Les maisons des chrétiens qui se sont enfuis sont maintenant occupées par les membres de Boko Haram. Leurs voitures ont été réquisitionnées. »


Index et charia : Rappelons que le Nigeria est en 14e position de l’Index Mondial de Persécution. La charia est appliquée dans 12 Etats du Nord, dans lesquels les autorités régionales et la société n’accordent pour ainsi dire aucune place aux chrétiens.

Familles chrétiennes réfugiées à Bannu
Credit Photo : Kamran Chaudhry

Pakistan : les chrétiens fuient les combats au Nord-Ouest

1200 chrétiens déplacés

"Nous avons marché sans nous arrêter pendant plus de 24 heures car le couvre-feu n’a été levé que pour une journée" raconte l’un des 1200 chrétiens réfugiés à Bannu après avoir fui les combats au nord du Waziristan au Nord-Ouest du Pakistan.

Installés dans des écoles dans un premier temps, ils sont aujourd’hui tous regroupés dans l’enceinte de l’église catholique du Saint Nom.

"Nous n’avons pas encore reçu l’aide que le gouvernement devrait nous octroyer. Heureusement, l’Eglise du Pakistan nous a procuré un hébergement et de la nourriture" continue-t-il.

Peters S. Humphrey, du diocèse de Peshawar témoigne à son tour :

"Nous ne pouvions laisser nos frères sans assistance, nous leur avons donc ouvert nos portes ainsi qu’aux autres minorités. Outre les chrétiens, l’église abrite aussi 12 familles hindous et 4 familles chiites."

Violents combats

Ces chrétiens fuient les combats qui opposent les talibans aux forces gouvernementales dans le nord du Waziristan.

Alors que l’Etat Islamique distribue des tracts dans le nord-ouest du Pakistanpour étendre son influence, des talibans ont proclamé à leur tour un califat (territoire sous l'autorité d'un calife, successeur du prophète de l'islam) dans le nord du Waziristan.

En conséquence, l’armée pakistanaise a lancé une offensive mi-juin visant à libérer la région, offensive qui continue encore aujourd’hui, forçant les habitants, et notamment les chrétiens, à fuir leurs villages.

Portes Ouvertes