À son tour, le Conseil de la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence) se prononce sur la décision de l’EPUdF.
Quand la bénédiction vacille...
La Faculté Jean Calvin regrette vivement les décisions prises par le synode national de I'EPUdF du 17 mai 2015, ouvrant l'accès à la bénédiction nuptiale aux couples de même sexe mariés civilement. Elle ne comprend pas comment une Église qui veut mettre la Bible au cœur de son enseignement et « être fidèle à l'Évangile de Jésus-Christ et à son exigence ›› (Déclaration de l'EPUdF 1.4) pourrait cautionner des pratiques que ces mêmes Écritures désapprouvent de manières aussi franches et convergentes.
La déclaration synodale « la bénédiction témoigne du 'oui' de Dieu à l'amour entre deux personnes qui devient alliance et projet, chemin et promesse » (4.2.1) ne saurait s'appliquer sans discernement à toutes les formes possibles de vie à deux.
Si les « gestes de bénédiction que l’Église peut offrir de la part de Dieu » (1.2) sont «des appels à vivre en relation avec lui ›› (1.2), ils sont aussi des actes symboliques de reconnaissance et de caution. Par sa bénédiction, l’Église ne reste pas en position de neutralité : elle reconnaît la conformité de l'union qui se contracte à ce qu'elle croit être le projet de Dieu pour le couple. À la suite de Jésus, elle peut dire de cette union : « que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mc 10,8-9).
Dans le cas présent, la bénédiction ecclésiale donnerait la caution de l'Évangile à l'idée selon laquelle l'altérité des sexes (qui est davantage que celle des personnes) ne serait pas une donnée constitutive du mariage, et/ou qu'homo- et hétérosexualité seraient deux manières possibles d'honorer la vocation que revêt la sexualité aux yeux du Créateur.
Dans la société française qui, depuis 2013, a effacé du droit matrimonial l'obligation de la différence des sexes, la question semble entendue. Mais l’Église est-elle obligée d'aligner sa pensée sur celle de la société civile ?
Libérée de tout conformisme (Rm 12,2), la vocation de l’Église est aussi d'oser un discours différent, dût-il passer pour « politiquement incorrect » ou « rétrograde ».
Dans cette optique, s'ouvre une manière différente de concevoir l'amour, l'accueil et « l’accompagnement de nos contemporains dans leurs alliances et séparations » (0.1) susceptible d'apporter à tous (homo- ou hétérosexuels), par l'Évangile de la grâce, ainsi qu'un accompagnement approprié, un éclairage nouveau et Iibérateur.
Vis-à-vis des jeunes en recherche de repères qu'elle enseigne et accompagne, l'Église a aussi vocation, par sa discipline et ses pratiques liturgiques, de valoriser les distinctions qu'elle croit nécessaires à la construction des personnes, des relations familiales et de la parentalité. Or, en théologie biblique, parmi ces distinctions, celle du masculin et du féminin (comme deux manières d'être humain irréductiblement différentes et interdépendantes) n'est-elle pas, après celle qui distingue les humains de Dieu lui-même, la plus fondamentale ? (Gn 1,27 1 Mt 19,4-5, Mc 10,6-9).
La Faculté Jean Calvin s'associe aux nombreuses réactions exprimées dans le protestantisme ou lendemain du 17 mai, convaincue que le synode s'est trompé en prenant cette décision. Celle-ci risque, de surcroît, de mettre à mal l'unité des différentes Églises protestantes de France, ainsi que les relations œcuméniques.
La Faculté tient à exprimer son soutien à tous les protestants que cette décision synodale a plongé dons le désarroi. Avec eux, elle porte la situation dans ses prières.
Aix-en-Provence, le 20 juin 2015
Conseil de la Faculté Jean Calvin
Institut de théologie protestante et évangélique, Aix-en-Provence