Les protestants suisses ont déploré samedi les obstacles mis par le Vatican aux relations entre les deux Eglises, à quelques heures de l'arrivée du pape Jean Paul II pour une visite d'un jour et demi à Berne.
"Je regrette de constater que l'unité entre nos deux Eglises n'est pas achevée", écrit dans le quotidien suisse Le Temps le porte-parole de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), Simon Weber. "Et je souhaiterais, au nom de la FEPS, que le pape contribue à supprimer les obstacles entre nos deux confessions".
Les protestants, qui représentent environ 40% de la population helvétique contre 46% pour les catholiques, ont refusé de s'associer à la messe en plein air que Jean Paul II doit célébrer dimanche matin, expliquant que les protestants ne sont pas autorisés par le Vatican à recevoir la communion catholique.
"De notre point de vue, c'est le Christ q[ui invite hommes et femmes à sa table et, dès lors, chacun doit se sentir convié, sans aucune forme de discrimination", déplore M. Weber.
"La hiérarchie catholique se refuse toujours à considérer que les pasteurs bénéficient d'un statut égal à celui des prêtres", ajoute le porte-parole. "Et, là aussi, un changement serait souhaitable".
M. Weber souligne qu'à Berne, en terre très largement protestante, le pape va se retrouver dans une partie de la Suisse "où catholiques et protestants se sont beaucoup rapprochés à la base".
Hansjörg Leutwyler, secrétaire central de l'Alliance évangélique suisse, dans la "NZZ am Sonntag", qui, depuis deux semaines, avait émis de nombreuses critiques sur le pontificat actuel ne nie pas le succès remporté par le pape à son passage en Suisse. "Il a dit plusieurs bonnes choses, notamment que le christianisme n'est pas une idéologie ni une culture, mais une personne, à savoir Jésus-Christ", reconnaît-il.
Mais il regrette que ce message passe au second plan derrière le "culte de la personnalité" entourant le pontife. Cette critique est fréquente. En 1997, aux JMJ de Paris, un participant non catholique qui se trouvait sur le podium du pape, en entendant "Vive le Pape" scandé par la foule des jeunes, n'hésita pas à dire: "Mais qu'attend-il pour montrer la croix qui domine le podium, et leur dire: "A lui seul est la gloire!"
La Croix/AFP/Le Jour du Seigneur