Linda Beher*
Les Évangéliques Méthodistes en RDC (République Démocratique du Congo) croient que la sécurité alimentaire est déterminante pour assurer la paix.
Depuis que l’Évêque Nkulu Ntanda Ntambo a négocié en septembre un accord de paix au Nord Katanga, il insiste sur les initiatives prises en matière agricole dans la partie du sud-est de leur nation, qu’il mène de main de maître.
Lors de sa visite fin novembre à New York, Ntambo a eu l’occasion de rapporter aux membres du Conseil Mondial de la Mission (GBGM) comme aux représentants de l’Oeuvre d’entraide et de secours de l’EEM (UMCOR) ce que font les Evangéliques Méthodistes liés à la Conférence du Katanga. Il y a un million de membres d’Évangéliques Méthodistes en RDC, et quelque quatre millions en tout de personnes participantes au culte.
Ntambo, dès son accès à la tête de la Conférence Evangélique Méthodiste, alors la plus récente Conférence de l’Afrique, a dû faire face à une guerre civile brutale dès 1996. Au cours de la même période, le choléra a tué des milliers d’autres personnes. Au milieu des horreurs de la guerre et de la maladie, l’évêque a apporté de l’espoir à la région du Nord Katanga.
En partenariat avec l’UMCOR, il a apporté de nouveaux productions agricoles dans le secteur. En septembre dernier, après presque huit ans de guerre, il a aidé à la négociation d’un règlement de paix pour le Nord Katanga lors d’une conférence suivie par quelque 250 combattants qui se sont engagés à ne plus se battre de nouveau.
"L’Eglise a investi dans la paix," a dit Ntambo, qui a modéré la conférence de paix financée grâce à des donations évangéliques méthodistes, dont une subvention de l’UMCOR.
L’évêque envisage maintenant un avenir où l’église est en mesure d’aider la population avec de l’eau propre, des logements, de l’alimentation nutritive, une éducation solide et des moyens d’existence décents de manière à renforcer le Nord Katanga et la communauté de son quartier général à Kamina, au sud du Congo.
Quand la guerre y a éclaté, le conflit a fait rage dans 30 districts sur 32 qui relèvent de l’évêque. Avec la destruction massive de maisons et d’hôpitaux, la guerre a laissé des enfants sans parents et des personnes amputées de leurs membres. Les groupes armés ont détruit les récoltes et brûlé totalement des villages entiers. Le manque d’eau propre et de nourriture a permis aux bactéries du choléra de proliférer, provoquant la mort de milliers de personnes par déshydratation et sous un un effet de choc.
Les reportages des années de guerre mettent en évidence la gravité de la violence qui y a eu cours. Les massacres, les viols et les exécutions étaient devenus choses banales. Le conflit de la RDC a été en particulier marqué par le recours systématique au viol comme à une arme de guerre.
L’évêque engagé en première ligne dans le processus de paix a affirmé la confiance placée dans l’église par les anciens combattants. Pendant les années de guerre, Ntambo a gardé toujours l’espoir grâce à son partenariat avec l’UMCOR.
Un programme de développement durable de type agricole a comporté la culture de chou chinoise. Parce que c’est plus accessible que d’autres produits alimentaires, le chou est à la fois une source de nutrition et de revenus sur les marchés régionaux. "Les Évangéliques Méthodistes sont devenus une source d’espoir pour beaucoup," a dit Ntambo, ajoutant que le nom commun du chou est aujourd’hui "Merci, les Méthodistes."
L’expérience du chou a conduit à d’autres cultures durables. L’arbre moringa sert tout autant à l’alimentation qu’à la médecine. "Pour acheter de l’aspirine, on doit marcher quelque 50 milles," a expliqué l’évêque. Sur un revenu de moins de 100 $ par an, il est très difficile d’obtenir de tels médicaments. Maintenant beaucoup de familles de Kamina — Musulmanes, Catholiques, Pentecôtistes, Évangéliques Méthodistes et d’autres — ont planté des arbres moringa et peuvent faire un analgésique semblable à de l’aspirine à partir de leur feuillage. Par le programme d’agriculture durable de l’UMCOR, de petites aubergines, connues sous le nom d’"oeufs de jardin," des poulets et du bétail fournissent le complément de sécurité alimentaire nécessaire.
Ntambo considère ces activités comme autant de moyens pour l’Eglise d’aider au renforcement de la paix au Nord Katanga. Il croit que le traité de paix a permis aux gens de transformer l’énergie guerrière en énergie de reconstruction du pays. L’évêque prévoit une université pour Kamina et a déjà consacré une chapelle interreligieuse là-bas.
"À Kamina, il y a des tribus différentes, des religions différentes et des cultures différentes," a-t-il dit. "Par les programmes de l’Eglise Evangélique Méthodiste et de l’UMCOR à Kamina, la ville est unie."
*Linda Beher est chargée de communication auprès de l’UMCOR
Le 7 décembre 2004
Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)