En Afghanistan, des évangéliques méthodistes trouvent destruction et espoir

Quand elle s'est rendue en Afghanistan, en juin, la pasteure Myrna Bethke espérait y parvenir à une meilleure compréhension des circonstances ayant conduit aux attaques terroristes du 11 septembre, au cours desquelles son frère cadet avait été tué.


Ce qu'elle y a trouvé est une capitale, Kaboul, "tellement pleine de ruines, de chaos et de gravats" qu'elle semblait appartenir aux temps anciens, et non à l'époque actuelle. Les dégâts causés par 20 ans de guerre et plusieurs années de sécheresse lui ont montré, a-t-elle expliqué, pourquoi un groupe tel que les Talibans ont pu prendre le pouvoir.


Bethke, pasteure de la Première église évangélique méthodiste de Freehold, New Jersey, faisait partie d'une délégation interconfessionnelle qui a visité l'Afghanistan du 16 au 29 juin. Le groupe, dont faisait également partie l'évêque évangélique méthodiste C. Joseph Sprague, de Chicago, voyageait sous les auspices de Global Exchange, une organisation internationale des droits humains.


Pour Sprague, voir la "dévastation absolue" du pays a représenté la partie la plus dure du périple. Selon l'évêque, les luttes entre factions qui ont succédé aux 10 ans de guerre résultant de l'invasion soviétique de 1979 ont "détruit les éléments vitaux de l'art, de la poésie, de la santé, de l'éducation, des transports, de l'agriculture et du commerce de la nation" et ont permis aux Talibans d'émerger du chaos.


Il en est résulté la mort et le déplacement de millions d'Afghans. "Le coût humain engendré par ces années de guerre est incroyablement élevé, presque impossible à concevoir pour un esprit occidental", a rapporté l'évêque après le voyage.


Lors de son entretien avec le Service de presse évangélique méthodiste, l'évêque a par contre évoqué aussi l'aspect "merveilleux" de la visite de la délégation, à savoir les nombreuses rencontres avec des Afghans et la possibilité de voir certains signes d'espoir pour l'avenir du pays, tels que les activités de déminage et la réouverture des écoles pour les garçons aussi bien que pour les filles. 


Le groupe était présent lorsque la millionième mine antipersonnelle a été trouvée et détruite à l'explosif par Halo Trust, une organisation non-gouvernementale britannique. Rien qu'en Afghanistan, HALO a détruit 860'000 mines, a dit Sprague, qui a mentionné "le travail stupéfiant fait dans le terrain par des Afghans ".


De retour à la maison, Bethke a prêché sur la façon dont les organisations de déminage désignent les zones sûres en peignant des rochers moitié en blanc, moitié en rouge. "Tant que vous êtes du côté blanc du rocher, vous êtes dans un endroit sûr", a-t-elle expliqué. Cette image lui a rappelé la ligne souvent ténue entre la vie et la mort. "L'Afghanistan est sur cette ligne et est très fragile".


Bethke comme Sprague estiment qu'une présence internationale durable est cruciale pour la survie du pays. Bethke: "L'une des choses que nous avons entendues constamment, de la part de toutes les personnes avec qui nous avons parlé, est que les forces étrangères doivent être déployées hors de Kaboul et ne doivent pas être retirées prématurément"


Sprague pense qu'afin d'éviter la reprise des luttes entre factions, une force de maintien de la paix sera nécessaire "pour au moins une décennie". Il a rapporté "qu'une personne après l'autre, bien que ne soutenant pas les bombardements US, a applaudi à la disparition des Talibans et a insisté pour que nous poussions notre gouvernement à ne pas quitter l'Afghanistan mais, bien au contraire, à se joindre à d'autres nations de la communauté mondiale pour fournir une force de sécurité qui maintiendrait la paix et garantirait que le nouveau gouvernement aie le temps d'évoluer…", a-t-il déclaré.


La question des victimes innocentes des bombardements US en Afghanistan a aussi été soulevée. Sprague a expliqué que des équipes d'inspection, allant de village en village, ont documenté au moins 2'000 personnes tuées de ce fait, ce qui est une estimation plutôt basse. L'évêque a rencontré un garçon de 10 ans, qui lui a dessiné "un tableau de la mort semblable à Guernica", pour montrer comment lui et une sœur plus jeune ont vu les bombes tomber sur ses parents, ses autres frères et sœurs et les animaux de la ferme.


La plupart des Afghans, a-t-il déclaré, ne pensent pas que ces morts étaient intentionnelles, mais qu'elles résultent d'erreurs humaines ou de la négligence des forces US. Sprague a proposé que le gouvernement des USA constitue un fonds d'indemnisation de 25 millions de dollars pour les victimes afghanes, ce qui permettrait de faire amende honorable et de fournir des capitaux pour la reconstruction du pays. 


Selon Bethke, il a fallu du temps pour prendre la mesure de la souffrance vécue de part et d'autre. Elle n'est pas certaine que les Afghans qu'elle a rencontrés aient perçu l'énormité de l'attaque terroriste qui a détruit le World Trade Center, où Bill Bethke travaillait pour Marsh & McLennan. Ou si les Américains ont réalisé l'impact de bombardements qui tuent 16 à 20 membres d'une grande famille afghane et de plus privent les survivants de leur toit.


Ce n'est que lorsque la délégation a pu vivre une réunion de prière interreligieuse avec des membres d'une famille afghane, réunion au cours de laquelle Bethke a fait part de son histoire, qu'un "vrai contact" a commencé à prendre forme.


Les deux évangéliques méthodistes sont persuadés que les Eglises et les groupes religieux des Etats Unis pourraient et devraient essayer d'établir de tels contacts. A titre d'exemple, le diocèse anglican de New York finance la reconstruction d'une mosquée endommagée par des bombes US. Bethke a remis à une école des environs de Kaboul un don de 1'000 dollars, réunis par sa propre paroisse, une autre paroisse évangélique méthodiste et une section de Eastern Star - un don qui "va sérieusement accroître leur capacité d'action". Elle espère pouvoir rester en contact avec cette école.


Sprague encourage les groupes chrétiens à utiliser les services d'agences telles que Global Exchange pour organiser des visites en Afghanistan. Il est d'avis qu'il existe une "excellente possibilité" de développer des relations à long terme entre des mosquées et des paroisses américaines et, pour les musulmans afghans, "d'apprendre à connaître le véritable amour chrétien, qui ne demande rien".



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9 juillet 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)