Côte d'Ivoire: l'église méthodiste unie fait une rentrée fort remarquée

 L’Eglise méthodiste unie de Côte d’Ivoire a fait, le week-end dernier, sa rentrée ecclésiastique à Adiapoto 2, dans la sous-préfecture de Songon, du 30 janvier au 1er février 2004.Une rentrée dont la clôture s'est faite par un culte au temple Bethel d'Adiapoto 2 devant des centaines de fidèles.


Dans son message à la nation, le président de la conférence, le Pasteur Boni Benjamin a été formel: “Les semaines qui viennent vont être décisives pour le retour à la paix et à l’unité nationale. Cette unité s’impose à chacun de nous et à nous tous ensemble comme un impératif catégorique, et nous avons la responsabilité morale, civique et politique d’y parvenir”, a-t-il dit. Avant de préciser que “l’histoire nous fait obligation de vivre ensemble mais plus que l’histoire, c’est Dieu lui-même qui nous enjoint à nous réconcilier entre nous”.


Au nom de l’Eglise méthodiste unie de Côte d’Ivoire, le Pasteur Boni Benjamin a lancé un appel pressant et solennel au Président de la République, au Premier ministre, aux membres du gouvernement de réconciliation nationale, aux partis politiques, aux communautés religieuses… et aux autorités traditionnelles.


Il s'est prononcé sur l'évolution de la crise ivoirienne et les questions fort actuelles de l'éligibilité à la présidence de la république, le foncier rural et la nationalité.


Sa position se résume en une réalité: le respect de la volonté du peuple. "En ce qui concerne les questions relatives au code de la nationalité, à l'éligibilité et au foncier rural qui défraient aujourd'hui la chronique nationale, questions controversées, nous vous encourageons à aller dans le sens qui rencontre l'adhésion du peuple, car la voix du peuple, c'est la voix de Dieu (vox populi vox Dei)", soutiennent les chrétiens méthodistes en guise d'interpellation du Chef de l'Etat, M. Laurent Gbagbo.


Même son de cloche à l'endroit du Premier Ministre, M.Seydou Elimane Diarra. "(... ) En outre, pour ce qui est des controverses relatives au code de nationalité, à l'éligibilité et au foncier rural qui aujourd'hui risque d'exacerber les tensions, nous vous prions de tenir compte des aspirations profondes du peuple", le révérend Benjamin Boni. Cette déclaration a clairement démontré que pour l'église méthodiste unie Côte d'ivoire, seule le référendum voulu par la large majorité de la population ivoirienne peut véritablement évacuer tous ces problèmes. 


Outre le président de la république et le premier ministre, l'Emu-ci a interpellé les partis politiques, les communautés religieuses, les chefs traditionnels, les FANCI et la rébellion armée, les victimes de guerre, les familles, les communautés étrangères, la presse nationale et inter nationale. Aux uns et aux autres, le révérend Benjamin Boni de poursuivre les efforts dans le sens de la réconciliation nationale. 


Aux partis politiques, il a demandé de faire le sacrifice individuel nécessaire afin que la politique retrouve ses lettres de noblesse. Pour, poursuit-il, le bonheur des hommes et des femmes du pays. Que les hommes politiques optent pour l'accession au pouvoir par les voies démocratiques. 


Aux garants et dépositaires des valeurs culturelles du terroir, il rappelle que leur devoir a toujours consisté à établir et maintenir la paix dans leurs divers milieux de vie. Aussi, les exhorte-t-il à “quitter les voies de la politique politicienne, les encourage-t-il à utiliser les alliances qui sont d’inspiration divine, pour apaiser leurs populations respectives et créer ainsi les conditions d’une réconciliation vraie”


Le serviteur de Dieu invite les victimes de guerre à aimer leurs ennemis et à pardonner. Que les victimes de guerre pardonnent à leurs bourreaux même s'il est difficile d'oublier. Car, indique-t-il, “la loi de la vengeance ne résout aucun problème social”


"La Côte d'ivoire à l'instar de tous les pays du monde constitue une entité réelle avec son identité propre et ses particularités, une Nation libre et indépendante non assimilable à un no man's land",soutient l'Emu-ci dans sa déclaration à l'endroit de la communauté internationale et des communautés étrangères.


Le culte a été marqué par des louanges et des prières dans un climat de piété et d'enthousiasme. Les chorales d'Adiapoto1 et d'Adiapoto 2 ont assuré l'animation musicale avec des cantiques à la gloire de Dieu. 


Déclaration de l'EMU-CI à l'adresse de la nation ivoirienne


Grâce et Paix soient rendues à Dieu, auteur de toute destinée par Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur. Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire, notre chère patrie, vit la plus grave crise de son histoire. 


Après dix sept mois de tension socio-politique aiguë, notre pays a été divisé en deux.


Dans ce climat délétère, les voix des Autorités politiques solidairement avec la Société civile, les autorités traditionnelles et religieuses se sont faites entendre afin que la paix se reconstruise.


Les accords de Lomé au Togo, de Linas-Marcoussis et de Kléber en France, les aménagements d’Accra au Ghana ont permis aux armes de se taire quoique quelques velléités demeurent.


Les semaines qui viennent vont être décisives pour le retour à la Paix et à l’Unité nationale.


Cette Unité s’impose à chacun de nous et nous avons la responsabilité morale, civique et politique d’y parvenir.


L’histoire nous fait obligation de vivre ensemble mais plus que l’histoire, c’est Dieu lui-même qui nous enjoint à nous réconcilier entre nous.


La bible, en effet, déclare: “S’il est possible autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes” (Romains 12 :18).


C’est pourquoi, il est important que chacun, à quelque niveau qu’il se situe, prenne l’engagement pour être en phase avec la profonde aspiration des ivoiriens qui est le retour à la paix.


Dans ce sens, l’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire lance un pressant et solennel appel:

- A son Excellence, monsieur le président de la République de Côte d’Ivoire,

- A son Excellence, monsieur le Premier ministre et aux membres du gouvernement de réconciliation nationale,

- Aux partis politiques,

- Aux communautés religieuses

- Aux autorités traditionnelles,

- Aux Forces armées ivoiriennes,

- Aux victimes de guerre,

- Aux familles,

- Aux communautés étrangères,

- A la Presse nationale et internationale


1) A son Excellence, monsieur le président de la République de Côte d’Ivoire L’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire,


vous exprime ses vifs et sincères remerciements pour avoir accepté d’œuvrer à l’Unité nationale. 


Le vrai mérite d’un chef d’Etat se mesure à sa capacité de s’élever au-dessus de ses intérêts personnels pour ne privilégier que l’intérêt général, surtout lorsque celui-ci est en péril. 


Il n’est pas superflu de vous rappeler que la politique est la saine gestion de la Cité. 


Et vous avez été investi de l’Autorité de Dieu pour l’exercer selon Romains 13 :1 qui dit: “Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures, car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu”.


De ce fait, la politique ne peut se faire sans recours à Dieu.


En tant que délégataire de cette Autorité, vous devez sans cesse vous efforcer de traduire le plus fidèlement possible, la vérité de Dieu dans les actes que vous posez, en vue du bien-être des populations ivoiriennes.


En ce qui concerne les questions relatives au Code de nationalité, à l’éligibilité et au foncier rural, qui défraient aujourd’hui la chronique nationale, questions controversées, nous vous encourageons à aller dans le sens qui rencontre l’adhésion du peuple, car la voix du peuple, c’est la voix de Dieu (Vox populi Vox Dei). 


L’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous encourage à persévérer inlassablement à l’édification d’une Nation Unie et indivisible. 


Elle vous confie aux bons soins du Dieu Tout-Puissant afin qu’il vous inspire sagesse dans l’exercice des très hautes et lourdes responsabilités qui s’attachent au pouvoir d’Etat.


2) A son Excellence, monsieur le Premier ministre et aux membres du gouvernement de réconciliation nationale L’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire


reconnaît les efforts que vous avez accomplis en vue de ramener la paix dans notre pays.


Aujourd’hui, les Ivoiriens applaudissent les signes annonciateurs de la réunification.


En effet, après quatre mois de suspension des activités dans le gouvernement de réconciliation nationale, les ministres issus des Forces nouvelles sont de retour.


Le redéploiement de l’administration publique se fait lentement mais sûrement.


Bientôt, l’école reprendra sur toute l’étendue du territoire.


Et le peuple ivoirien s’impatiente.


Mais, le plus attendu de tous les programmes est sans nulle doute la réunification du territoire national qui passe nécessairement par le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) d’ailleurs déjà entamé.


Nous nous en réjouissons.


En outre, pour ce qui est des controverses relatives au Code de nationalité, à l’éligibilité et au foncier rural, qui, aujourd’hui, risquent d’exacerber les tensions, nous vous prions de tenir compte des aspirations profondes du peuple.


Excellence, monsieur le Premier ministre, nous vous savons un homme de foi, un fervent croyant au Dieu Miséricordieux.


C’est pourquoi nous vous invitons à vous associer tous les hommes de bonne volonté, à créer un climat d’entente, de cohésion et de solidarité au sein du gouvernement que vous dirigez pour que les antagonismes d’hier soient le levain qui fera éclore la Nouvelle société ivoirienne.


Quant à la question concernant la sécurité, il convient de noter qu’elle est le gage d’un développement économique harmonieux.


Au moment où nous travaillons à la recherche de la paix, la sécurité des personnes et des biens à l’intérieur de notre pays est le socle indispensable à un retour rapide des investisseurs et opérateurs économiques.


D’ores et déjà, nous félicitons votre gouvernement pour les efforts consentis qui, manifestement, on fait reculer les frontières de l’insécurité.


Nous vous encourageons à poursuivre dans ce sens pour que, une fois l’Unité retrouvée, les investisseurs reviennent et que les populations puissent, dans la quiétude, vaquer à leurs occupations.


3) Aux Partis politiques


L’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous rappelle que l’accession au pouvoir passe obligatoirement par le jeu démocratique, et l’exercice du pouvoir vise l’amélioration des conditions de vie des hommes.


Au nom même de sa finalité, le pouvoir politique doit rechercher de façon permanente le bien-être de l’homme.


La politique ne doit pas signifier d’emblée tromperie, mensonge, vaines promesses et appâts fallacieux.


L’effort pour conquérir le pouvoir ou pour le garder ne doit donc pas être l’occasion d’hypocrisie, de violence, de haine du prochain, de division, voire de meurtre.


L’église Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous enjoint à faire en sorte que le terme “politique” n’évoque pas quelque chose de malsain, d’immoral et de répugnant.


Vous devez donc faire le sacrifice individuel nécessaire afin que la politique retrouve ses lettres de noblesse pour le bonheur des hommes et des femmes de ce pays.


Aussi, vous invite-t-elle à avancer résolument dans la voie de la réconciliation nationale et à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et le bien-être du peuple.


4) Aux communautés religieuses


Notre mission est de promouvoir la Paix, de réaliser l’homme dans tout ce qu’il porte en lui d’aspirations légitimes, d’espérance profonde.


C’est la raison pour laquelle, les communautés religieuses doivent agir et réagir contre tout ce qui déshumanise l’homme, l’appauvrit, l’aliène et le mutile.


Partout où l’homme souffre, lutte et meurt ; partout où se développent les injustices, la violence, la pauvreté ; partout où l’homme est moins homme et aspire à être plus homme, les communautés religieuses ne doivent pas vivre derrière un rideau de silence.


Elles ont une espérance à proposer et à combler.


La religion a une dimension à la fois spirituelle et temporelle.


De ce point de vue elle a une responsabilité sociale qui exalte la vérité, l’amour et la justice qui sont des valeurs divines.


Les communautés religieuses ne doivent pas s’identifier aux partis politiques encore moins à des hommes politiques au risque de constituer une entrave à la réconciliation et à la paix.


En face des crises, elles doivent intervenir sur la scène politique pour y exercer leur mission de Conseil, de sauvegarde des vagues sociales et religieuses, de valeur du destin de leur nation et de prophète d’espérance.


En Côte d’Ivoire, en tant que communautés religieuses, nous devons sans exception contribuer à l’apaisement de la tension sociale.


Aujourd’hui comme hier, notre rôle est déterminant pour que la société ivoirienne se retrouve et retrouve ce qui faisait sa fierté.


De ce fait, au moment où se joue l’avenir de notre pays, nous devons prier plus intensément encore mais aussi former un bloc monolithique en vue de soutenir l’action des politiques en faveur d’une paix durable.


Alors, enseignons nos compatriotes à vaincre les obstacles qui nous empêchent d’arriver au Pardon et à la Réconciliation.


5) Aux autorités traditionnelles


Le processus de retour à la paix a connu des avancées significatives.


Votre rôle dans cette recherche de la paix a été et demeure déterminant.


De ce fait, l’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous exprime sa gratitude.


Toutefois, elle exhorte à mettre en œuvre tous les mécanismes de gestion et de règlement de conflits en milieu traditionnel.


En tant que garantes et dépositaires des valeurs culturelles de notre terroir, votre devoir a toujours consisté à établir et à maintenir la paix dans vos divers milieux de vie.


C’est pourquoi, l’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous exhorte à quitter les voies de la politique politicienne et vous encourage à utiliser les alliances (les mariages, les parentés à plaisanterie, etc.) qui sont d’inspiration divine, pour apaiser vos populations respectives et créer ainsi les conditions d’une réconciliation totale.


6) Aux Forces armées ivoiriennes (FANCI-FAFN)


L’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire se félicite de ce que, depuis le 04 juillet 2003, vous vous êtes inscrites dans le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).


Cette volonté commune de ranger définitivement les armes est un facteur de réconciliation, de pacification et de stabilité pour le bien-être de tous.


L’histoire retiendra à votre actif, ce prompt engagement à créer les conditions de paix, à déposer les armes, à retourner dans les casernes et à réintégrer la vie militaire normale.


Cependant, toutes vos actions ne pourront véritablement porter des fruits que s’il y a une volonté qui se traduit par des actes qui accompagnent la parole donnée.


Au moment où nous cherchons à sortir du tunnel du conflit, vous devez avoir à l’esprit que le mépris de l’autre, la rancœur, et le désir de vengeance, sont de véritables toxines qui empoisonnent l’âme.


Que chacun de vous travaille honnêtement en affichant sa solidarité vis-à-vis de tous ses frères d’armes.


Loin des sentiers politiques, les militaires que vous êtes devez observer la neutralité afin d’avoir une claire vision de votre mission à savoir, la protection des populations et de la défense territoriale.


7) Aux victimes de guerre


L’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous témoigne sa compassion et son soutien.


Elle vous exhorte, malgré les exactions subies et les préjudices qui vous ont été causées, à aimer vos ennemis et à pardonner selon Mathieu 5: 43-44.


Pardonner, comme, le dit Martin L. King: “ne signifie pas ignorer ce qui a été fait ou coller une étiquette fausse sur un acte mauvais cesse d’être un obstacle aux relations. Le pardon est un catalyseur qui crée l’ambiance nécessaire à un nouveau départ et à un recommencement. C’est l’enlèvement d’un poids ou la remise d’une dette”.


L’acte du pardon ne consiste donc pas à nier purement et simplement les fautes commises et les blessures occasionnées, à faire comme si elles n’existaient pas.


Certes, il est difficile de pardonner.

Mais nous devons reconnaître que la loi du talion ou la loi de la vengeance ne résout aucun problème social.


La haine disloque la personnalité alors que l’amour l’unifie.


C’est la raison pour laquelle, L’Eglise Méthodiste Unie-Côte d’Ivoire vous communique la loi de l’Amour, de la Non-Violence, plus haut que celle de la violence.


Si nous voulons ensemble sauvegardons notre chère Patrie, cultivons la Paix, le Pardon et l’Amour.


Retenons cette autre exhortation de Martin L. King, l’apôtre de la Non-violence: “Rendre haine pour haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde encore à une nuit déjà privée d’étoiles. L’obscurité ne peut chasser l’obscurité. La haine ne peut chasser la haine ; seul le peut l’amour. La haine multiplie la haine, la violence multiplie la violence, la brutalité multiplie la brutalité, en une spirale descendante de destructions”.


Que le pardon soit votre but ultime et que le Dieu de paix vous en communique le souffle par la puissance de son esprit!


8) – Aux familles


La famille est le creuset de la société. 


La stabilité sociale d’un pays dépend en grande partie de la première communauté sociale qu’est la famille. 


C’est pourquoi, il importe que les parents prennent une part active dans l’éducation de leurs enfants, en étant eux-mêmes des modèles d’obéissance et de respect de l’autre. 


La Bible nous invite à instruire l’enfant selon la voie à suivre, de sorte que lorsqu’il grandira, il ne s’en détourne pas (Proverbe 22 : 6). 


Cette éducation doit bannir la liberté qui entraîne le libertinage. 


Les tensions entre enfants, parents et enfants, et entre parents eux-mêmes, qui sont de nature à altérer l’unité familiale, sont des défis majeurs que chacune de nos familles est appelée à relever au moment où ce pays pense à sa restauration. 


9) – Aux communautés étrangères


Les notions d’intégration, de globalisation et de mondialisation ne peuvent être une réalité que lorsque les pays seront solidaires les uns des autres.


C’est lorsque les uns aideront les autres à apaiser les tensions, à refermer les fissures et les fractures de toutes sortes que l’on créera les conditions d’un monde meilleur où la promotion de l’homme et le droit à la vie seront au centre de toutes les préoccupations.


Les peuples et les Nations sont si directement ou indirectement imbriqués que le déséquilibre de l’un ne va pas sans causer celui de l’autre.


Nous sommes donc une communauté de destin et cette communauté ne peut se réaliser et subsister sans que la Côte d’Ivoire, à l’instar de tous les pays du monde, ne constitue une entité réelle avec son identité propre et ses particularités, une Nation libre et indépendante non assimilable à un “non man’s land”.


Si tel n’est pas le cas, les notions de communauté et de Nation sont en péril. 

L’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire félicite la communauté internationale qui a si bien saisi ces réalités face à la crise ivoirienne et qui, depuis le début des hostilités, ne s’est pas désolidarisée de notre pays.


Elle l’encourage à continuer ses efforts.


Dans cette perspective, elle est attendue dans le programme de restauration sociale, économique et politique.


Au niveau politique surtout, qui a été diagnostiqué comme étant le nœud de la crise, son effort doit être sans relâche, sans parti pris et sans heurts à l’effet de créer les conditions d’élections libres et transparentes dans les années à venir.


10) – A la presse nationale et internationale


L’information et la communication sont indispensables à la vie de toute société. 


Elles existent, depuis l’aube de l’histoire des hommes et contribuent, soit à son édification, soit à sa destruction. 


Dans toutes les Nations avancées, cette double fonction est clairement perçue et sagement utilisée dans l’intérêt supérieur de celles-ci. 


C’est pourquoi, il plaît à l’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire d’encourager le ton désormais apaisant et réaliste de la presse nationale qui a compris l’enjeu que représentent l’unité nationale, la paix, et qui a opté de ne relater que les faits dans le strict respect de sa déontologie. 


Dans le même sens, elle demande à la presse internationale d’œuvrer pour la restauration de la paix. 


Elle engage toutes les presses (radio, télévision, presse écrite) à quitter les sentiers battus des gains sordides et à ne s’atteler qu’à relater les faits et à les commenter s’il y a lieu dans la stricte objectivité pour former l’opinion publique dans tous les domaines de leurs compétences. 


Chers compatriotes, au terme de cette intervention, l’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire voudrait vous rappeler que la situation récurrente de troubles en Côte d’Ivoire nous interpelle tous. 


Son vœu le plus ardent pour l’année 2004 qui commence est que chaque Ivoirien s’efforce de réaliser la réconciliation des fils et des filles de ce pays avec eux-mêmes, entre eux et avec les non-nationaux. 


L’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire traduit sa compassion à tous ceux qui souffrent des maladies endémiques telles que le paludisme, la fièvre, l’ulcère de Burili, la lèpre, et particulièrement à tous ceux qui sont infectés par le VIH/Sida qui est une pandémie sans précédent dans l’histoire de l’humanité. 


Au cours de l’année 2000, plus de deux tiers (2/3) des personnes infectées se retrouvaient en Afrique. 


En Côte d’Ivoire, en 2003, le taux de prévalence chez l’adulte a atteint la barre de 12%. 


Le Sida est, à ce titre, la plus sérieuse menace pour le développement de notre pays. 

C’est pourquoi, chaque Ivoirien doit, par tous les moyens, chercher à freiner l’évolution de cette pandémie. 


Et au moment où les recherches se poursuivent, l’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire:


- encourage toutes les campagnes tendant à fournir des informations précises et à éduquer les populations sur le Sida;


- condamne la diffusion, à travers les médias, les films et de documents pornographiques;


- exhorte les uns et les autres à éviter de marginaliser les personnes infectées par le VIH/Sida;


- invite la communauté nationale et internationale à entourer d’affection et à accorder l’appui nécessaire à ceux qui sont infectés et aux familles affectées. 


Notre devoir, en tant qu’Eglise, nous fait obligation de condamner quelques maux dont souffre notre pays, à savoir:

- le mensonge sous toutes ses formes;

- la corruption;

- l’injustice;

- le laxisme;

- la recherche excessive du confort;

- la course effrénée à l’argent;

- la soif excessive du pouvoir. 


C’est là que se trouve la source de nos divisions. 


Il nous faut donc cultiver des valeurs que nous avons bafouées : vérité, amour, justice, honnêteté. 


Pour sa part, l’Eglise Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire se réengage à promouvoir tous les modes de pensées et d’actions capables de s’attaquer publiquement à toute logique de destruction de la vie humaine. 


Elle exhorte tous les habitants de ce pays à vivre et à agir ensemble pour la restauration et la reconstruction de la Côte d’Ivoire. 


Ainsi, les jeunes si attachés à la Nation et les autres catégories sociales désabusées et découragées retrouveront l’espoir. 


Que la paix, la grâce et la joie de notre Dieu soient votre partage tout au long de l’année 2004. 


Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. 


2/3/2004


Source: EEMNI/Abidjan.net/24 Heures/Notre Voie (Abidjan)/Fraternité Matin