Nous diffusons ci dessous un texte du pasteur Bruce Robbins, Secrétaire Général de l'"United Methodist Commission on Christian Unity and Interreligious Concerns", qui rapporte admirablement la manière dont l'Eglise Evangélique Méthodiste est présente partout au Kosovo.
Le pasteur Bruce Robbins écrit ceci: «Que faisons-nous, quand le comportement et la foi d'autres frères dans l'Eglise s'opposent totalement aux nôtres? Nous essayons alors de ne pas déserter la place, nous souvenant qu'un Seigneur nous a mis à cette place. Il y a quelques semaines, je me suis rendu à une rencontre prévue à Budapest en Hongrie où les représentants d'Eglises issus des pays en guerre dans ce conflit du Kosovo s'étaient donné rendez-vous. Les représentants d'Eglises membres de pays de l'Otan ont rencontré des membres d'Eglises issus de la Yougoslavie et d'autres pays qui lui étaient apparentés. Je ne fus pas le seul représentant de l'EEM. Martin Hovan, surintendant en Yougoslavie était aussi de la rencontre. L'EEM était la seule Eglise à avoir présents à cette rencontre des représentants des deux parties en conflit. Quand je me joignis au Surtintendant Hovan, une poésie m'est revenue en mémoire de Mark Twain à propos de la prière de l'Eglise pendant la guerre. 'Fais attention à ce que tu demandes dans la prière', voilà le conseil que me lança Martin Hovan. 'Ta victoire est la défaite de l'autre.' Comme Eglise Evangélique Méthodiste, nous avons bien souvent prié ces derniers mois contre nous-mêmes. Parler avec les «ennemis» - oui même les aimer, tous étaient favorables à cette idée. Mais en quoi une telle rencontre pouvait-elle provoquer de concret? Dans une telle situation, que signifie le succès, est-ce sensé de penser que les investissements en temps et en argent qui ont été faits ont fini par payer? Beaucoup de gens m'ont demandé: «Quel objectif pouvais-tu atteindre?» Ma réponse sur ce point: comment les choses pouvaient-elles être autrement, ce n'était pas facile. J'ai appris à quel point c'était humiliant d'avoir des amis parmi les 'ennemis'. J'ai entendu parler de beaucoup de traumatismes: des gens souffraient d'emphysème suite aux fumées et aux produits chimiques dégagés par la destruction de raffineries et d'usines chimiques, des gens ont été habités par la peur que l'Otan n'utilise des armes paralysantes; il y eut aussi des écoles fermées, vu que l'armée avait déménagé des casernes dans les salles de classes; des mères ont été retenues prisonnières dans les grands immeubles avec leurs petits enfants. La population s'était sentie agressée par un ennemi invisible et sans visage. Si je n'avais pas été tout autant bouleversé par le danger que couraient les réfugiés albanais, ma réponse aurait été beaucoup plus facile. J'ai appris des leçons, qui sont valables également dans d'autres situations - y compris dans les conflits dans l'Eglise. J'aimerais vous en partager trois pour que vous y réfléchissiez:
1. Prends en ligne de compte que la vérité peut prendre un autre visage! L'autre est souvent un disciple du même Seigneur, comme toi. La CNN ne nous montre qu'une partie de l'histoire. Aussi ne renonce pas à ta conviction, mais réfléchis aussi à celle des autres!
2. Crois que ceux qui sont assis de l'autre côté de la table sont dignes de confiance et sont tenus à la vérité. Les Serbes que j'ai rencontrés étaient bouleversés par les purifications ethniques et par les bombardements. Eux aussi ressentaient leur impuissance. J'ai entendu un Serbe dire: «Chaque bombe lancée contre Milosevic et n'atteint pas sa tête, est un crime.'
3. Pense avec courage que Dieu réalise son oeuvre par des instruments humains, fragiles. Les Occidentaux et les Américains peuvent apprendre quelque chose du courage dont l'Eglise Orthodoxe-Serbe a fait preuve, quand elle a sommé le président Slobodan Milosevic de se retirer. Je crois aussi qu'aucune autre institution en Yougoslavie n'aurait pu le faire avec une telle intégrité et une telle efficacité sinon elle. Nous tous, nous pouvons soutenir une telle action, quand nous nous poserons la question suivante: quels seront les prochains pas que nous ferons vis-à-vis de nos propres gouvernements? Enfin me revient encore en mémoire le verset d'Ephésiens 3,20: «Dieu peut faire bien au-delà de tout ce que nous pouvons lui demander et même imaginer.» Quand on connaît l'histoire des personnes concernées, on a l'impression que ce n'est pas demain la veille que la réconciliation se fera, même maintenant que les bombes ont cessé de tomber. Mais le désespoir et le renoncement ne sont pas de mise pour quelqu'un qui est animé par la foi. L'Eglise et la société peuvent encore connaître des divisions sans issue. Mais malgré tout, c'est là la seule perspective humaine.»
>Source: United Methodist News Service