Sous le cri de "Deus vult" ("Dieu le veut"), une congrégation profondément émue pendant un sermon du Pape Urban II lancera la première croisade (1096) mille ans en arrière. Il s'en est suivi un millénaire de guerres, de souffrances et de barbarie jusqu'en cette fin de 20e siècle.
Une telle barbarie a récemment atteint des Ecoles et des campus américains de façon répétée, -événements tragiques-, fait basculer dans la violence l'Afrique du Sud en pleine transition démocratique et fait plonger maintes parties du monde dans une vague de conflits et de guerres. Dans cette tragédie, l'Eglise Chrétienne n'est pas sans reproches.
L'Eglise peut-elle à l'entrée d'un nouveau millénaire donner un meilleur exemple que celui qu'elle a donné lors de la première croisade au commencement du précédent?
L'Evêque évangélique méthodiste Janice Huie de la Conférence de l'Arkansas, qui a à son actif l'expérience d'une tuerie semblable dans son propre diocèse, -disait en réponse à la tuerie de l'Ecole du Colorado- qu'il était temps de «s'attaquer aux aux causes et non aux symptômes». Il était urgent d'apprendre du passé pour qu'il ne se répète pas.
De nos jours, il est communément admis que la violence est rédemptrice comme elle le serait durant le millénaire passé. Il nous suffit de regarder la télévision pour comprendre à quel point cette idée est dominante. Confrontés au mal, nos héros, de Batman à Popeye, entrent dans l'arène avec une puissance de feu supérieure pour sauver leur vie. Dans la mesure où les enfants passent toujours plus de temps à regarder la télévision et à jouer à des jeux vidéos, ce message gagne en force. Est-il si étonnant qu'ils aient si bien appris cette leçon qu'ils la jouent maintenant à mort dans leurs propres vies?
En contrepoint à cette sagesse du monde se présente le symbole puissant de la croix. Pris en compte correctement, il nous enseigne que la non-violence et l'amour prêt à souffrir, est rédempteur.
Historiquement, nous célébrons le triomphe de cette vérité comme nous aimons à rappeler que la stratégie de la non-violence et de l'amour prêt à pâtir et à compâtir a mis fin au colonialisme en Inde, au racisme en Amérique du Nord, à la dictature aux Philippines et à l'apartheid en Afrique du Sud durant le dernier siècle du dernier millénaire.
Au sein des familles, nous notons combien souvent l'amour inconditionnel d'une mère ou d'une grand-mère sauve un fils prodigue et tirons la conclusion qu'ici joue en quelque sort la puissance de la croix, l'amour prêt à souffrir et la non-violence!
L'appel à la violence a tendance à éclipser l'appel à la non-violence. Peut-être parce qu'on a simplement tendance à ne pas insister sur «la meilleure voie», alors qu'on ne cesse de clamer partout que seule la violence paie?!
Dans nos Eglises, on ne prêche qu'occasionnellement sur le thème de la puissance de la non-violence capable à l'image du Christ de sauver les coeurs, on ne s'attaque que rarement aux instincts violents de l'homme et on ne nous prépare pas nécessairement à témoigner de l'amour rédempteur de Dieu dans la vie courante.
Aussi n'est-ce pas étonnant que Ghandi ait pu dire jadis: «Les seules personnes sur terre à ne pas considérer pour non-violents le Christ et ses enseignements, ce sont les chrétiens!»
Peut-être que Ghandi a bel et bien mis le doigt sur le fond du problème auquel les chrétiens sont confrontés, à un moment où nous nous interrogeons sur notre propre contribution à un nouveau millénaire de paix. Les chrétiens que nous sommes ont eu tort de ne pas prendre en compte la non-violence de Jésus.
Suite à ce grave défaut, nous avons manqué de vivre en disciples intègres du Christ et refusé au monde la puissance rédemptrice de la croix.
N'appartient-il pas à l'Eglise du prochain millénaire d'explorer ces voies? Aider nos enfants, la première génération du prochain siècle du nouveau millénaire à régler la violence qui la mine et d'avoir recours pour cela à des méthodes non-violentes.
Sinon, l'histoire risque de se répéter: nous notons que la première croisade du dernier millénaire a mené à la croisade des enfants en 1212, qui a réduit en esclavage en Egypte la majorité de ces enfants.
Aucun de nous ne souhaite pour nos enfants une forme d'esclavage en ce troisième millénaire. Pourtant, étant donné notre propension à la violence, c'est une réelle possibilité. Aussi pourrions-nous dire: «Puisse-t-il y avoir une croisade des enfants en ce 21e siècle!» Mais qu'elle soit une croisade qui aide nos enfants à dire «non par l'épée, oui pour le Seigneur.»
Dans cette croisade, que l'Eglise, soit inventive à l'échelle de ses paroisses locales pour célébrer toujours à nouveau une spiritualité basée sur la non-violence de Jésus, de sorte que notre témoignage témoigne de la puissance de la croix à nous sauver et à sauver le monde de de la folie de la barbarie et pour un millénaire de paix.
Deus vult. Dieu le veut!
Propos du pasteur EEM Hudson (Afrique du Sud). Il est membre de la Conférence Annuelle du Texas du Nord
>Source: UMNS