Au milieu des éclaboussures d'un interminable jour de pluie, 90 personnes venues de tout le pays ont repris contact avec 200 ans d'histoire de leur Eglise. Le 25 septembre, voyageant en autocar, elles ont refait les 300 miles à travers le Maryland et la Pennsylvanie, qu'avaient parcouru à l'époque, à cheval, un pasteur réformé allemand et un prédicateur de la Société des Mennonites.
C'est en effet le 25 septembre 1800, que 13 prédicateurs, répondant à l'appel de Philip William Otterbein et Martin Boehm, s'étaient rassemblés dans une ferme située dans ce qui est aujourd'hui un faubourg de Frederick. Messieurs Otterbein et Boehm furent élus surintendants et l'on procéda à la constitution de ce qu'on appela par la suite la première Eglise véritablement américaine. Les autres groupes religieux avaient jusqu'alors conservé leurs attaches européennes.
Par coïncidence, la même année vit la première réunion de classe de ce qui allait devenir l'Association Evangélique (Evangelical Association). Les deux associations fusionnèrent finalement en 1946 pour constituer l'Eglise Evangélique Unie des Frères (Evangelical United Brethren Church). En 1968, cette dénomination et l'Eglise Méthodiste s'unirent pour former l'actuelle Eglise Evangélique Méthodiste (EEM = United Methodist Church / UMC).
La célébration du bicentenaire des United Brethren (Frères unis) fut au cur de la réunion annuelle de la Société Historique de l'Eglise Evangélique Méthodiste (UMC). Le programme, s'étendant sur une fin de semaine, comprenait des visites allant d'une grange près de Lancaster, Pennsylvanie à une église âgée de 215 ans au cur de Baltimore, ainsi que des conférences, une représentation théâtrale et la plantation d'un arbre commémoratif à côté de la Vieille église d'Otterbein (Old Otterbein Church) qui se dresse au centre d'une zone regroupant aujourd'hui le palais des congrès de Baltimore et les sièges de ses équipes professionnelles de baseball et de football américain.
Otterbein, né en Allemagne et Boehm se rencontrèrent pour la première fois dans la grange de ce qui était à l'époque la ferme d'Isaac Long. Otterbein était venu à une "grande réunion" de plus de 1'000 croyants, probablement en 1767, pour entendre prêcher Boehm. C'est lors de cette réunion et alors qu'il donnait l'accolade à Boehm, qu'Otterbein prononça la phrase célèbre: "Wir sind Brüder !" (Nous sommes frères!)
Dans son discours prononcé à la fin de la commémoration, le pasteur K. James Stein, professeur retraité du Séminaire théologique Garrett, à Evanston, Illinois, a estimé que «l'expression clé" d'Otterbein avait "au plan évangélique, réaffirmé la Bonne nouvelle; au plan cuménique, elle a ouvert la voie à la réconciliation par delà les barrières dénominationnelles. On comprend qu'à l'époque, plusieurs membres de cette assemblée aient loué Dieu à haute voix et que le plus grand nombre ait été 'baigné de larmes'».
L'épisode, "qui finalement réunit en une seule famille spirituelle Otterbein, le brillant intellectuel et Boehm, l'autodidacte humble, issu d'un milieu très simple, est révélateur de l'essence même de la dénomination", a ajouté Stein.
La grange, qui reste utilisée pour les besoins de la ferme, elle aussi toujours en activité, est régulièrement visitée par les Méthodistes de l'EEM d'aujourd'hui.
Il avait été prévu de commencer la journée par un arrêt à la ferme Kemp, près de Frederick, pour y actualiser une plaque placée là en 1900 pour marquer le centenaire de la fondation de l'Eglise. Mais il pleuvait si fort qu'on ne pouvait se tenir dehors et que le culte de dédicace dut être transféré dans l'Eglise Méthodiste de la Trinité, toute proche.
Lors des arrêts pour les repas, des saynètes, souvent jouées en costumes d'époque, démontrèrent la continuité de l'engagement des Frères Unis (United Brethren) dans les questions cuméniques, la mission, et les scissions dans l'Eglise. Le dernier arrêt de la journée eut lieu à la Chapelle de Boehm, près de Lancaster, construite en 1791. Boehm est enterré à côté de la chapelle.
Dans un exposé majeur prononcé au cours de cette fin de semaine, le pasteur J. Steven O'Malley, un spécialiste de l'histoire des Frères Unis qui enseigne au Séminaire théologique Asbury, à Wilmore, Kentucky, a fait l'historique des principaux engagements missionnaires de l'Eglise, particulièrement au Sierra Leone, au Japon et aux Philippines, aussi bien qu'au Nouveau-Mexique et en Floride pour ce qui est des Etats-Unis.
"Notre champ de travail était le monde, et nous avons pris ce champ au sérieux", a dit O'Malley. La majeure partie de nos efforts ont été entrepris dans un cadre cuménique; les loyautés dénominationnelles restaient une affaire interne à notre pays."
"Les historiens de l'Eglise s'intéressent au passé parce qu'ils s'intéressent au futur", a déclaré l'évêque James K. Mathews lors du service religieux de clôture. "Si nous ne nous souvenons pas de notre héritage, nous n'en sommes pas dignes."
>Source : United Methodist News Service