La christianisation de la société, un objectif pour les chrétiens?
La présidente de la communauté des Eglises de Leuenberg (CEL), Elisabeth Parmentier, s'est exprimée contre la vision d'un Occident chrétien. Parce que la puissance de l'Eglise n'est pas en jeu, mais seulement l'Evangile, le seul but à viser pour les chrétiens sera non pas de christianiser la société, mais seulement d'exercer un engagement significatif dans la société, ainsi s'exprimait Elisabeth Parmentier dans la dernière édition de l'hebdomadaire «Rheinischen Merkur» du 22 février.
L'enseignante de Strasbourg précise ensuite que les Eglises protestantes en Europe encouragent plutôt par conviction "une position de marginalité consciente" pour mieux témoigner de leur solidarité avec les faibles. La majorité des Eglises issues de la Réforme existent, d'après la théologienne, "sur une conception laïque de la société et sur l'engagement discret, mais actif de l'Eglise en solidarité critique avec leur entourage".
Sous la forme de sa communion, la CEL apporte une contribution à la nouvelle Europe. Dans la Concorde de Leuenberg, dès 1973, elle pose le fondement de la communauté des Eglises de Leuenberg, Mme Parmentier y voit un "modèle pour résoudre les conflits", où "la différence et la pluralité sont acceptées et fortement prisées".
La communauté des Eglises de Leuenberg pourrait être selon elle en Europe "un signe et un témoignage que l'on peut vivre la réconciliation avec succès, et que cette réconciliation peut aller au-delà d'une coexistence paisible ou d'une simple solidarité formelle".
L'engagement contre un pluralisme triomphant
La présidente en titre de la communauté des Eglises de Leuenberg (CEL), Elisabeth Parmentier (Strasbourg), a appelé les Eglises protestantes d'Europe à remplacer "leur pluralisme triomphant" par un engagement commun plus marqué. Dans une interview accordée au service d'informations de l'Eglise Luthérienne d'Allemagne (VELKD), Parmentier déclarait que la coexistence pacifique entre les Eglises membres de la CEL n'était pas encore une communauté d'Eglises.
Parler d'une seule voix, signifie pour elle, "que les Eglises ne se voient plus en compétition les unes par rapport auxautres, mais se fassent confiance mutuellement et apprennent mutuellement les unes des autres". D'une part, on ressent une demande à vivre plus à fond la communauté des Eglises de Leuenberg, d'autre part, d'après l'observation du professeur de théologie pratique, la peur domine que la CEL devienne tôt ou tard une "super-Eglise" qui prendrait des décisions contraignantes pour les Eglises signataires.
La "Concorde de Leuenberg", réunit dès 1973 les Eglises luthérienne, réformée, unie et méthodiste autour d'un accord théologique, lequel comprend la reconnaissance mutuelle des ministères et l'hospitalité eucharistique. Elisabeth Parmentier y voit "un prototype réussi" qui ne représente pas seulement un modèle de réforme, mais aussi un modèle d'oecuménisme. Au cours de l'interview, la théologienne se félicitait "des immenses progrès oecuméniques accomplis depuis trente ans.
Le climat oecuménique n'est pas néanmoins au beau fixe. D'une part, certains ont le désir de vivre plus à fond l'unité. "D'un autre côté, on en a d'autres qui évitent soigneusement de s'engager sur le terrain oecuménique tout en se comportant avec beaucoup de diplomatie et d'aimabilité."
L'oecuménisme devient une affaire de politique extérieure, de rencontre amicale, estime Parmentier, et apparaît comme une affaire secondaire en théologie. "Nous ne devrions pas oublier que le travail oecuménique n'est pas une affaire secondaire ni une matière à option, car la réconciliation est le message chrétien", rappelle la présidente de la CEL-.
Le 20 février 2002
Source: RNA