Réuni jusqu’à lundi 24 juillet à Séoul (Corée du Sud), le Conseil méthodiste mondial a décidé de signer l’accord luthéro-catholique sur la doctrine de la justification. Par cette déclaration, signée en 1999 à Augsbourg (Allemagne), l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale (FLM) affirmaient leur foi commune dans la « justification par la foi ». Un point discuté depuis le XVIe siècle et qui avait précipité la rupture entre Rome et Luther !
Dans cet accord – auquel le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait personnellement travaillé –, catholiques et luthériens reconnaissaient que les condamnations prononcées à l’époque de la Réforme n’avaient plus lieu d’être.
« Les méthodistes sont indubitablement en accord avec l’idée de justification par la foi, et nous nous devons d’ajouter nos noms à cette Déclaration », expliquait, la semaine dernière, le pasteur George Freeman, secrétaire général du Conseil méthodiste mondial, au service de presse de l’Eglise Evangélique Méthodiste (UMNS). Et de souligner que « les méthodistes dialoguent avec l’Église catholique depuis le concile Vatican II ». Pour célébrer cet accord, un service spécial a été célébré dimanche à Séoul.
Vers une pleine communion de foi et de vie sacramentelle
« Ce jour est l’un des plus importants dans l’histoire de nos Églises », s’est réjoui le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui y assistait, ainsi que le pasteur Ishmael Noko, président de la FLM, et le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, lui-même méthodiste.
Mouvement de réveil protestant apparu au XVIIIe siècle, le méthodisme a été fondé par John Wesley (1703-1791), un pasteur anglican converti par la lecture d’un commentaire de Luther sur l’Épître aux Romains. L’« esprit de méthode » dont ses premiers disciples faisaient preuve dans leur pratique religieuse leur valut vite le surnom de méthodistes, dans lequel se retrouvent aujourd’hui 76 millions de fidèles dans 130 pays, dont plusieurs célèbres responsables politiques comme Margaret Thatcher, Hillary Clinton ou l’actuel président américain George W. Bush.
L’accord signé solennellement dimanche 23 juillet ne devrait pas avoir d’effets pratiques immédiats, mais il souligne un net réchauffement des relations œcuméniques et devrait ouvrir de nouvelles coopérations entre les Églises signataires. La semaine dernière, le CMM a d’ailleurs largement approuvé un approfondissement du dialogue œcuménique, notamment avec l’Église catholique, avec qui il espère établir « une pleine communion de foi, de mission et de vie sacramentelle ».
Plusieurs de ses Églises membres demeurent néanmoins réticentes. Début juillet, l’Église méthodiste du Brésil a ainsi voté, contre l’avis de ses responsables, son retrait de toute organisation dont ferait également partie l’Église catholique.
Nicolas SENÈZE
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«C’est seulement par la grâce que nous sommes acceptés par Dieu»
« Notre foi commune proclame que la justification est l’œuvre du Dieu trinitaire. Le Père a envoyé son Fils dans le monde en vue du salut du pécheur. L’incarnation, la mort et la résurrection de Christ sont le fondement et le préalable de la justification. De ce fait, la justification signifie que le Christ lui-même est notre justice, car nous participons à cette justice par l’Esprit Saint et selon la volonté du Père.
Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes. » (Déclaration conjointe luthéro-catholique sur la doctrine de la justification, 1999, § 15.)
24-07-2006
Source: La Croix