09.10.98 Qu'est-ce qui se passe dans les têtes? - Le pasteur Markus Lindenmann réfléchit sur l'affaire Clinton-Lewinsky 

Commentaire: «Bill Clinton est devenu insupportable. Il a failli moralement. C'est décevant. C'est un aspect de l'affaire. L'autre aspect me préoccupe davantage, la manière dont il est jugé, la façon dont son manquement humain est traîné sur la place publique et comment son mensonge est qualifié de crime mettant en danger l'Etat. Il me semble très grave qu'un homme soit à présent sacrifié en bonne et due forme via Internet, livré à l'insulte du monde entier et désigné à la vindicte publique. Au Moyen-Age, les voleurs ont été ainsi mis au pilori sur la place du village, de façon à ce que le village tout entier puisse leur lancer des cris et des crachats, mais uniquement le village, pas le monde entier. Déjà à l'époque, ces hommes-là avaient été affectés pour le restant de leurs jours. C'est à se demander si le Congrès, qui doit à présent se prononcer, est encore capable de trancher, dès lors que l'enquête est menée avec un tel acharnement, -que celui qui n'a jamais péché, jette la première pierre! Cette mentalité de propre juste, qui s'en prend à mort à celui que l'on n'aime pas risque de prendre le dessus dans ce pays qui se dit le gendarme de la planète: j'en ai très peur! J'ai aussi pris conscience que le même danger peut se présenter chez nous. Il est des hommes, qui ont leurs faiblesses et font des fautes. Il est des hommes, dont le style de vie ou dont le style de piété ne conviennent pas à tel ou tel. Il est aussi des hommes, que Jésus nous recommande d'accueillir avec amour et qu'il nous invite à placer -et nous avec eux- sous le signe de la miséricorde insondable de Dieu. Combien souvent avons- nous empêché de tels hommes par notre propre justice impitoyable d'emprunter le chemin du Christ? Combien souvent manquons-nous personnellement de miséricorde, pour ne pas reconnaître nos propres faiblesses? Combien souvent jetons-nous la pierre, alors que nous devrions être les premiers à ne pas le faire, parce que nous ne sommes nous-même pas sans faute?» 

Markus Lindenmann est pasteur de l'Eglise Evangélique Méthodiste et à la retraite de puis cet été. Depuis longtemps, il écrit pour le journal "Kirche+Welt", dont ce commentaire est extrait (dernier numéro). 

Source: Kirche und Welt