Les Églises d’Europe ont un rôle essentiel à jouer face à l’arrivée de réfugiés en Europe, a déclaré à Genève le ministre allemand de l’Intérieur à l’occasion d’une conférence de deux jours réunissant des représentants de gouvernements, d’agences des Nations Unies, d’organismes ecclésiaux et religieux et d’organisations de la société civile.
«Gérer la crise mondiale des réfugiés est une tâche qui n’incombe pas uniquement aux responsables gouvernementaux», a déclaré Thomas de Maizière, ministre allemand de l’Intérieur, dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture de cette conférence de haut niveau consacrée à la crise des réfugiés.
L’an dernier, plus d’un million de personnes ont pris la mer à leurs risques et périls pour parvenir en Europe, sans compter celles qui sont arrivées par voie terrestre. La majorité de ces personnes fuient le conflit, la violence et la persécution, en particulier en Syrie, en Afghanistan et en Irak. Quelque 3 700 d’entre elles, au moins, seraient mortes en franchissant la mer.
Par ailleurs, les réfugiés syriens qui se sont enfuis vers des pays voisins tels que la Turquie, le Liban et la Jordanie sont en bien plus grand nombre que ceux qui ont tenté d’atteindre l’Europe.
«Les problèmes politiques, sociaux et humanitaires extraordinaires engendrés par la crise des réfugiés montrent que la responsabilité de les résoudre est partagée entre les États, la société civile, le monde des affaires et les Églises», a déclaré M. de Maizière, protestant pratiquant, dans le discours qu’il a adressé à cette réunion.
«Ce sont souvent les paroisses, colonne vertébrale de la société civile, qui leur fournissent une assistance, a-t-il ajouté. Et pourtant, il faut faire encore plus.»
Cette conférence, qui se tient au Centre œcuménique de Genève, a été organisée par le Conseil œcuménique des Églises (COE) en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La conférence se donne pour objectif de formuler des engagements pour mieux répondre à cette crise et de façon coordonnée, notamment par la mise en œuvre de politiques de migration et d’intégration ainsi que par la création de mécanismes appropriés pour assurer l’ordre et la sécurité lors des déplacements des réfugiés entre les différents pays d’Europe.
Dans un discours de grande envergure, M. de Maizière a déclaré qu’il était urgent de trouver des solutions communes, à l’échelle de l’Union européenne, à la question des réfugiés et de réviser les procédures d’asile «dysfonctionnelles» de l’Union européenne. Un petit nombre d’États membres seulement, et au premier chef l’Allemagne, absorbent la grande majorité des réfugiés qui arrivent en Europe, a-t-il déclaré, «alors que d’autres États membres se contentent de regarder en spectateurs».
Cependant, M. de Maizière a bien souligné que les pays européens ne disposent pas de ressources illimitées pour absorber des réfugiés et migrants venus d’autres parties du monde, et il a appelé instamment à l’adoption de mesures coordonnées pour renforcer les frontières extérieures de l’Union européenne.
En réponse au discours du ministre allemand de l’Intérieur, l’archevêque Antje Jackelén, de l’Église de Suède, a mis en garde contre le message principal qui en ressortait, à savoir qu’il serait nécessaire de maîtriser le flux de réfugiés, affirmant que cela pourrait avoir des effets contre-productifs sur l’opinion publique.
Elle a pointé du doigt la menace que constitue la progression de la xénophobie et de l’islamophobie, précisant que les Églises devaient combattre «l’instrumentalisation de la foi chrétienne pour légitimer la haine de l’islam».
Cette réunion de haut niveau s’intéresse aux problèmes auxquels sont confrontés les pays d’origine et de transit ainsi que les pays où les gens sont venus chercher accueil et refuge.
Souhaitant la bienvenue à M. de Maizière au Centre œcuménique, le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a souligné la nécessité d’un processus de paix politique pour la Syrie et d’autres pays, «faute de quoi, nous ne pourrons jamais régler les situations auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui».
Pour le pasteur Tveit, cette situation n’est pas seulement une crise pour les réfugiés qui sont arrivés en Europe mais une crise de la manière dont l’Europe gère cette situation. «Nous pouvons également dire, a-t-il ajouté, que c’est un défi lancé à l’âme de l’Europe».
Vidéo du discours de M. de Maizière
18 janvier 2016
COE