CA 2005: fondation d’église - l’expérience de l’EEM en Allemagne

Le pasteur Eberhard Schilling de Linzbourg rapporte aux délégués de la CA 2005 ses expériences en matière de création d’église.


La personne dirigeante est importante. Dans le cas de son église, tout part d’un appel personnel. Le couple alors à la croisée des chemins a nettement entendu l’appel du Seigneur à faire oeuvre pionnière. Longtemps directeur de l’Ecole Biblique, ce pasteur ressentait tout à nouveau l’envie de reprendre le travail paroissial sur le terrain à un moment où l’Ecole était sur le point de fermer. Avec son épouse, il a pris le temps de réfléchir à ses dons et ses attentes. Très rapidement, ils ont pensé à l’idée d’implantation d’église et en ont référé alors à divers spécialistes comme au surintendant avant de réunir une équipe de 12 personnes, des étudiants et personnes motivées alors sans attaches ecclésiales.


Dans la phase initiale d’un projet il trouve important que se forme une telle équipe de gens motivés et prêts à s’engager dans un travail pionnier, à prendre des risques dans cette aventure missionnaire.


Parachuter des pionniers tout seul, c’est les exposer à une plus longue traversée du désert, puisqu’ils doivent créer une équipe-noyau.

Mieux vaut aussi éviter de mettre des bâtiments à la disposition des pionniers estime le pasteur Eberhard Schilling. Cette intervention de l’Eglise restreindrait en effet la souplesse indispensable à toute nouvelle fondation et comporte en outre de grands risques financiers en cas d’échec.


A ce jour, l’Eglise de Linzbourg compte plus de 100 adultes et 40 enfants et 11 cercles de maison, pas moins de 100 collaborateurs et une centaine d’amis.


Cette croissance n’est pas étrangère à la mise en oeuvre des dons et talents de chacun. A cet effet, le pasteur a organisé un séminaire pour réfléchir aux talents de chacun et d’assigner les rôles qui conviennent à chacun. A ce stade, il accorde une grande importance aux entretiens personnels. Il ne se décrit pas comme un charismatique, mais a le souci d’une culture d’église basée sur la découverte et la valorisation des dons personnels. Il s’agit d’encourager chacun à définir ses dons et lui permettre de les exprimer publiquement.


Willow Creek / Schwarz ont été à cet égard ses références constantes.


Son défi permanent consiste à ce que les gens gagnés à la foi grandissent en maturité. Autre défi, faire en sorte que le tout dans l’église soit attractif (musique et prédication) tant pour les adultes que pour les enfants. Sans se définir charismatique, l’église accepte de bon gré l’expression des sentiments au cours du culte, dans le chant tout particulièrement.


La réussite du pasteur Eberhard Schilling tient au fait qu’il a toujours refusé de jouer solo; il a toujours tout organisé en équipe, jamais seul. Il a constitué une dizaine de commissions: évangélisation, organistes, média, conseil, valorisation talents, enfants, jeunes, cercles de maison, théâtre... Il tient les relations entre les uns et les autres comme chose capitale, c’est l’étoffe dont l’église est faite, déclare-t-il avec conviction. Une prédication toujours axée sur la vie quotidienne et à visée d’évangélisation. est aussi à ses yeux d’une importance capitale. Pour le pasteur Ebelling, il s’agit de reprendre le style de communication contemporain sans jamais adultérer le message: Jésus sera au centre et pour l’église la priorité sera toujours de vivre ensemble l’évangile de façon créative. L’église sera présente à la cité, en phase sur la culture dominante en fonction des populations ciblées, d’où la nécessité pour ses membres d’apprendre à parler leur langage et d’adopter telle ou telle forme qui leur sied. 


Le pasteur gardera toujours le souci du développement harmonieux de sa communauté. Il se donne pour objectif de doubler ses effectifs en l’espace dse 40 mois. Objectif ambitieux. Il pense qu’une telle entreprise pionnière est jouable partout ailleurs.


Aux débuts d’un tel projet entre en jeu aussi l’activité diaconale. Les œuvres diaconales se sont avérés être un bon point de départ. Le fait qu’elles soient connues et dotées d’une certaine crédibilité auprès du public a contribué à la fondation de nouvelles paroisses, initiée notamment par des collaboratrices et collaborateurs des œuvres et des habitants de la région (deux exemples: La maison ‘Höhenblick’, à Braunfels et Martha-Maria, à Nüremberg). Les gens souffrant de problèmes graves (troubles psychiques, pauvreté) sont tellement nombreux que les chrétiens doivent se rendre présents à ces gens au nom du Christ, clame haut et fort le pasteur Eberhard Schilling. Bref, pour ce pionnier, l’évangélisation et la diaconie vont de pair: entre les deux, il n’y a pas d’antagonisme.


L’Eglise pionnière n’échappe pas aux crises de croissance propres à tout oranisme vivant; l’important est dans l’immédiateté de la réponse. La résolution des conflits passe selon le pasteur Eberhard Schilling par le soin mis dans les relations personnelles et la mise à jour périodique des objectifs à atteindre. Le suivi des personnes est aussi capitale. En petits groupes, les nouveaux croyants apprennent comment avancer en tant que disciples de Jésus. Aux responsables de l’église de veiller à ce que la communauté reste unie et de savoir comment piloter l’arrivée de personnes ne répondant pas au profil de l’Eglise.


L’église de Linzbourg n’est pas encore au stade de créer une église fille. Mais qui sait, ça pourrait venir un jour….


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Thèses relatives à la culture, l'évangile et la fondation d'églises


1. Il existe encore un marché pour des cultes traditionnels, mais ceux-ci touchent un segment de population de plus en plus restreint.


2. D'autres formes d'églises et de cultes s'adressent à des publics-cibles que l'on ne peut pas atteindre avec les cultes traditionnels - mais qui ne peuvent nous laisser indifférents, si nous prenons au sérieux le mandat de Jésus.


3. Les cultes de type contemporain permettent déjà d'atteindre bien des objectifs; nous n'avons pas encore vraiment commencé à relever le défi de nous orienter complétement vers les personnes en recherche ou postmodernes.


4. En tant qu'EEM, il existe trois manières de répondre à la nécessité d'apporter l'évangile à nos contemporains, qui sont empreints d'une culture différente.


4.1 Des églises fortes lancent un programme proposant plusieurs orientations (quelles églises seraient en mesure de le faire) 


4.2 Dans des régions à forte densité paroissiale, certaines paroisses se spécialisent dans de nouvelles formes de culture.


4.3 Nous fondons de nouvelles églises destinées à de nouveaux publics-cibles (probablement la manière la plus simple et la plus efficace - mais est-ce vraiment ce que les gens veulent?) 

Eberhard Schilling 

Source: EEMNI