Conférence Annuelle 2005: Séance informelle du district francophone

Conseil et formation à l’adresse des églises


Placée sous la supervision du surintendant Daniel Nussbaumer, cette rencontre permet aux délégués pasteurs et laïques du district francophone présents à la Conférence Annuelle d'échanger expériences et informations.


Dans un premier temps, Madeleine Baehler et Georgette Hunziker, chargées toutes deux de la formation, précisent la nature de leurs services et de leurs interventions auprès des églises locales. Joignant le geste aux paroles, elles offrent d’emblée aux participants une boîte d’allumettes, partant de l’idée lumineuse que la formation apporte sinon de la lumière, du moins des étincelles.


Chacune à sa manière et selon son talent se propose d’accompagner individus et communautés à leur demande. Surtout quand les communautés locales planchent ensemble à la redéfinition d’objectifs communs : une aide extérieure s’avère précieuse quand une église réfléchit à son avenir, cherchant à se réorienter et à redéfinir son engagement, mais aussi quand il s’agit pour elles d’adapter ses structures au service de la mission. La présence de ces conseillères est utile même quand il n’y a pas de conflit, et elle s’impose en cas de conflit, surtout quand le dialogue entre les différentes parties est difficile.


Autant Madeleine Baehler que Georgette Hunziker sont prêtes à travailler à la carte suivant les attentes des communautés locales. Une conviction les anime : : «Vivre les différences comme une richesse. Au secours, nous sommes si différents».


L’EEM en Romandie


Après la pause de midi, les participants francophones se retrouvent pour évoquer dans un premier temps la vie des Eglises Evangéliques Méthodistes en Romandie. Ces églises sont au nombre de cinq, la communauté chrétienne sud-américaine (lusophone et hispanophone), Saint Imier (francophone et germanophone), Genève, Neufchâtel et Lausanne. Jurg Schorro, pasteur à Saint Imier, présente son rapport.


La communauté latino-américaine de Genève est en pleine croissance ; à ce jour, elle compte 150 membres. Les branches hispanophone et lusophone s’unissent étroitement pour développer le témoignage chrétien en Romandie. Une grande partie des membres de cette communauté est en situation irrégulière, espérant échapper à la misère chez eux en rejoignant un pays prospère. Un travail d’accompagnement de ces migrants se fait aujourd’hui par le biais d’animatrices sociales dépendant de l’Eglise Réformée et à l’avenir par le biais de professionnels bénévoles. A la communauté se pose la question de cet accompagnement des sans-papiers : comment les aider et les soutenir d’une manière efficace et durable sans les garder nécessairement en Suisse ?


Devant l’absence de jeunes prêts à s’engager, la communauté francophone de Genève se donne le temps de la réflexion et tâche de mettre à jour son profil et projet d’église ainsi que son engagement dans la vie du Foyer Béthel, home pour personnes âgées attenant à l’église, surtout que cet home est appelé d’ici peu à un réel agrandissement (passage de 24 à 60 lits). Autre préoccupation de l’église locale, la cohabitation avec les communautés étrangères qu’elle accueille dans ses locaux et qui n’est pas toujours facile à gérer.


L’église de Lausanne s’est restructurée en profondeur, se dotant d’un conseil avisé et a adopté un projet de développement précis incluant le démarrage de nouveaux cercles de maison et diverses initiatives en matière d’évangélisation et d’enseignement. 4 nouveaux membres la rejoignent. Une quarantaine de personnes participent au culte. La communauté souhaite garder par la suite son enthousiasme initial.


Neuchâtel est en voie de fermeture, parce que son noyau actuel ne voit pas de perspective de développement dans la cité. La fermeture du poste paraît difficilement évitable à ce jour. Ses membres se répartiront dans d’autres communautés locales de leur choix. La communauté s’y prépare plus ou moins bien ; les plus âgés ont du mal à se faire à l’idée, quant aux plus jeunes, ils le vivent sans trop de peines.


L’église de St Imier a rénové l’intégralité de ses locaux (chapelle et presbytère) grâce à la solidarité de l’EEM et de ses membres (plus de 2000 heures d’engagement bénévole en 6 mois). A ce jour, elle pratique une politique d’ouverture vis-à-vis de la population de la cité par l’organisation de concerts visant un très large public, mais elle veut encore aller plus loin forte de l’engagement accru de ses membres : cet été, elle organise deux camps pour enfants et en avril dernier, une équipe de 9 jeunes et deux adultes très motivés et efficaces s’est déplacée en Serbie pour aider à la rénovation d’une chapelle.


L’intégration de l’EEM en Romandie à l’EEM France


Aux lendemains de la fusion/intégration de l’EMF dans l’EEM se pose aussi la question de la place des églises méthodistes de Romandie dans ce nouvel ensemble français et francophone, EEM en France. Daniel Nussbaumer, surintendant, estime que la Romandie méthodiste pourra s’inscrire pleinement dans le cadre du district francophone et devenir ainsi partie prenante du «synode» (Assemblée Générale en France). Le règlement intérieur établira les modalités de cette intégration des églises suisses dans l’ensemble francophone.


Afrique du Nord

Tunisie


Le pasteur Kayij A. Mutombu présente son ministère. A Tunis, il n’existe pas de communauté spécifiquement méthodiste. L’Eglise locale s’avère d’emblée interdénominationnelle, interculturelle et internationale. Malgré sa diversité, l’église de Tunis est solide et célèbre le culte en toute fraternité.

Depuis un an déjà, la Tunisie accueille provisoirement la banque africaine et ses 1 500 fonctionnaires. Leur arrivée a apporté un nouveau souffle aux Eglises. Deux cultes francophones ont lieu le dimanche. De 400 à 500 membres ont assisté à des baptêmes en bordure de la mer.

Le pasteur continue, en collaboration avec Caritas, à aider les réfugiés en provenance de différents pays (Irak, Liberia, Sierra Leone). Nombreux sont les migrants arrivant en Tunisie avec la ferme intention de rejoindre l’Europe. Sans espoir de réussite. Le pasteur invite à l’intercession pour le maintien de la paix dans ce pays à l’abri de toute infiltration islamiste.


Algérie


Il manque à la paroisse d’Alger un successeur au pasteur Hugh Johnson, pasteur parti à la retraite. Le pasteur à la retraite Hans Hauzenberger est prêt à assurer l’interim, Sœur Vroni, Sœur supérieure de la communauté Bethesda (Bâle), part seconder Sœur Geneviève dans l’accueil l’espace d’une année.

Le pasteur Abdenour Ait Abdemelek chargé de la formation depuis Laarba évoque à son tour le développement de l’église qui se poursuit toujours sous diverses contraintes. Certains articles de presse lui portent préjudice, car ils ont tendance à déformer systématiquement les propos des chrétiens. Et néanmoins, l’église continue de se développe, quant à la formation des cadres, elle est à promouvoir. Bref, l’église est à la fois prospère et fragile.

L’EPA, apprend-on, se donne de nouveaux statuts et même une confession de foi pour faciliter l’adhésion de nouvelles jeunes églises. Elle veille aux intérêts des communautés protestantes sur terre algérienne.


Sur Alger

La communauté d’Alger se développe. Ses membres de toutes les nationalités s’entraident et se serrent les coude par-delà les barrières culturelles et linguistiques (tout est bilingue, français et anglais). Les femmes pasteures y sont très bien perçues. Ses relations avec l’Eglise catholique romaine sont excellentes, surtout avec l’archevêque Tessier. A l’occasion des fêtes, la radio nationale (chaîne 3) donne la parole à l’église pour un culte radiodiffusé. Le dernier en date (à la Pentecôte) fut encadré par trois chrétiens algériens. Les relations avec les autorités sont aussi excellentes. L’entrevue récente avec le ministre des affaires cultuelles s’est déroulée sans incident. Les autorités font à la fois preuve d’ouverture et de méfiance contre toute forme d’extrémisme, d’où qu’il vienne.


Divers :


Le surintendant signale que le règlement intérieur de l’Eglise, version 2005, est en passe d’être traduit. Patience. Daniel Husser évoque la création d’un pôle francophone pour CONNEXIO à la date du 24 juin prochain. Une journée Connexio est d’ores et déjà programmée en automne du côté d’Anduze. Et communication a été faite de divers rendez-vous importants pour nos Eglises.


Discussion sur le futur


La dernière partie de cette rencontre porte sur les relations possibles et nécessaires entre églises méthodistes francophones. Comment développer les liens entre églises francophones au-delà des frontières ? Comment vivre cette dynamique d’union entre églises francophones de pays si différents que l’Algérie et la France ou la Suisse ? Pour quand des réunions qui renforcent le lien fraternel ? Selon le vœu de l’église d’Anduze ?

Les rapprochements entre églises ne feront pas fi de l’éloignement géographique, une réalité qui ne devrait pas pour autant paralyser l’action, si l’on regarde rétrospectivement à la conduite de l’église au cours du siècle passé. L’EEM de Suisse Romande devrait pouvoir être intégrée sous notre toit, propose Pierre Geiser. Les Romands y sont dans l’ensemble favorables, excepté les latinos de Genève en majorité sans-papiers. Les Lausannois, longtemps indifférents à la Romandie, commencent à réaliser leur besoin de contacts suivis avec les autres églises sœurs, de Romandie et de France, signale Martial Delechat.

Si l’on veut que quelque chose se fasse, il faut créer des prétextes à des rencontres et à des jumelages, propose un autre. Entre connaissances, les liens se renforcent toujours.

J Schorro reconnaît que St Imier est sensible à ces rapprochements, mais aussi que toute évolution sera lente. La tendance forte du moment est au rapprochement des francophones. Tout se joue au niveau des contacts personnels, ajoute Annie Husser, faisant référence au Carrefour des Femmes.


Propositions

- Tournée pastorale dans un autre secteur que le sien pour présenter son église.

- Que l’information circule, sur la vie dans l’église locale à travers le journal (naissances, enterrements) pour nouer les liens entre générations comme entre communautés.

- Projet d’église soutenu par les autres églises (comme par exemple la maison pour mères célibataires montée par St Jean de Valériscle qui deviendra peut-être réalité un jour grâce à l’engagement des églises)

- Mutations pastorales d’une région à l’autre

Patience, déclare le surintendant, estimant que pour ce faire il faudra une génération.

- Mise en commun des forces bénévoles pour des chantiers de réfection, bon moyen de tisser des liens entre églises d’une région à l’autre.

- Action parmi la jeunesse, futur de l’église.

- La prière pour tisser des liens entre croyants. Opportunité d’une liste de diffusion spécifique?

Ces propositions et d’autres relèvent de l’initiative personnelle.


Source: EEMNI