Suisse: derniers échos de l'assemblée des délégués d'été de la FEPS à Montmirail

«Objectifs et stratégies» 


Le document de base intitulé «Ojectifs et stratégies» est un texte d'importance pour l'avenir de la FEPS, dans lequel l'exécutif de la FEPS aux délégués l'orientation stratégique de la FEPS pour les années à venir. «C'est la première fois dans l'histoire de la FEPS que les délégués se voient présenter un document de base sur l'orientation stratégique» soulignaient le président du Conseil, Thomas Wipf. 


Quatre domaines d'application 


«Eglises membres», «Autres Eglises protestantes», «Œcuménisme, judaïsme, dialogue interreligieux» et «Société et politique», sont les quatre domaines d'application de la nouvelle orientation stratégique.


«Le Conseil s'informe en permanence des besoins, des préoccupations et des projets des Eglises membres et leur permet d'en prendre connaissance par une information réciproque» peut-on lire dans l'objectif 1, qui définit le mandat envers les Eglises membres. Dans une FEPS organisée de manière fédérale, des activités doivent être menées ensemble et les synergies doivent être mieux exploitées : «le Conseil initie et organise le dialogue sur des thèmes importants pour les Eglises membres», une tendance qui s'est déjà manifestée l'année dernière, avec la motion «Œuvres d'entraide, missions et relations extérieures de la FEPS» et qui trouve ici son ancrage dans les objectifs et stratégies.


Les délégués ont réagi avec intérêt à ce document et ont fait part de leur point de vue dans un débat animé. Ils ont particulièrement approuvé la définition de points forts stratégiques. Ils ont également relevé avec satisfaction le fait que les relations avec le judaïsme étaient l'objet d'une reconnaissance spécifique. Et l'allusion faite à cette occasion à l'assassinat d'un rabbin, il y a quelques semaines, à Zurich, témoignait d'une grande inquiétude. Le président de la Fédération suisse des Communautés israélites, Alfred Donath, qui était présent, a rendu attentif au fait qu'en Suisse aussi, on observait un courant antisémite. Dans ses grandes lignes, le travail du Conseil a été favorablement reçu, mais les délégués ont clairement indiqué qu'ils souhaitaient reprendre la discussion sur les détails des objectifs stratégiques. 


Conséquence pour le secrétariat de la FEPS 


Le Conseil a informé l'AD de son intention d'adapter les structures du secrétarait en fonction de ces objectifs, afin d'optimaliser le travail. Les deux tâches essentielles du secrétariat seront les relations avec «l'intérieur», les Eglises membres, et avec «l'extérieur», les Eglises partenaires à l'étranger. La recherche théologique et celle de l'Institut d'éthique sociale (IES) seront regroupées dans un domaine «recherche», qui aura pour mission de faire un travail de réflexion fondamentale. 


Exposé d'Anja Bremi sur le bénévolat 


Parlant du bénévolat, Anja Bremi-Forrer a fondé ses arguments sur des statistiques et notamment sur la pyramide des âges de la population suisse. Enseignante de formation, Anja Bremi est actuellement, entre autres, membre du Conseil de la Croix-Rouge suisse. 

Le cliché présentant les personnes âgées comme des malades ne tient plus. L'espérance de vie et la qualité de vie des personnes âgées est en amélioration constante. Il en résulte un potentiel de bénévolat prometteur. 

Mais il faut aussi rappeler aux jeunes leur responsabilité sociale. Pour cela, il faut que le bénévolat soit mieux reconnu socialement. «Il y a un transfert sournois de la responsabilité sociale de l'Etat sur les Eglises» remarquait Thomas Wipf lors du débat qui a suivi, et cela justement alors que les moyens des Eglises sont en constante diminution. L'AD a par ailleurs pris acte du rapport établi par le chancelier Markus Sahli en réponse au postulat «Reconnaissance sociale du travail bénévole par la possibilité d'une déduction fiscale ou par une prise en compte de l'AVS» 


Justice et non miséricorde 


A l'occasion de cette Assemblée d'été de la FEPS, l'archevêque anglican sud africain W.H. Ndungane, qui a succédé à Desmond Tutu, a présenté devant les quelques 60 représentants des 23 Eglises membres l'envergure sociale du travail des Eglises en Afrique du Sud et la question du désendettement. Il a exposé les difficiles problèmes qui sont ceux de l'Afrique du Sud: la pauvreté et le sida ne sont que deux. La dette extérieure de 25 milliards de $, datant de l'époque de l'Apartheid, pèse sur l'Afrique du Sud et l'empêche de contribuer efficacement à la reconstruction économique. Le destin de toute l'Afrique est lié à celui de l'Afrique du Sud et c'est au Cap que se trouvent les racines du racisme. C'est pourquoi le développement global du pays aurait des conséquences positives pour tout le pays. Comme l'avait déjà fait le Jubilé 2000, Ndungane accorde une grande importance à la remise de la dette. La principale demande de la campagne internationale pour le désendettement s'intitulait «D'on't pay twice for Apartheid» (Ne payez pas deux fois pour l'Apartheid). Dans le cadre du Jubilé 2000, la Grande- Bretagne et la Suède ont remis des dettes, sans que cela nuise à leur économie, remarquait Ndungane. 


Les banques suisses ont également soutenu l'Apartheid, alors même que Desmond Tutu avait mis en garde contre les injections financières afin de retenir la chute du régime de l'Apartheid. Ndungane a demandé que les capitaux amassés injustement soient remboursés. 

La solidarité des Eglises d'Europe est «à bien des égards plus nécessaire qu'avant 1994. L'Afrique du Sud n'aimerait pas attendre 50 ans pour être dédommagée, comme les victimes de l'holocauste»


Comme il l'a montré plus loin, l'Afrique du Sud ne se fixe pas uniquement sur un dédommagement matériel. La Commission pour la vérité contribue à la réflexion sur un passé lourd et chargé. «Nous voulons la justice, non la miséricorde»


L'Ambassadrice d'Afrique du Sud à Berne, Nozipho January-Bardill, qui était l'hôte de l'AD, a suivi l'exposé avec beaucoup d'intérêt. Dans les entretiens qu'elle a eues avec la FEPS, elle a souligné l'importance des Eglises en Afrique du Sud, qui ont un rôle moteur pour faire advenir la réconciliation et la cohésion sociale en Afrique du Sud. 


19 juin 2001


Source: SEK · FEPS · Fédération des Eglises protestantes de Suisse + Protestinfo