La vérité blesse ! C'est pourquoi nous préférons ne pas en prendre connaissance. Dix ans après le massacre de Srebrenica, la diffusion par la télévision serbe d'une vidéo a effrayé nombre de citoyens. Cela s'était passé en juillet 1995. Après le massacre, quelque 10'000 hommes avaient été portés disparus. Aujourd'hui, on ouvre les fosses communes qui ont été découvertes. Pour les coupables comme pour les parents des victimes, un profond trou noir s'est ouvert dans l'histoire de leur vie. Peut-on espérer réparer cela un jour ? Srebrenica a été reconstruite, mais la plupart des maisons sont restées vides. Le chômage est proche de 90 %. La faim, comme aussi la criminalité, sont des réalités quotidiennes. Srebrenica est l'une de ces nombreuses blessures douloureuses laissées par les guerres des Balkans. Mon avis est que du fait de cette guerre terrible, toutes les parties n'ont fait que perdre et n'ont guère gagné quelque chose. Est-ce ce que nous, les humains, apprendrons jamais les leçons de l'histoire ?
En tant qu'Eglise, nous sommes présents dans les diverses parties des pays alors en conflit. Notre œuvre d'entraide UMCOR a apporté une contribution importante à la reconstruction des villages, de leurs écoles et adductions d'eau, etc. L'aide matérielle est quantifiable. Mais qu'en est-il de la guérison des souvenirs ? Dans les Balkans, nous proclamons un message de réconciliation et prions pour que guérissent les profondes blessures. Mais nous ne devons pas oublier ce qui s'est passé.
Heinrich Bolleter
Evêque de l'EEM pour l'Europe centrale et méridionale
Kirche+Welt, n° 11, 23 juin 2005
Source: EEMNI