Le Secrétaire Général du COE, Konrad Raiser avait proposé de fonder un forum oecuménique mondial. Voici que ce forum commence à prendre forme. La 8e Assemblée Plénière du «Conseil Oecuménique des Eglises» (COE) a apporté un large soutien le 12 décembre à la mise en place d'un «Forum des Eglises Chrétiennes et des Organisations Oecuméniques». Le nouveau Comité Central a été chargé de poursuivre les consultations avec les organisations, qui ont déjà fait connaître leur intérêt. Une première consultation exceptionnelle eut lieu en août à Bossey près de Genève: 28 représentants de différentes organisations y ont pris part sur une invitation du COE. L'éventail a été des plus larges, des Eglises de Pentecôte en passant par les Evangéliques jusqu'à l'Eglise Catholique Romaine. Tous sont tombés d'accord de ne définir qu'«un minimum de règles et de structures» dans le forum en vue. La publication de documents et de recommandations ne devrait pas être au centre, mais le «libre échange de vues». Aucun vote n'est pas prévu. Le but recherché est bien plus de «restaurer des relations plus riches et plus étendues» entre les participants et de «renouveler sa pensée, de penser de nouveaux rêves et de développer de nouvelles visions».
C'est en l'an 2001 que le Forum doit se rencontrer officiellement pour la première fois. On songe à la participation de 200 responsables de rang international issus d'organisations ecclésiales et oecuméniques. Des Catholiques-Romains, des Orthodoxes, des Evangéliques, des Pentecôtistes et d'autres dénominations doivent suivre le Forum au même titre que des organisations oecuméniques régionales et internationales. Le COE ne revendique pas selon les mots de Raiser de fonction dirigeante dans le Forum. Mais auparavant, beaucoup de voix critiques vis-à-vis d'un «Forum Oecuménique» se firent entendre: le COE est comme un époux, qui n'arrive pas à s'entendre avec sa famille et qui pour cette raison fonde une nouvelle famille après 50 ans.C'est à l'aide de cette comparaison qu'une représentante évangélique à Harare a critiqué les projets du COE, de former un «Forum Oecuménique» mondial, auquel des Eglises non membres peuvent s'associer. Nima Joyce, déléguée de l'Eglise Anglicane d'Ouganda, prévenait que le COE aurait avec cette «nouvelle famille» les mêmes problèmes qu'avec son ancienne, étant donné qu'il reste le même coordinateur faible de volonté et de courage.
Des délégués et observateurs allemands également ont exprimé de larges critiques sur les projets de Forum. C'est comme si l'on tentait d'institutionnaliser le défaut d'institution; ce faisant, on court le danger «d'une opacité byzantine». Voilà pourquoi dans la situation présente, il apparaît important pour le COE de renforcer sa propre image.
Des réserves ont aussi vu le jour pendant les débats publics lors de l'Assemblée Plénière. La crainte fut exprimée d'un «affaiblissement» du COE par le départ d'Eglises pour le Forum et la perte de ressources personnelles et financières. Il serait plus important de réformer le COE proprement dit. «Aucune de nos démarches ne doit affaiblir le COE», a dit le délégué allemand Klaus Heidel, dont l'imposant amendement a été rejeté par ailleurs. La décision prise dans la foulée a approuvé le projet du Forum, a néanmoins donné au Comité Central une série de principes pour le travail de suite et sa concrétisation. Il faudra clairement distinguer ensuite «la raison d'être et les objectifs du COE par rapport à ceux du Forum.» Il ne faudra pas confondre non plus son appartenance au COE comme membre avec la participation au Forum. Par ailleurs, les Eglises et les organisations participantes au Forum devront pourvoir ensemble aux frais du Forum.
Source: Bureau de Communication COE