Unité ou division?
La ville de Pittsburgh où eut lieu la Conférence Générale de l'Église Évangélique Méthodiste se trouve au confluent de deux rivières, Allegheny et Monongahela, qui forment ensemble une nouvelle rivière, l'Ohio. Des allusions à l'eau, symbole des eaux du baptême, étaient omniprésentes ainsi que la question de savoir si les différents courants dans l'Église se rejoindront ou s'il y aura division. Comme par le passé, la question de l'homosexualité était au cœur du débat. La discussion sur ce sujet était caractérisée par un haut niveau de respect et d'écoute mutuelle au-delà des grandes divergences de fond. Une majorité de délégués de la Conférence Générale a confirmé les votes antérieurs qui condamnent la pratique de l'homosexualité comme incompatible avec la Bible. Une proposition a été refusée de justesse, elle évoquait le fait qu'il y a une grande minorité dans l'Église qui pense qu'on peut tolérer l'homosexualité si des chrétiens la vivent dans un partenariat fidèle. Dans les discussions informelles entre partisans opposés, une personne conservatrice a posé par écrit (sur un papier personnel) la question s'il ne serait pas plus judicieux de se séparer. Sa déclaration est tombée entre les mains de la presse qui l'a publiée dans les nouvelles nationales. L'irritation au sein de la Conférence Générale était grande. Le lendemain quelques délégués qui se sentaient coincés entre les divers groupes de pression ont souligné leur vœu de continuer à cheminer ensemble. Ils ont proposé une résolution qui fut acceptée par 95% des délégués (voit à la fin de l’article).
Aspect mondial
La plupart des délégués d'Afrique et des Philippines ont eu des problèmes pour obtenir leur visa. Grâce à l'intervention de nombreuses personnes auprès de l'administration américaine et des ambassades, la majorité a finalement pu faire le voyage mais quelques places sont restées vides à Pittsburgh. Des efforts considérables ont été faits pour la traduction dans plusieurs langues. Les délégués des conférences centrales en ont profité et participé aux débats. Ils étaient plus nombreux que par le passé. A l'avenir, leur nombre passera de quarante à plus de cinquante dans les différentes agences générales de l'Église. A partir de 2005 chaque région du monde comptant des conférences centrales (Europe, Afrique, Philippines) sera représentée par au moins un délégué dans chaque agence générale. Les grandes agences auront même une représentation de chacune des sept conférences centrales. Tous les délégués ne sont pas encore nommés, mais Rose-May PRIVET sera la représentante dans la Commission pour al formation des laïques (General Board of Discipleship) et le soussigné continuera son mandat dans l'agence générale pour la formation supérieure et le ministère ordonné (General Board of Higher Education and Ministry).
Affaires francophones
La toute petite minorité francophone en Europe passerait probablement inaperçue au sein de l'Église méthodiste mondiale, mais la présence francophone en Afrique devient de plus en plus visible. Pour la première fois, une délégation de l'Église méthodiste de Côte d'Ivoire était présente à la Conférence Générale. Cette Église a ses racines dans la mission méthodiste britannique et est devenue autonome. Elle a décidé d'intégrer l'Église Évangélique Méthodiste afin de se mettre en réseau avec d'autres Églises méthodistes dans la région. Elle compte environ 1,5 million de membres mais elle a moins de 100 pasteurs-anciens ordonnés. Le travail pastoral se fait par des prédicateurs laïcs en beaucoup d'endroits. La question de l'intégration de cette Église a suscité pas mal de discussions dans les coulisses à cause de son importance numérique. Les uns se sont réjouis, les autres ont pris peur de perdre en influence et nombre de voix si les conférences centrales augmentent encore leur part. Finalement, l'intégration des méthodistes de Côte d'Ivoire dans la Conférence Centrale de l'Afrique de l'Ouest a été approuvée mais le nombre de délégués à la prochaine Conférence Générale sera encore limité à deux. Ensemble avec les méthodistes du Congo et les nouvelles missions au Cameroun et au Sénégal, la francophonie prendra la première place en importance numérique parmi les langues autres que l'anglais. Pour promouvoir la formation théologique en Afrique francophone, deux agences générales ont mis sur pied un groupe de travail où l'apport des représentants de notre Centre Méthodiste de Formation Théologique est très apprécié.
Finances
Comme partout, on parle de difficultés financières également au niveau de la Conférence Générale. Les années fastes sont révolues et le renchérissement des assurances sociales pour les pasteurs dépasse de loin l'inflation. Les contributions des Américains aux frais des agences générales ne devraient donc pas fortement augmenter malgré une foule de nouveaux projets. Quelques projets ont été retenus : une nouvelle entité pour le travail de la jeunesse, une stratégie pour aider l'Afrique et des initiatives dans le domaine des nouveaux médias, etc. D'autres n'ont pas été retenus : la proposition d'un nouveau fonds en faveur de la formation universitaire et théologique au niveau mondial par exemple. Celui-ci aurait également aidé nos séminaires de théologie en Europe de l'Est. Nous devrons donc promouvoir d'autant plus la solidarité entre nos Églises en Europe comme nous la vivons déjà dans le cadre de Connexio.
Vie spirituelle
Chaque matin de la Conférence Générale commençait par un culte où l'un des évêques prêchait. La méditation au début de ce numéro du «Messager Chrétien» en parle. Des chorales de styles et de langues très différents chantaient. Ces moments de recueillement faisaient du bien au début de journées chargées. Je m'en suis toujours réjoui. Sur nos sièges de délégués, nous avons trouvé le troisième volume de «Global Praise» qui contient des chants chrétiens du monde entier. J'y ai découvert par exemple une traduction anglaise d'un chant berbère d'Algérie (merci à Hamid GUERNINE !) et des chants de presque tous les pays européens. Un CD regroupe quelques-uns des chants du troisième volume. Le témoignage de chrétiens des quatre coins du monde nous a encouragés à poursuivre la mission de l'Église: faire des disciples du Christ.
Patrick STREIFF
Résolution officielle
Résolution de la Conférence Générale 2004
En tant que membres de l'Église Évangélique Méthodiste de par le monde nous resterons dans une alliance mutuelle en dépit de nos différences de conviction. Nous confirmons notre mission commune de nous engager à appeler des hommes et des femmes à devenir des disciples du Christ dans le monde entier.
Pittsburgh le 7 mai 2004
Source: EEMNI