Une délégation du programme «Peuples autochtones» du Conseil Oecuménique des Eglises (COE) a demandé aux Nations Unies de faire de 2006 l’«Année internationale des langues autochtones».
La délégation du COE, qui faisait partie du Groupe autochtone participant à la troisième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, tenue à New York du 10 au 21 mai 2004, a rappelé l’importance des langues dans les cultures autochtones et la nécessité de mettre en place des stratégies efficaces en vue de leur donner un nouvel élan.
Dans un exposé présenté en plénière, M. Richard A. Grounds, de la nation Yuchi d’Oklahoma, Etats-Unis, membre du Comité central du COE, a souligné qu’il est urgent de sauver toutes les langues parlées dans le monde.
M. Grounds, qui est membre de l’Eglise Evangélique Méthodiste (EEM/UMC) des Etats-Unis, a rappelé que les langues autochtones représentent plus des trois quarts de la totalité des langues parlées dans le monde et que, selon les linguistes, si on ne prend pas des mesures, jusqu’à 90% des 6800 langues existant actuellement auront disparu d’ici la fin de ce siècle.
Selon des statistiques de l’UNESCO, toutes les deux semaines, en moyenne, une langue disparaît. «La moitié des langues actuelles est menacée de disparition au cours des 20 prochaines années», affirme Ole Henrik Magga, président de l’Instance permanente sur les questions autochtones.
Il est d’avis qu’une Année internationale des langues autochtones «attirerait l’attention sur ce problème, largement ignoré, et susciterait une prise de conscience du grand public et également des populations autochtones qui, souvent, ne se rendent pas compte à quel point leurs propres langues sont menacées.»
Les participants à la session de l’Instance permanente ont souligné qu’avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies et de ses pays membres, une Année internationale «ferait ressortir l’état critique de nos langues et encouragerait des activités pédagogiques sur l’importance des langues autochtones, ainsi que des mesures propres à leur donner un nouvel élan.»
Ils recommandent d’élaborer «des stratégies claires en vue d’une intervention visant à freiner la disparition des langues autochtones» et d’obtenir des Etats membres «les moyens financiers permettant de mettre en place des programmes de revitalisation de ces langues.» Richard Grounds souligne, pour sa part, qu’il convient aussi de «lutter contre l’oppression et les mesures d’élimination dont les langues autochtones et minoritaires continuent d’être victimes.»
Dans une déclaration commune, les participants ont rappelé la valeur inestimable des langues autochtones, qui sont «la base de notre spiritualité et de nos cérémonies, la source du savoir autochtone, l’essence de notre identité de peuples autochtones, le support de nos histoires non écrites, l’autorité en matière de bon usage et de codification de nos connaissances médicales, le cœur de notre riche patrimoine et un don du Créateur.»
Pour soutenir l’appel en faveur d’une Année internationale des langues autochtones, la délégation a recueilli les signatures de plus de 60 organisations autochtones participant à la session de l’Instance permanente.
L’Année internationale des langues autochtones devra être proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU. Il faudra pour cela que la proposition émane d’un des pays membres et qu’elle fasse l’objet d’un vote. Des contacts vont être pris avec le gouvernement de la Nouvelle-Zélande pour lui demander de présenter à temps une motion en ce sens, afin que les activités liées à cette Année puissent débuter en 2006.
14 juin 2004
Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)