Suisse, IVG: le Conseil de la FEPS et le régime du délai

Après examen approfondi des principes théologiques protestants, le Conseil de la FEPS approuve le régime des délais, parce que celui-ci protège la sphère de la libre décision personnelle; il permet l'interruption légale de grossesse dans un cadre juridique clair. Autoriser le régime du délai en tant que solution pragmatique et démocratique n'équivaut pas pour autant à banaliser cette grave question éthique ou à approuver fondamentalement l'avortement. Il s'agit au contraire de mettre en oeuvre une véritable politique de la famille, une politique sociale et de la santé selon les fondements de l'éthique chrétienne.


Le Conseil de la FEPS se préoccupe depuis de nombreuses années des questions concernant l'interruption de grossesse, et de la recherche de réglementations dignes de l'être humain et responsables - pour lui aussi, la protection de la vie est très importante.


A la lumière de la tradition protestante et de la théologie, le Conseil toutefois donne autant de poids à la décision de conscience libre et personnelle. En 1997 déjà, les prises de position de l'Institut d'éthique sociale IES de la Fédération des Églises protestantes de Suisse et du Conseil d'alors, lors de la procédure de consultation, allaient dans ce sens. La prise de position actuelle du Conseil, élaborée par le professeur d'éthique Denis Müller de la Faculté de théologie protestante de Lausanne, confirme cette approche.


Aucune déclaration si étudiée soit-elle ne peut libérer l'être humain des dilemmes de la vie; tous, nous devons maintenir l'équilibre entre le souhaitable et le faisable(1). La Bible dans ce cadre ne peut servir de livre de recettes, elle doit être considérée comme source d'inspiration pour une vie librement responsable.


Ni l'Église, ni l'État ne peuvent dispenser les femmes ou les couples concernés de cette pénible décision. Le Conseil de la FEPS appelle à un débat objectif et factuel sur les questions humainement délicates de l'interruption de grossesse. Il tient pour inacceptable de criminaliser ou de culpabiliser des êtres qui prennent une lourde décision, souvent après un long débat intérieur.


Pour le Conseil de la FEPS, il importe aussi d'encourager et de soutenir les centres de conseil existants dans l'exercice de leurs tâches. Le régime du délai sera l'un des thèmes de la prochaine Assemblée des délégués de la FEPS, le 12 novembre à Berne, la prise de position du Conseil répondant à un postulat.


Berne, 30 octobre 2001


(1) Selon le document de position du prof. Dr Denis Muller


a) En tant qu'elle porte atteinte à une vie humaine en devenir, [et quelle que soit l'opinion spécifique que l'on puisse tenir au sujet du statut scientifique, biologique ou ontologique de l'embryon et du fœtus], toute interruption de grossesse contrevient en principe à l'intention de Dieu et doit être reconnue comme une transgression humaine de l'interdit fondamental de tuer. Une telle affirmation tient compte de la théologie biblique de la création: l'embryon et le fœtus ne sont pas de simples produits biologiques ou naturels de l'activité sexuelle des humains, ils entretiennent un lien avec le projet du Dieu créateur.


c) Concrètement, il peut s'avérer plus éthique, dans la perspective de l'Evangile, de se résoudre à une interruption de grossesse, lorsque sa situation de détresse conduirait une femme à mettre en périls des valeurs encore plus hautes ou importantes que la vie du fœtus. On ne parle pas ici seulement de la survie de la mère, mais aussi de son développement psychique, de son avenir social et économique, de sa destinée spirituelle, ainsi que de l'équilibre et des chances du couple, par exemple. Mais cela ne signifie nullement, à l'inverse, que l'interruption de grossesse soit toujours la solution la plus éthique. Dans bien des situations, on peut tout à fait admettre que la sauvegarde de l'enfant à naître contribuera à un déploiement heureux et harmonieux de ces valeurs.


La FEPS vient de préciser que la déclaration de son Conseil sur le régime des délais n'avait pas de caractère contraignant et qu'il s'était fondé sur une déclaration du moraliste lausannois Denis Muller.


Source: FEPS