Par Helmut Nausner, Autriche
La Conférence générale de l'Église méthodiste a décidé en 1952 que le diocèse de Genève avait le droit de s’organiser comme une Conférence centrale distincte et de choisir son propre évêque. Il y a 60 ans, en octobre 1954, l’évêque Arthur J. Moore a invité à une assemblée constitutive à Bruxelles.
À Bruxelles étaient présents des délégués venus de Suisse, de Belgique, d’Afrique du Nord et un pasteur de la mission en Autriche et en Yougoslavie. La Tchécoslovaquie a transmis ses vœux à l’assemblée par un télégramme. Les délégués de Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie n'avaient pas été autorisés à quitter leur pays pour des raisons politiques. Le rideau de fer divisait la nouvelle Conférence centrale en deux parties.
Avancée importante
Deux événements historiques sont particulièrement importants pour la constitution de la Conférence centrale de l'Europe du Centre et du Sud :
- En 1936, une Conférence centrale s’est constituée en Allemagne. C’est ainsi qu’a pris fin la Conférence centrale existante du Centre de l'Europe née en 1925. Les Conférences annuelles restantes (Suisse, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Bulgarie) ont été agrégées au Diocèse de Genève, qui a eu à sa tête un évêque américain après la mort de l'évêque John L. Nuelsen.
- En outre, en 1939, trois Églises méthodistes aux États-Unis se sont unies : la Methodist Episcopal Church, la Methodist Episcopal Church du Sud, et la Protestant Methodist Church. Après la première guerre mondiale, l’Église méthodiste épiscopale du Sud a démarré trois nouveaux champs de mission en Europe, en Belgique, en Pologne et en Tchécoslovaquie. Ces trois nouvelles Conférences annuelles ont été intégrées au Diocèse de Genève après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Aucune solution commune
L’Assemblée constitutive de Bruxelles a été précédée de nombreuses consultations, pour la création éventuelle d’une Conférence centrale européenne avec trois ou quatre diocèses épiscopaux. Les Méthodistes suisses avant tout ont plaidé fortement pour une solution européenne. Une solution européenne n'avait pas été possible pour de nombreuses raisons. Il restait seulement la possibilité pour le diocèse de Genève de se constituer en Conférence centrale.
Un évêque en propre
Sous la direction de l’évêque Arthur J. Moore, la Conférence centrale a commencé ses travaux. Sa première tâche a été d’élire son propre évêque. Ferdinand Sigg a été élu au premier tour comme évêque. Les autres mesures organisationnelles nécessaires ont été confiées à un comité exécutif formé sur le champ. La nouvelle Conférence centrale comprenait les Conférences annuelles, les Conférences annuelles provisoires et les missions en Suisse, Afrique du Nord, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Bulgarie, Pologne, Belgique et Tchécoslovaquie.
Au cours de la guerre froide
En 1957, la deuxième Conférence centrale s'est tenue à Genève. Lors de cette conférence étaient présents des invités en provenance de Hongrie et de Pologne. La troisième Conférence centrale s’est rencontrée en 1960 à Linz, en Autriche. Pour la première fois, la Pologne était représentée par une délégation officielle. En raison de l'insurrection hongroise de 1956, aucune délégation n’est venue de Hongrie. En 1964, la Conférence centrale s’est réunie à Strasbourg, France. Pour la première fois, la Conférence annuelle de la Tchécoslovaquie était représentée par une délégation officielle. De Hongrie personne n’a pu venir. La Bulgarie a été privée de Conférence jusqu’en 1990.
« La Conférence centrale est un champ d’expérimentation de la mission majeure du christianisme :
- construire des ponts,
- promouvoir la réconciliation »
Évêque Ferdinand Sigg
Un Diocèse au croisement de l’Est et de l’Ouest
À Strasbourg, l’évêque Sigg a prononcé un discours remarquable sur la Conférence Centrale de l'Europe du Centre et du Sud en la tenant comme un défi et une grande opportunité. Par analogie, il a dit : « C'est un plaisir de parler du Diocèse de Genève. Il est un champ d’expérimentation de la tâche la plus importante du christianisme : « Soyez diligents à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Dans la situation qui prévaut actuellement en Europe, aucune autre église protestante n’est mieux placée que la nôtre pour construire des ponts, promouvoir la réconciliation et le faire avec de fortes convictions bibliques. Le Diocèse de Genève se situe à la croisée des chemins entre l'Est et l'Ouest, entre l'Afrique et l'Europe, entre l'Amérique et la Russie. Il a survécu à la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale et montre à toute l'Église que de grandes différences dans une Église peuvent être surmontées, si les gens le veulent et si Dieu est avec eux ». Cette tâche incombe toujours encore à la Conférence Centrale de l'Europe du Centre et du Sud.
Surmonter les frontières
La mort subite de l’évêque Ferdinand Sigg en octobre 1965 a été un choc. La Conférence centrale extraordinaire qui s’est tenue en 1966 à Lausanne a élu Franz Schaefer comme successeur de Ferdinand Sigg.
Deux événements marquèrent la Conférence centrale 1969 à Berne : d’une part l’union de l’Église évangélique (Evangelische Gemeinschaft) avec l’Église méthodiste épiscopale, sujet de joie pour tous les participants, et d'autre part le retrait de la Conférence annuelle de la Belgique pour participer à la création de l'Église protestante unie en Belgique, les délégués ont pris connaissance de la nouvelle avec tristesse. Il a été décidé de continuer à rester en contact. La Conférence centrale s’est efforcée à développer la communion fraternelle et à promouvoir la coopération transfrontalière entre l'Est et de l'Ouest.
Conférence centrale de l’Europe du Centre et du Sud (CCECS)
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