Les Anglicans, protestants allemands et belges commémorent la Grande Guerre

Mon Dieu, comme il est facile d’oublier sa libération ! 

Le Président de l’Eglise Protestante en Rhénanie, (Evangelische Kirche im Rheinland), le pasteur Manfred Rekowski, le Président de l’Eglise anglicane en Belgique, le révérend. Jack McDonald, et le Président du Synode de l’Eglise Protestante Unie de Belgique, le pasteur Steven H. Fuite se réunissent au Westhoek .Les trois chefs d’Eglise, accompagnés de personnes associées à celles-ci, visitent successivement des cimetières militaires anglais, belge et allemand.

Au cours de l’après-midi, une couronne de fleurs sera déposée à la Porte de Menin à Ypres, en présence du Gouverneur de Flandre Occidentale, M. Carl Decaluwé. Ensuite une déclaration commune sera prononcée. La journée de commémoration prendra fin avec un moment liturgique à l’Eglise protestante d’Ypres.
Ci-dessous vous trouverez la déclaration.

Pr. Steven H. Fuite
Président Synodal de l’Eglise Protestante Unie de Belgique 

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′′Mon Dieu, que nous oublions vite notre délivrance...′′ (Librement, d’après Psaume 78)

Nous nous souvenons, ensemble, en tant que chrétiens venus d’Allemagne, Grande Bretagne et Belgique.
Nous nous tendons la main en tant que représentants de l’Eglise Protestante Allemande (Evangelische Kirche im Rheinland), de l’Eglise Anglicane en Belgique et de l’Eglise Protestante Unie de Belgique.

Ensemble, nous nous souvenons.

Tout d’abord, nous nous souvenons des victimes.
Si l’Evangile est là pour quelque chose, c’est bien la valeur de toute vie humaine.
Chaque être humain est unique, voulu, souhaité et est aimé par Celui que nous appelons Dieu. Les chiffres sont inconcevables et varient, ce qui accentue encore leur côté inconcevable, mais la Première Guerre Mondiale a coûté la vie à quelques 10.000.000 de militaires, 7.000.000 de civils et 20.000.000 de personnes ont été blessées. Et ceci ne concerne encore que les blessures physiques et les mutilations. Il ne faut pas oublier toutes les vies qui ont été brisées. La souffrance est incommensurable.
Nous pensons en particulier à ces innombrables soldats et citoyens Britanniques, Allemands et Belges et en pensées, nous apportons devant Celui que nous appelons Dieu toutes ces vies détruites.

Nous pensons aussi aux valeurs et aux Eglises que nous représentons. Nous reconnaissons aussi sincèrement que nous avons plus d’une fois légitimé théologiquement les guerres, dont la Première Guerre Mondiale. A partir de cette prise de conscience, nous demandons à nous- mêmes et aux autres chefs religieux de poursuivre la réflexion et de garder une attitude autocritique. Cela signifie concrètement qu’il faut toujours rechercher le contact et le dialogue avec l’autre, qu’il faut se garder de minimiser la réalité et de proclamer des vérités absolues.

Nous prions pour ceux qui portent une responsabilité politique et qui dès lors sont garants de ceux qui leur ont confié cette responsabilité, afin qu’ils aient le courage d’oser aller de l’avant dans la compréhension mutuelle, l’appréciation et le respect envers toute personne qui est différente, qui agit autrement et qui pense autrement, avec une autre langue, culture, histoire, opinion, conviction de vie, couleur, sexe ou orientation sexuelle.

A une époque où chacun est toujours pressé, nous demandons de ne pas oublier.
Nous demandons aux enseignants de prêter plus d’attention aux cours d’histoire comme instrument servant à mettre à nu ces mécanismes qui se répètent jusqu’à nos jours et qui conduisent à des conflits violents.

La Première Guerre Mondiale ne sera pas la dernière guerre en Europe. Il y a 75 ans commençait la Deuxième Guerre Mondiale. Le démembrement de la Yougoslavie a conduit, à partir de 1991, à des guerres en Slovénie, Croatie, Bosnie et Kosovo.
En 2014 aussi, il y a de la violence, de la violence guerrière sur le sol européen.

La liberté et la paix ne vont jamais de soi, elles sont une mission, elles demandent un engagement, toujours.

Dans les traces de l’Homme de Nazareth, nous nous engageons pour une société dans laquelle la richesse de la diversité est fêtée et dans laquelle la peur de l’autre est sans cesse surmontée. Nous nous engageons pour la justice et la paix, en Europe et partout sur la terre.

Nous nous souvenons, ensemble, afin que l’on ne dise pas de nous :

′′L’histoire nous apprend que l’homme n’apprend rien de l’histoire′′

(Librement, d’après Georg Wilhelm Hegel 1770-1831))

Belgique, Ypres, le 3 octobre 2014.

  • Manfred Rekowski, président du Synode de l’Evangelische Kirche im Rheinland.
  • Jack McDonald, Président de l’Eglise Anglicane en Belgique.
  • Steven H. Fuite, président du Synode de l’Eglise Protestante Unie de Belgique.

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