Après trente ans d'existence, la Concorde de Leuenberg change de nom et devient la "Communion d'Eglises protestantes d'Europe" (CEPE). dans les colonnes de l'hebdomadaire protestant REFORME, Elisabeth Parmentier, présidente de son comité exécutif, explique les raisons des changements en cours. Voici un extrait de son interview:
La Concorde regroupe 103 Eglises. Ce sont les Eglises luthériennes, réformées, vaudoises, hussites (Eglises préréformées tchèques), unies d'Allemagne, méthodistes (depuis 1997). En 1973, elles ont mis fin à 450 ans de division ecclésiale en Europe.
Le temps des différends théologiques est achevé. Nous nous sommes réconciliés sur la sainte cène et les autres sacrements. Il est donc temps de laisser la place à une vision plus prospective et d'insister sur notre communion ecclésiale. Nous ne sommes pas une fédération ou un forum d'Eglises appelées à cohabiter pacifiquement, mais une seule famille dont les membres se sont mis d'accord sur un certain nombre de points et qui s'engagent les uns vis-à-vis des autres.
Et c'est au sein de la construction européenne que nous voulons œuvrer à la réconciliation des Eglises, des peuples et des cultures.
En conséquence, nous ne sommes pas condamnés à nous rencontrer occasionnellement mais nous sommes invités à partager nos finances, nos études théologiques, nos formations, à nous consulter avant de lancer des projets. Bien sûr, dans la réalité, cette concertation n'a rien d'automatique, mais elle existe davantage qu'il y a dix ans.
....Elizabeth Parmentier rêve d'une collaboration accrue entre paroisses, par-delà les frontières
.... Moi, je rêve que ces mêmes individus aient conscience qu'ils appartiennent à une paroisse qui va de l'Atlantique à l'Ukraine et du pôle Nord à l'Italie, et qu'ils se sentent partout chez eux !
On pourrait, par exemple, imaginer des jumelages de paroisses comme il existe des jumelages de villes. Le message doit aussi passer par les pasteurs… s'ils s'ouvrent à la réalité européenne. En France, ce n'est pas une priorité, en Allemagne, par exemple, bien davantage. Mais cela s'explique aussi par les réalités géographiques. Une petite paroisse du sud de la France ou du nord de la Norvège ressent moins ce besoin d'ouverture à l'autre, car l'autre est bien lointain. D'où l'idée d'imaginer, par exemple, des jumelages de paroisses comme il existe des jumelages de villes ou tout autre type d'initiatives qui réunissent au-delà des frontières.
Elle évoque enfin la ferme volonté des Eglises de la Communion de parler d'une seule voix.
Notre démarche est prophétique. Nous disons que la réconciliation pleine et entière est possible après des siècles de divisions. La Concorde de Leuenberg était déjà en avance de trente ans sur l'union européenne politique. Nous sommes des précurseurs. Aujourd'hui, je rêve d'un synode européen qui pourrait faire entendre une voix protestante en Europe sur un certain nombre de sujets. Mais c'est encore une utopie, nous en sommes bien loin. Nous butons sur les limites de nos modèles démocratiques. Quand tout le monde doit s'exprimer, et exprimer ses désaccords, il est long le chemin qui mène à une position commune. Et puis chaque Eglise s'accroche à ses particularismes, c'est une tentation très humaine. Mais notre existence même est un signe d'espérance.
Le site du CEPE: http://www.leuenberg.net
Source: REFORME