Un nouveau général à la tête de l'Armée du Salut

 Le 6 septembre 2002 le Conseil supérieur de l'Armée du Salut à Londres a élu John Larsson au poste de général. C'est le poste le plus élevé qui puisse exister au sein de l'Armée du Salut. Le nouveau général prendra le 13 novembre 2002 la direction de cette oeuvre mondiale.


John Larsson sera le 17ème général de l'Armée du Salut depuis sa fondation en 1865. Il succède au général John Gowans depuis 1999 à la tête de l'Armée du Salut et à la retraite le 12 novembre de cette année à son 68ème anniversaire.


Larsson, un Suédois d'origine, est l'actuel chef d'état-major, le deuxième poste le plus élevé au sein de l'Armée du Salut internationale. Cet officier de 64 ans avait déjà occupé plusieurs positions majeures au fil de sa carrière: Il avait présidé aux destinées de l'Armée du Salut en Nouvelle-Zélande, en Suède et en Grande-Bretagne, avait dirigé l'école internationale des officiers et avait été secrétaire en chef en Amérique du Sud.


Le Conseil supérieur n'est convoqué que pour l'élection du général. Il se compose des chefs de l'Armée du Salut mondiale. 87 membres du Conseil supérieur, 49 hommes et 38 femmes, siégeaient à huis-clos depuis le 30 août 2002 à Londres. Après l'élection générale, le Conseil se dissout de nouveau. L'Armée du Salut est représentée de par le monde dans 108 pays. Elle considère sa mission dans le fait de répandre l'Evangile et dans l'engagement social. En Suisse, l'Armée du Salut est active depuis 1882, compte 4500 membres, dirige 75 postes d'évangélisation ainsi que 50 institutions sociales. L'Armée du Salut est aussi affiliée, comme l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), à la Fédération des Eglises et Communautés Evangéliques Libres de Suisse (VFG: Verband evangelischer Freikirchen und Gemeinden).


Un article du Monde daté du 12 août signé de Xavier Ternisien apporte un éclairage précieux sur l'évolution de l'Armée du Salut en France.


Implantée en France depuis 1881, l'Armée du Salut vient de connaître une évolution décisive au plan juridique, dont elle commence seulement à tirer toutes les conséquences. En 1994, la branche française de l'Armée du Salut s'est divisée en deux, - fondation d'un côté, congrégation de l'autre - distinguant jusque sur le plan des institutions l'action sociale et l'approche spirituelle.


- Une association selon la loi de 1901 a été créée sous le nom d'Association des oeuvres françaises de bienfaisance de l'Armée du Salut. Reconnue comme fondation d'utilité publique en avril 2000, elle est habilitée à recevoir des dons et legs. Elle bénéficie également de subventions de l'Etat, à hauteur de 60 % de son budget. La fondation se porte bien: son budget, de 28 millions d'euros, est en hausse. Elle emploie 1 600 salariés dans une quarantaine d'établissements, dont les activités vont de l'accueil d'urgence, l'hébergement, la distribution de repas, aux maisons de retraite ou d'accueil des handicapés mentaux. Sur l'ensemble des employés, seulement 5 % appartiennent à l'Armée du Salut.


- De leur côté, les membres, répartis en "soldats" et "officiers" sur le modèle militaire, ont constitué une congrégation reconnue par l'Etat en 1994. Par souci d'efficacité, la congrégation a réduit le nombre de ses paroisses, ou "postes d'évangélisation", désormais au nombre d'une trentaine. 


Cette évolution ne s'est pas faite sans remous. Elle a suscité une certaine perplexité chez les salutistes comme en témoigne Mireille Legait, responsable du service de presse de l'Armée du Salut dans les colonnes du Monde: "Plusieurs membres de l'Eglise ont des difficultés à se positionner par rapport à la nouvelle organisation. Ils ont un peu l'impression d'avoir été dépossédés des oeuvres sociales."


Comme si était remise en question l'intuition initiale de ce mouvement de réveil, né en Angleterre, à la fin du XIXe siècle sur l'initiative William Booth, pasteur méthodiste, dont le génie a été précisément de viser l'homme dans son entier, autant son bien-être matériel que son bien-être spirituel, selon les termes mêmes de la devise de l'Armée du Salut,"Soupe, savon, salut".


L'Armée du salut cherche sa voie entre action sociale et spiritualité


Le général John Gowans, chef mondial de cette Eglise protestante présent à la Convention nationale du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), du 9 au 11 août, a tenu à rassurer les salutistes sur le maintien des objectifs de l'Eglise; selon le Monde, il les a exhortés à "répondre aux besoins pratiques, mais aussi aux besoins spirituels des personnes", afin de "conserver l'équilibre entre l'action caritative et la dimension religieuse" qui fait la spécificité de l'Armée du salut.


Chef de territoire en France, le colonel Glen Shepherd justifie de son côté le choix fait en 1994: "Il était important de nous conformer aux lois françaises et de travailler dans la plus grande transparence. Il nous reste à préciser dans le détail les rapports entre la fondation et la congrégation. Il a été décidé, par exemple, que la fondation subventionnera l'action sociale de proximité gérée par les paroisses ; en sens inverse, les officiers exerceront les fonctions d'aumôniers dans les établissements de la fondation."


Toujours selon le Monde, les salutistes se défendent d'exercer une action de prosélytisme auprès des personnes qu'ils accueillent: "Ceux qui viennent dans nos centres sont motivés par une détresse sociale, rarement par une recherche de foi, constate le colonel Shepherd. Nous n'imposons rien. C'est aussi une manière de respecter les personnes."


L'évolution de l'Armée du Salut en France pose la question de la mission et de la transmission de la foi chrétienne dans le tissu laïque de nos sociétés sécularisées post-modernes: subsiste-t-il encore pour les chrétiens engagés la possibilité et la liberté d'un témoignage explicite à la foi chrétienne au sein des institutions sociales de notre pays, protestantes de surcroît?

Source: EEMNI/EMKNI/Le Monde