21.08.98 Mariella Mihailova de Bulgarie: «Nous avions à la maison le livre le plus dangereux au monde» 

Quand les parents de Mariella Mihailovas se sont fait baptiser, il l'on fait en pleine nuit dans la Mer Noire. Quand Mariella et ses parents sont venus au culte, ils l'ont fait en catimini au sein d'une «communauté de maison» avec d'autres familles. Car un chrétien au milieu de la Bulgarie communiste appartenait d'office à l'Eglise clandestine. Aujourd'hui, huit ans après l'effondrement du communisme, la vie des chrétiens a changé totalement, particulièrement celle des Protestants. La personne qui n'appartient pas à l'Eglise officielle, l'Eglise Orthodoxe Russe, subit constamment des chicaneries. Les Eglises Protestantes sont assimilées à des sectes. C'est ce qu'a raconté Mariella Mihailova au reporter Tim Tanton de l'UMNS à l'occasion de sa participation à la «6e Conférence de la Jeunesse Chrétienne pour l'Evangélisation», qui se tenait du 7 au 12 août à St. Simons Island, Georgia, USA. 

«Je viens d'un pays, où la foi chrétienne ne va pas de soi», disait cette femme de 27 ans, originaire de Varna. «90% de la population ne croient pas en l'existence de Dieu.» Les premières Eglises Méthodistes ont été créées en Bulgarie le siècle dernier. En 1947, le gouvernement communiste a fermé toutes les Eglises et a repoussé les chrétiens dans la clandestinité. La plupart des bâtiments d'Eglise ont été détruits, des pasteurs ont été jetés en prison, de jeunes chrétiens mis en détention et soumis à de mauvais traitements. Mihailova se souvient d'un événement survenu lors de ses premières années d'école. Un fonctionnaire est venu dans son Ecole et a averti les enfants du danger que représente «le livre le plus dangereux au monde». «Il parlait de la Bible», disait-elle, «et nous en avions une à la maison». Au pire des cas, des familles ont dû enterrer dans leur propre jardin leur Bible et la littérature chrétienne qu'ils possédaient. «Etre chrétien ou chrétienne, il t'en coûte parfois», faisait remarquer Mihailova. «Alors on doit faire des efforts, on doit être prêt au sacrifice. Ce n'est pas là une vie confortable.» 

Depuis la chute du communisme, l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) de Varna est passée de 10 à 315 personnes. Dans cette grande ville bulgare se trouvent quatre des cinq Eglises les plus grandes. Il s'y ajoutent beaucoup d'autres petites communautés réparties dans tout le pays. Quelques unes de ces communautés comptaient encore quatre ou cinq membres au changement de régime. 

Et pourtant le gouvernement actuel et l'Eglise orthodoxe officielle alliée au pouvoir mènent une campagne contre les Eglises Protestantes. «Ils affirment que nous sommes une secte. La société bulgare dans son ensemble nourrit des préventions contre les Eglises Protestantes.» La Bulgarie n'a cessé d'affirmer durant les années du communisme qu'il n'y avait pas de Dieu. La foi était réservée aux personnes âgées et aux handicapés», explique Mihailova. Beaucoup de gens partagent toujours encore cette vision des choses. Aussi sa participation à la Conférence de Jeunesse a-t-elle été pour elle une chose précieuse, car elle a pu faire la connaissance d'autres Méthodistes du monde entier. «C'est pour nous très important et précieux de savoir que nous sommes partie intégrante d'une grande famille à dimension mondiale.»

Source: United Methodist News Service