France, Alliance Biblique Française: le Film «La Passion du Christ», de Mel Gibson, donne une formidable occasion de diffuser les Écritures en France

Réaction tardive mais non moins intéressante, celle de l'Alliance Biblique Française sur les retombées inattendues de la sortie du film de Mal Gibson "La Passion du Christ". EEMNI s'en fait l'écho; le président de l'Alliance Biblique Française apporte aussi ici son commentaire personnel au film, qui ne manque pas de piquant.


Le film de Mel Gibson «La Passion du Christ» a été précédé en France par une certaine polémique sur le sujet très sensible de l’antisémitisme. Néanmoins, les chrétiens ont décidé de profiter du battage médiatique autour du film pour inviter les spectateurs à lire les Écritures et notamment les récits de la passion et de la résurrection dans les quatre évangiles. 


En partenariat avec la Société biblique française, le TOP chrétien francophone, un portail chrétien sur Internet, a édité un CD-Carte intitulé «Le sens de la Croix». Ce mini CD contient le texte complet de la Bible dans la version Parole de Vie, une synopse des récits de la Passion dans les quatre évangiles et des commentaires sur le sens de la croix et du tombeau vide.


Le film de Mel Gibson ne peut laisser personne indifférent: il suscite des réactions très marquées, positives ou négatives. Dans ce climat particulier, le public apprécie qu’on lui propose de revenir aux Écritures pour vérifier par lui même en quoi le film est fidèle aux Évangiles et en quoi il ne l’est pas. 60 000 exemplaires du CD-carte ont été produits et plus de 50 000 exemplaires diffusés en trois semaines à partir de la sortie du film.


Voici la réaction du pasteur Claude Baty, président de l’Alliance biblique française, après avoir visionné le film: 


UN CHEMIN DE CROIX


Oui, le film de Mel Gibson (The passion of the Christ) est un chemin de croix. Dans sa conception d’abord, pour le spectateur ensuite.


La violence dont on a beaucoup parlé est là, brutale, bruyante, constante. Les scènes ne suggèrent pas, ne laissent donc place ni au mystère ni à l’appropriation personnelle; tout est montré et démontré ce qui fait que le spectateur est moins ému que choqué.


L’approche choisie heurtera certainement le spectateur protestant: d’abord par la place accordée à la tradition du chemin de croix, (sainte) Véronique, par exemple, est là, et Marie omniprésente.


Mais ce qui paraît le plus fondamentalement contestable c’est la manière dont est montrée la Passion. Elle n’est plus un mystère mais une performance. La Passion du Christ est filmée pour une contemplation visant une «communion aux souffrances». Cette illustration morbide (par moment à la limite du sadisme), ne laisse que très peu de place à la parole et donc à la possibilité d’une réponse personnelle autre que le dolorisme. C’est pourquoi je n’imagine pas que ce film puisse être un film d’évangélisation comme on a pu le dire. Le spectateur n’est pas impliqué, d’où peut-être les suspicions d’antisémitisme, mais on pourrait parler tout aussi bien d’anti-romanisme tant les soldats romains en rajoutent en bestialité. 


Dans les évangiles, la mort du Seigneur est objet d’un récit pas d’un reportage. On ne peut pas rendre compte de la Passion avec une caméra; l’image (quelle image choisir?) restera incompréhensible ou menteuse. Les évangélistes ont interprété les souffrances du Christ dans le cadre d’une histoire nourrie de références bibliques.


Leur récit appelle la participation du lecteur ou de l’auditeur ne serait-ce qu’en réponse à l’interprétation donnée. Certes les souffrances physiques sont importantes, nous aurions tort de les minimiser, mais elles ne sont pas la Passion tout entière comme le laisse croire ce film. La théologie qu’on perçoit à l’arrière plan de ce film est, pour le moins, discutable.


INFO-BIBLE N°18

Source: Alliance Biblique Française