Décès de B. Trajkovski: échos de la presse

La presse était unanime dans l'hommage qu'elle a rendue à Boris Trajkovski, président de la République de Macédoine.

Le quotidien genevois, le Temps, relève que, "malgré les compétences institutionnelles limitées de sa charge, Boris Trajkovski, s'était imposé comme un arbitre respecté et un facteur de modération, notamment durant la crise de 2001. Issu du VMRO-DPMNE (droite nationaliste), il s'était nettement distancié des va-t-en-guerre de son propre parti, notamment le premier ministre de l'époque, Ljupco Georgievski."


RÔLE EXEMPLAIRE


Dans les colonnes du Monde, Henri de Bresson souligne le rôle exemplaire du président Trajkovski pour la réconciliation dans les Balkans, mais aussi pour leur rapprochement avec les autres Européens. 


Macédoine: L'Europe perd un «ami» 


La Dépêche du Midi salue en Boris Trajkovski un homme politique tolérant, l'homme de dialogue qui a su éviter un bain de sang en 2001 entre ethnies rivales: cet homme politique prônait la tolérance ethnique dans un pays dont un quart des habitants sont albanais et qui a été, en 2001, le théâtre d'un conflit armé entre forces gouvernementales et rebelles albanais. Homme de dialogue, le président macédonien s'était efforcé d'éviter une fracture sociale durable en supervisant l'application des accords de paix signés entre partis macédoniens et albanais, qui devaient déboucher sur un rapprochement entre communautés macédonienne, et albanaise."


Radio Vatican salue la mémoire du président macédonien Trajkovski, un Méthodiste et même prédicateur méthodiste ayant étudié la théologie aux Etats-Unis. Selon ce média catholique, il avait fait œuvre de paix en Macédoine et devait présenter la demande d’entrée de son pays dans l’Union européenne.


"Son ancrage spirituel et ecclésial"


Le Temps relève ses points d'ancrage spirituel, sa singularité confessionnelle: "Ce juriste ... était issu de la minuscule communauté protestante du sud de la Macédoine. Au début du XXe siècle, une missionnaire américaine avait été kidnappée par des guérilleros macédoniens qui faisaient le coup de feu contre l'occupant turc. Elle obtint la conversion de ses ravisseurs, avant de devenir elle-même une fervente propagandiste de la cause macédonienne. ... Boris Trajkovski est toujours resté fidèle à l'Eglise méthodiste de Macédoine."


Pour le Temps, "ce protestantisme affiché lui a valu certificat de relative neutralité dans le contexte macédonien, dominé par l'opposition entre Macédoniens orthodoxes et Albanais musulmans."


Le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi, a parlé d’une "triste journée pour la Macédoine - qui perd un leader sage et équilibré, dans cette région des Balkans, et pour l’intégration de laquelle il avait fait tant d’efforts -, mais aussi pour l’Europe - qui perd un soutien des valeurs de la tolérance sur laquelle l’Union est fondée" relève Radio Vatican.


Le président Trajkovski était convaincu, souligne de son côté Federico Eichberg, un expert du monde balkanique, au micro de Radio Vatican, de "l’importance du dialogue interreligieux". "Il était méthodiste. Et c’est peut-être pour cela qu’il était porté à chercher le dialogue, lui qui venait d’une confession chrétienne minoritaire, avec la confession dominante en Macédoine, c’est-à-dire orthodoxe, mais aussi avec la confession catholique, avec l’islam, professé par quelques dizaines de milliers d’Albanais"


Il rend aussi hommage à la façon dont il a voulu que son pays accueille les réfugiés du Kosovo qui fuyaient la guerre.


Hommes du pape Jean-Paul II


Le pape Jean-Paul II salue en Boris Trajkovski l’homme de paix. 


Un avenir incertain


Au-delà de l'émotion, cette disparition fait craindre une nouvelle période de turbulences pour la Macédoine. La mort du président macédonien fait craindre une nouvelle période de turbulences pour le pays, redoute le quotidien suisse. Depuis les accords d'Ohrid, la paix est extrêmement fragile.


Exprimant au gouvernement et au peuple macédoniens l’assurance de sa proximité, le pape Jean-Paul II souhaite que "les efforts de paix" entrepris par le président Trajkovski inciteront la Nation à poursuivre le "dialogue" avec "décision", et "dans le respect réciproque et la réconciliation"


Source: EEMNI/Le Temps/La Dépêche/Zenit/Radio Vatican/Le Monde