Pakistan: Déclaration d'un évêque pakistanais: les chrétiens doivent offrir lumière et espérance

Selon un évêque pakistanais bien connu, les chrétiens du Pakistan et d'ailleurs doivent présenter une alternative positive aux extrémistes qui prônent la violence.


"Les terroristes sont des ambassadeurs de mort et de destruction", a déclaré l'évêque Alexander John Malik, du diocèse de Lahore de l'Eglise du Pakistan. "Nous qui sommes disciples du Christ devons être des ambassadeurs de lumière et d'espérance".


Comprenant huit diocèses, l'Eglise du Pakistan dans sa forme actuelle résulte d'une union, établie en 1970, entre Anglicans, Luthériens, Evangéliques Méthodistes et Presbytériens écossais. Malik, qui se nomme lui-même un "Anglican-plus", est à la tête du diocèse le plus ancien, qui fête ses 125 ans d'existence cette année. 


L'évêque s'est exprimé dans le cadre d'une rencontre avec la Commission Mission et évangélisation de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) portant sur les pressions politiques exercées sur le Pakistan depuis les événements du 11 septembre.


Certes, le Pakistan avait reconnu les Talibans en tant que dirigeants de l'Afghanistan. Mais Malik se déclare d'accord avec l'estimation du président pakistanais Pervez Musharraf, selon qui seuls 15 à 20 % de la population pakistanaise, très majoritairement musulmane, pouvaient être considéré comme faisant partie des extrémistes.


Mais, a ajouté l'évêque, Musharraf subit des pressions pour diverses raisons: sa coopération avec les Etats-Unis, les mouvements de troupes indiennes en direction de la frontière, le très grand nombre de réfugiés afghans entrant au Pakistan et enfin le conflit avec l'Inde au sujet du Cachemire, vieux de 50 ans mais toujours brûlant.


"L'Eglise subit elle aussi des pressions", a-t-il précisé. "Les musulmans pensent, étrangement, que tous les Américains sont chrétiens et que tous les chrétiens sont Américains".


C'est ce genre d'idée erronée qui a conduit à l'attaque du 28 octobre contre l'Eglise St Dominique à Bahawalpur, au cours de laquelle 16 chrétiens ont été massacrés. Malik a expliqué qu'apparemment, les assassins voulaient tuer un prêtre catholique américain servant dans cette Eglise. Mais en fait, ils ont attaqué un groupe de l'Eglise du Pakistan qui juste à ce moment célébrait un culte dans le sanctuaire catholique. Au moins 40 responsables politiques et religieux musulmans ont exprimé leurs condoléances après l'attaque.


Une autre attaque a été perpétrée le 17 mars à Islamabad, où des grenades ont été jetées pendant le culte de l'Eglise protestante internationale, tuant 5 personnes et en blessant 41. 


Les chrétiens, cependant, n'ont pas exercé de contre-violence. Malik a souligné que lorsque les extrémistes agissent, les autres ne doivent pas agir de la même manière qu'eux. "Nous n'avons pas d'autre choix que l'option de l'espérance, de la vie et de la paix".


L'évêque a insisté pour que tous les musulmans ne soient pas étiquetés comme terroristes et a ajouté que la plupart des musulmans pakistanais sont des modérés. Les extrémistes sont ceux qui ne parviennent pas à s'adapter au monde moderne et qui essaient de ressusciter l'islam du passé, plutôt que de tourner leurs regards vers l'avenir.


Pour Malik, qui a reçu en 2000 une "Etoile de distinction" du gouvernement pakistanais pour services rendus par l'Eglise dans les domaines de la santé et de l'éducation, les relations entre les chrétiens et le gouvernement actuel sont dans l'ensemble bonnes. Les écoles, qui avaient été nationalisées en 1972, sont progressivement rendues aux Eglises; un quota de recrutement d'officiers de police chrétiens a été institué et le Système d'élection séparée, qui discriminait les minorités religieuses en ne leur permettant de voter que pour des candidats issus de leur propre groupe confessionnel, a été aboli.


Les chrétiens continuent à demander l'abolition des lois pakistanaises contre le blasphème, encore que, comme l'a noté l'évêque, "il y a présentement plus de musulmans en prison du fait de ces lois contre le blasphème que de chrétiens".


La situation en Afghanistan reste une préoccupation majeure pour le Pakistan. Malik est d'avis qu'il y faut un gouvernement fort, jouissant d'un appui entier de la communauté internationale. "Si vous laissez les Afghans entre eux, ils vont recommencer à se battre"


Bien qu'une aide d'urgence soit nécessaire, l'évêque a souligné que l'éducation est la seule vraie réponse aux problèmes de l'Afghanistan. Il a d'ores et déjà proposé au gouvernement pakistanais d'ouvrir des écoles dans les camps de réfugiés et envisage d'étudier la possibilité d'un programme éducatif à Kaboul, qui faisait autrefois partie du diocèse de Lahore.


"Je suis convaincu que l'éducation est un instrument permettant de renforcer la croissance", a affirmé l'évêque.


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8 mai 2002

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)