"Plus qu'un ascenseur", ai-je vu récemment dans un encart publicitaire. La publicité veut transmettre la notion de plus-value pour inciter à l'achat. Elle utilise astucieusement les besoins humains fondamentaux tels que le désir d' "avoir plus", l'amour, la joie, le bien-être, l'appréciation, etc. pour proposer aux êtres humains des choses quotidiennes, matérielles. Devons-nous, nous aussi, nous engager dans cette voie et publier le slogan: "EEM - Plus qu'une Eglise" ? "Une Eglise Encore Meilleure" ?
Pourtant, si j'entre dans un ascenseur, je veux un bon ascenseur, rien de plus qu'un ascenseur. C'est pourquoi je souhaite que les chrétiens soient et restent des consommateurs et consommatrices critiques, donnant à chaque chose sa juste valeur, sans en attendre une valeur ajoutée que la chose ne peut pas fournir. Et je souhaite que les chrétiens restent des partenaires sobres, accordant à chaque personne sa juste valeur de créature de Dieu, sans attendre d'elle qu'elle fournisse ce que seul Dieu peut donner. Oui, je souhaite que les chrétiens restent "seulement" des croyants et n'attendent pas de recevoir de Dieu ce que Dieu, dans sa liberté, ne veut pas donner.
La combinaison de l'Evangile avec une "valeur ajoutée" - que cette bénédiction supplémentaire se nomme "bien-être" dans les pays pauvres ou "santé" comme chez nous - engage Dieu au service des besoins humains. Je préfère vivre sans fausses illusions de valeur ajoutée, même dans l'Eglise. Que chaque chose et chaque être humain soit reconnu à sa propre valeur et que Dieu seul soit Seigneur, à qui nous nous confions de tout cœur.
Patrick Streiff, évêque
Calendrier : 8 -11 juin : Conférence Annuelle en Pologne; 15 - 18 juin : Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord.
Kirche+Welt, n° 10, 1er juin 2006