France, CPDH: la laïcité selon Jacques Chirac

La laïcité selon Jacques Chirac. Six jours après la remise du Rapport Stasi, Jacques Chirac dans son discours du 17/12/03 a repris à son compte l'esprit et plusieurs propositions de celui-ci. Il a souhaité le vote et l'application rapides d'une loi interdisant les signes religieux "ostensibles" à l'école. Il a précisé qu'il ne s'agissait pas de "refonder" ou de "modifier les frontières" de la laïcité existante, mais de la "faire vivre en restant fidèles aux équilibres que nous avons su inventer et aux valeurs de la République". Le Président a aussi affirmé que "bien que porteuse de chances nouvelles, la mondialisation inquiète, déstabilise les individus, les pousse parfois au repli" permettant ainsi à "l'obscurantisme et au fanatisme de gagner du terrain dans le monde". Admettant que "face aux incertitudes du temps et du monde", la tendance naturelle était de rechercher des "références plus personnelles, plus immédiates" (famille, solidarités de proximité, engagement associatif), il a souhaité que "ce mouvement trouve ses limites dans le respect des valeurs communes". Selon lui cela représente un danger: Il a en effet avoué que "Le danger, c'est la libération de forces centrifuges, l'exaltation des particularismes qui séparent. Le danger, c'est de vouloir faire primer les règles particulières sur la loi commune. Le danger, c'est la division, c'est la discrimination, c'est la confrontation". Jacques Chirac a aussi annoncé que "tous les enfants de France, quelle que soit leur histoire, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur croyance, sont les filles et les fils de la République". A propos de l'école, il a ajouté que " l'école est au premier chef le lieu d'acquisition et de transmission des valeurs que nous avons en partage. L'instrument par excellence d'enracinement de l'idée républicaine "et qu'elle était" un sanctuaire républicain que nous devons défendre, pour préserver l'égalité devant l'acquisition des valeurs et du savoir, l'égalité entre les filles et les garçons, la mixité de tous les enseignements, et notamment du sport. Pour protéger nos enfants. Pour que notre jeunesse ne soit pas exposée aux vents mauvais qui divisent, qui séparent, qui dressent les uns contre les autres. C'est pour cela qu'il estime qu'une "loi est évidemment nécessaire" afin "d'ouvrir les esprits et les cœurs". Son objectif "est de faire comprendre aux jeunes concernés les enjeux de la situation et de les protéger contre les influences et les passions qui, loin de les libérer ou de leur permettre d'affirmer leur libre arbitre, les contraignent ou les menacent".


Commentaire du Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)


Si dans la forme, le discours de Jacques Chirac paraît teinté de sagesse et d'un esprit unificateur, il nous semble pourtant que quelques éléments peuvent faire craindre une loi plus abusive qu'égalitaire. En effet, un Etat qui montre du doigt les particularismes et se prépare à les "combattre" au nom d'une pseudo lutte contre les discriminations, n'est-il pas déjà en train d'exercer des pressions sur la liberté du citoyen et de se placer lui-même en discriminateur? Une République qui s'autoproclame "mère" des enfants de ses citoyens n'est-elle pas lancée dans une subversion de son rôle? Faut-il vraiment supprimer l'influence de la famille pour lui substituer une obéissance à la nation? Comment aussi ne pas s'inquiéter lorsque le chef de l'Etat reconnaît à l'école une responsabilité jusque là dévolue aux parents, celle de transmettre et d'inculquer les valeurs à leurs enfants? Avec les mesures annoncées quant à l'interdiction des signes religieux, la France semble franchir une nouvelle étape, celle d'une mise hors la loi du fait religieux et donc de la tradition chrétienne.


21/12/03

Source: CPDH - Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine