Selon China Aid, des douzaines de chrétiens, faisant partie d’une assemblée chrétienne à Pékin, ont été arrêtés trois semaines d’affilées, chaque fois qu’ils essayaient de se réunir en plein air. Le dimanche de Pâques (24 avril), l’église de Shouwang a tenté de célébrer un culte en plein air, mais les fidèles ont rencontré des policiers qui les attendaient. Au moins 36 personnes ont été emmenées au poste de police. Pour certaines de ces personnes, c’était leur deuxième ou même leur troisième arrestation en moins d’un mois. Le dimanche 17 avril, 47 chrétiens ont été arrêtés lorsqu’ils ont essayé de célébrer un culte en plein air. Une semaine auparavant, le dimanche 10 avril, quelques 200 chrétiens se sont rassemblés à un endroit convenu entre eux, mais les policiers, qui ont été prévenus, ont rendu l’endroit inaccessible et arrêté de nombreuses personnes. Environ un millier de policiers ont obligé 169 chrétiens à monter dans des autocars et les ont emmenés dans une école locale, tandis que d’autres ont été détenus dans des postes de police. Les autorités ont confisqué des téléphones portables et interrogé les chrétiens, en leur donnant l’ordre d’écrire des lettres de repentance. Beaucoup de ces chrétiens ont refusé d’obéir aux policiers, et ont été détenus. Ils ont chanté des cantiques jusqu’au moment de leur libération, plus tard dans la nuit. De plus, un certain nombre de pasteurs et aînés ont été assignés à leurs domiciles par les policiers, afin de les empêcher d’assister au culte dominical. Vingt-quatre heures après les arrestations, la plupart des chrétiens avaient été libérés, seulement le pasteur et deux autres chrétiens sont restés en détention.
Pendant la semaine entre les deux vagues d’arrestation, certains membres de l’église de Shouwang ont perdu leur emploi suite à leur participation au culte en plein air, et d’autres ont été expulsés de leur logement par les propriétaires qui ont subi des pressions de la part des autorités.
Cette église de Shouwang, qui compte mille membres, a précédemment été expulsée d’un restaurant qu’elle louait, qui servait de lieu de culte. Le gouvernement a exercé des pressions pour que d’autres propriétaires n’acceptent pas de leur louer des locaux, et l’église n’a pas non plus pu acheter un local, le propriétaire ayant été mis sous pression pour ne pas signer le contrat et confier les clés à l’église. Sans un local pour célébrer leur culte, les fidèles ont été obligés d’essayer de tenir des cultes en plein air.
China Aid informe que le niveau de persécution des églises non enregistrées (églises de maison) par les différentes administrations a augmenté et s’est intensifié.
200 de leurs membres étaient attendus l’été dernier à Cap Town pour le grand rassemblement missiologique initié par le Mouvement de Lausanne. Les autorités chinoises ne leur ont pas accordé l’autorisation de s’y rendre.
Ursula Gauthier, journaliste au Nouvel Observateur, vient de consacrer à cette église en plein développement et en butte à une persécution continue une page de son blog.
01 juin 2011
Chine, de Mao à Jésus : la vague protestante
De plus en plus nombreux, les protestants font peur au régime. Ils sont médecins, avocats, professeurs, parfois membres du Parti. Ils comptent dans leurs rangs de nombreux défenseurs des droits de l'homme. Chaque semaine, la police chinoise arrête par dizaines les fidèles de Shouwang, la plus emblématique des « églises indépendantes ». Mais pour leur foi, ils sont prêts au martyre.
Voici presque deux mois qu'on les voit arriver chaque dimanche à 8h30 tapantes, sur cette vaste place peu accueillante du quartier des universités à Pékin, avec sur le visage une curieuse expression d'hésitation et d'audace. Jeunes filles frêles en jeans et queue de cheval, couples de quadras bien mis, messieurs distingués ayant l'air de profs à la retraite, etc. A peine font-ils mine de se regrouper que des policiers en tenue anti-emeute se précipitent sur eux. Ils se laissent alors embarquer sans opposer de résistance. Dans le bus qui les emmène au poste, ils ouvrent leur missel et entonnent en chœur des cantiques.
Fonds Barnabas - Nouvel Observateur / EEMNI