A Wuppertal, a eu lieu du 14 au 16 décembre une Consultation sur le Sierra Leone. Ce petit pays d'Afrique de l'Ouest a connu une guerre brutale huit années d'affilée; nombreuses ont été les pertes humaines et le pays a été à ce jour totalement détruit. La guerre a été financée essentiellement par l'exportation illégale de diamants; le sous-sol de ce pays riche contient des trésors. Ce sont les «Autorités pour la Mission et la collaboration internationale» de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) qui avaient convoqué cette Consultation de trois jours à Wuppertal; au coeur des échanges, la question de la réconciliation et de la reconstruction du pays. L'Evêque Dr Walter Klaiber a présidé la rencontre; une trentaine de personnes y ont participé en provenance du Sierra Leone, des Etats Unis et de différents pays européens pour convenir ensemble des priorités et mettre sur pied des programmes de reconstruction. L'oeuvre d'entraide de l'UMCOR des Etats Unis y était représentée de même que les responsables suédois et britanniques de la mission sans oublier les oeuvres d'entraide allemandes dépendantes des Eglises «Pain pour le monde» (en allemand: "Brot fuer die Welt" -BfW) et «Services en Outre-mer» (en allemand: "Dienste in Uebersee"). Les participants ont entendu entre autres rapports celui de l'Evêque Humper sur le chemin de la paix au Sierra Leone. Ce rapport a produit une forte impression L'Evêque méthodiste est le co-président chrétien du «Conseil interreligieux» au Sierra Leone. Dans ce Conseil se retrouvent des musulmans et des chrétiens pour oeuvrer ensemble en faveur de la paix. Les musulmans constituent à eux seuls le groupe religieux du pays le plus important avec quelques 40% de la population. Les interventions du «Conseil interreligieux» ont été déterminantes dans la signataire du traité de paix le 7 juillet 1999 à Lomé. Grâce à cet accord, les dirigeants des rebelles sont intégrés au gouvernement. «C'était la seule manière», déclare l'Evêque, «de parvenir du moins à une paix provisoire et de mettre un terme aux massacres et aux mutilations cruels.» Les participants sont unanimes pour reconnaître que le chemin pour parvenir à une paix véritable sera encore très long. Une paix authentique implique l'interdiction et la fin de toute contrebande de diamants illégale à partir du Sierra Leone. Car ce sont les diamants qui ont enrichi les chefs de guerre et leur ont permis d'acheter toujours à nouveau des armes. La paix authentique implique aussi tout un travail d'analyse des cruautés et des atteintes aux droits de l'homme survenues lors de cette guerre dans le cadre d'un programme accepté par tous les parties en présence. L'Evêque Humper a attiré l'attention que seules les atteintes aux droits de l'homme commises avant le 1er juillet 1999 bénéficieraient d'une amnistie générale. Les crimes commis après cette date seront poursuivis et punis. Au coeur des programmes planifiés et convenus à Wuppertal figurent l'aide aux réfugiés et leur retour au pays. D'ici la prochaine saison de pluie, ils ont besoin de nourriture et de semences ensuite comme ils auront besoin de simples outils agraires pour pouvoir assurer leur autoalimentation. Dans le cadre de la reconstruction du pays entre aussi en jeu la mise en place de projets sanitaires, scolaires et de rééducation pour les anciens belligérants et pour la population civile; il faut que les uns et les autres puissent revenir sur les cruautés indicibles de la guerre en vue d'en guérir. Les Eglises en appellent au soutien extérieur pour l'envoi de pasteurs dans les lieux où les réfugiés reviennent. Ils doivent accueillir et accompagner les réfugiés sur leur chemin de retour. Les Eglises Méthodistes d'Europe s'engagent à mener une action et un travail en commun avec les deux Eglises de tradition méthodiste au Sierra Leone. D'autres programmes plus importants doivent être menés, mais seulement sur le plan oecuménique, car seuls des programmes menés en commun auront des chances de succès après une destruction aussi complète du pays. Les représentants du Sierra Leone manifestent une espérance contagieuse et s'engagent en faveur de la reconstruction de leur pays: leur élan a été un encouragement pour tous les participants. Souvent leur désir d'aide avait été comparé aux expériences faites par le peuple allemand après la seconde guerre allemande en matière d'aide et de soutien. «Nous sommes un peuple d'espérance», disait l'Evêque Humper, «et nous nous fions à votre aide et à vos prières.»
>Source: Responsables de la Mission de l'EEM/Allemagne - Thomas Kemper