DES FEMMES COREENNES ESPERENT OBTENIR UN NID POUR LE RESTANT DE LEURS JOURS

Une vieille femme coréenne descend une rue sinueuse de la ville militaire de Anjung-Ri. Photo UMNS de Kathy L. Gilbert.

Une femme âgée arpente une rue sinueuse et étroite jusqu'à son appartement d'une pièce, où elle vit avec un passé qui l'a laissée sans avenir.

Elle est l'une des 300.000 femmes contraintes à la prostitution à la suite de la guerre de Corée. 

Beaucoup de femmes veuves ou devenues orphelines suite au conflit 1950/53 se sont regroupées dans la cité militaire de Anjung-Ri pour tenter de survivre. Elles n’ont pas eu d’autre choix sinon de se prostituer dans une industrie réglementée et régulée à la fois par le gouvernement coréen et le gouvernement des États-Unis. Maintenant que ces femmes ont 60 et 70 ans, beaucoup d'entre elles souffrent d'une mauvaise santé, de l'aliénation sociale et de l'angoisse, selon Soon Duk Woo.
Une femme évangélique méthodiste, Woo, a ouvert le Centre Sunlit Sisters en 2002 pour soutenir les femmes asiatiques et les enfants conçus avec un père soldat américain. Baptisés «Amérasiens», ces enfants sont aussi généralement rejetés par la société. Woo a déclaré que le gouvernement coréen et l'Eglise méthodiste coréenne n'apportaient guère de soutien officiel.

Woo est diplômée de la Faculté de théologie méthodiste et de l'École supérieure de théologie méthodiste de Corée. Le Carrefour des Femmes de l'EEM a soutenu Woo comme étudiante à la Ewah Graduate School of Social Welfare, et d'anciens étudiants de ces établissements apportent un soutien au Centre. Le Centre a également reçu une subvention de $ 30,000 en 2004 de la commission Eglise et Société de l'EEM.

«Ces femmes sont privées de biens, de dignité, de famille», a déclaré le pasteur Neal Christie, un des responsables de la commission Eglise et Société. «Elles vivent avec des capacités physiques et mentales réduites, leurs corps portent la trace des abus qu'elles ont subis, mais elles ont une foi et une confiance pleine de vitalité. On leur fait suivre une thérapie par l'art, du sport, des cours d'alphabétisation, des cours de sensibilisation juridique, et on tente de poursuivre en justice les militaires responsables. J'ai prêché pour elles lors d'un culte. Cinq ans plus tard, je me souviens encore de leurs visages».

Selon Christie, le centre «est un témoignage visible des maux engendrés par l'expansionnisme et la connivence néo-coloniale de l'empire américain. Il n'est pas situé à l'extérieur de la porte de la cité, pour reprendre une référence biblique. Il est situé dans ce centre et demeure très visible».

Maisons en péril

Dans une petite maison en location, Woo propose le lundi soir des réunions où les sœurs partagent un repas et un culte. Le Centre organise également des cultes spéciaux dans l'ensemble de l'année. Aussi souvent que possible, Woo organise des sorties, des pique-niques, de la thérapie par l'art et des consultations médicales et dentaires. 

Un plus grand problème se présente cependant à ces femmes. Woo est effrayée de voir que ces femmes seront expulsées de leurs modestes maisons, étant donné que la région se développe et entend répondre au déplacement de soldats américains de Séoul à la ville voisine de Camp Humphreys. En 2012, le quartier général des troupes américaines fera grossir la population de 10.000 à 45.000 personnes environ.
Alors que c'est une bonne nouvelle pour beaucoup d’habitants de la ville, le changement représente une menace de plus pour la fragile existence de ces femmes. La plupart vivent dans un studio à 100 $ par mois, mais leurs propriétaires sont de plus en plus portés à vendre leurs propriétés pour construire de nouvelles maisons qui peuvent leur rapporter de $ 1.500 à $ 2.000 par mois en location.
«Nos sœurs sont sur le point d'être expulsées dans la rue», a déclaré Woo. «Le Centre Sunlit Sisters prie instamment le Seigneur pour qu'il accorde un nid à nos soeurs pour le restant de leur vie».

«La vie est très dure»

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Lors d'un récent samedi après-midi, les femmes se sont rassemblées au centre pour cuisiner, partager un repas et discuter de leurs besoins. Esther Cho, 21 ans, une amérasienne formée dans des écoles américaines en Corée, aide Woo et les femmes à parler avec leurs visiteurs venant des États-Unis.     

En raison de leur passé, les femmes ont demandé de ne pas être identifiées ni photographiées. Beaucoup ont dit qu'elles avaient des enfants qui ont été adoptés et qui vivent maintenant aux États-Unis.

«Nous ne voulons pas les embarrasser», explique une femme.

«Ma santé est mauvaise et on nous prend tous les vieux bâtiments», a déclaré l'une des femmes. «C'est un gros problème, surtout quand le gouvernement vous donne seulement 200 $ et que votre loyer est de 100 $."

«Mon plafond a des fuites, et j'ai demandé au propriétaire de réparer le toit depuis cinq ans», a dit une autre. «Ça coûte trop cher de déménager. Que puis-je faire?»

Les femmes sont reconnaissantes pour l'assistance de Woo. «Mme Woo essaie d'aider autant qu'elle le peut. Elle nous donne du réconfort, mais cela ne suffit pas. La vie est très dure », a dit une femme.

Cho est l'une des enfants amérasiens que Woo essaie d'aider. Elle aimerait aller au collège, mais Cho n'a pas l'argent nécessaire pour aller dans un collège coréen et elle besoin de l'aide de son père pour rejoindre une université américaine. Le père de Cho a été un soldat américain qui a quitté sa mère alors qu'elle était enceinte.

«J'ai essayé de communiquer avec mon père, mais il ne veut pas avoir à faire avec nous», a dit Cho, en essuyant ses larmes.

Woo essaie de lever des fonds pour construire un nouveau bâtiment à usages multiples. C'est son rêve d'être en mesure d'offrir à ces femmes un logement ainsi qu'un lieu de culte, de fraternité et de loisirs.

"Dieu nous ordonne de protéger les veuves, les orphelins et les étrangers", a déclaré Woo. «Le projet (un nouveau bâtiment à usages multiples), vise à aider les femmes et les enfants de Anjung-Li à vivre comme des êtres humains en Jésus-Christ».

* Gilbert est journaliste auprès du service de presse évangélique méthodiste (UMNS) basé à Nashville, Tennessee

8 décembre 2008 | ANJUNG-RI, Corée du Sud (UMNS)

UMNS