Arte (Strasbourg) a déclenché une forte controverse avec la soirée thématique du 19 septembre consacrée au fondamentalisme chrétien. Des analystes protestants et représentants du mouvement évangélique critiquent en particulier la contribution "Quand la Bible devient une arme". Aux dires des auteurs Peter Moers et Frank Papenbroock, on ne compte pas seulement des intégristes chrétiens aux USA, mais aussi en Allemagne. Les défenseurs du créationnisme exercent de plus en plus d'influence. C'est ainsi que 73 % de la population américaine tiennent l'histoire de la création biblique pour authentique tandis que seulement 22 % croient l'évolution scientifiquement fondée d'après l'opinion des auteurs. Entre autres, l'émission a porté sur l'organisation "Answers in genesis" (Réponses dans la Genèse) qui a construit un musée créationiste dans le style de Disneyland dans l'Etat fédéral du Cincinnati pour 20 millions d'euros de dons. Ces partisans du créationnisme croient que la terre a seulement 6.000 ans d'âge et qu'autrefois dinosaures et humains peuplaient en commun la terre. Les cinéastes informent en outre que des professeurs enseignaient le créationnisme dans deux Ecoles de Gießen en alternative à l'évolution dans le cours de biologie : à l'école publique de Liebig et à l'Ecole privée August-Hermann-Francke. Les protestations de parents seraient restées jusqu'ici infructueuses.
Protestations pour diffamation globale
L'Observatoire protestant (EZW), une institution de l'Eglise Protestante d'Allemagne (EKD) critique la désignation indifférenciée du "fondamentalisme chrétien". C'est "très mauvais" de désigner ainsi globalement un partisan du créationnisme. "C'est un signe d'ignorance", déclare le responsable de l'EZW Michael Utsch (Berlin). A son avis, il y a dans la théorie de l'évolution "un manque sensible d'explications" qui justifient des retours critiques. Il y a de telles lacunes aussi dans le créationnisme. Mais il serait erroné d'affirmer que le créationnisme appartient au Moyen-âge. Au contraire il offre "à plus d'un titre un début d'explications fort intéressantes". Utsch s'oppose aussi à ce que l'on désigne les écoles chrétiennes libres comme des "écoles intégristes bibliques". Ces écoles procurent une éducation ajustée sur des valeurs. Ainsi auraient-elles "la cote" en beaucoup d'endroits. On pourrait éventuellement qualifier quelqu'un d'intégriste/fondamentaliste, ajoute Utsch, si celui-ci affirme être le seul à posséder une vérité spirituelle et s'il interprète à la lettre la Bible: "pourtant Dieu ne nous a pas équipés sans raison de la raison".
"Parole et Science" : le film attise les peurs
Le collaborateur scientifique du groupe de recherche "Parole et Science", Reinhard Junker (Baiersbronn/Forêt-Noire), tient le film comme une "polémique dirigée contre les chrétiens pour qui la Bible est une source d'information réaliste". L'émission a attisé des peurs : "Ici le danger d'un fondamentalisme chrétien, comme évoqué dans le film, est très loin de la réalité." Il critique en outre le fait que ni les élèves, ni les parents ni les professeurs actifs de l'Ecole August-Hermann-Francke n'aient vraiment eu la parole, mais seulement un ancien élève ainsi qu'un ancien professeur. Cependant, Junker a exprimé ses réserves à l'égard des créationistes américains présentés dans le film : Il a peur devant l'assurance affichée par les partisans du créationnisme présentant tel vague modèle d'apparition de la terre comme bibliquement et scientifiquement fortement étayé. Même les partisans du créationnisme au même titre que le groupe de recherche "Parole et Science" se posent encore des questions. Le film l'a cependant masqué au même titre que les nombreuses questions critiques avancées par les sciences naturelles contre la théorie de l'évolution. Lothar Jost, directeur de l'Ecole August-Hermann-Francke critiqué dans le film, repousse comme tendancieuse la présentation faite dans le film. Un débat dans les règles n'a manifestement pas été souhaité ni "possible". Maintenant il n'a qu'un but en vue, protéger l'école de campagnes déplacées.
Des hommes politiques de RFA / Hesse s'adressent au Ministre des cultes
Le film évoque aussi les réactions du monde politique. Deux députés du Landtag de Hesse/RFA, Heike Habermann (Offenbach) et Thorsten Schäfer-Gümbel (Giessen), ont invité Madame le Ministre des cultes Karin Wolff (CDU) à prendre position. Ce serait un "fait intenable et inacceptable", si l'enquête menée par Arte était confirmée. Madame le Ministre devrait préciser "le retrait immédiat de cet enseignement et les conséquences pour les professeurs concernés". Le ministère annonce l'ouverture d'une enquête.
La directrice de l'Ecole : il faut retirer le créationnisme des cours de biologie
Le film et le reportage à ce sujet ont conduit, entre temps, l'Ecole publique de Liebig à interdire immédiatement l'enseignement du créationnisme des cours de biologie. Wolfgang Meier, professeur de 55 ans, en a été avisé et a exprimé son accord avec le nouveau règlement, déclarait la directrice de l'Ecole Heidrun Sarges vis-à-vis d'idea. D'après ses indications, tous les programmes d'études ont été respectés. Ils prévoient le traitement du sujet de l'évolution. Meier a été le seul professeur à avoir discuté à titre personnel du créationnisme exclusivement avec les élèves de la 13ème classe : "Il n'y a eu aucun endoctrinement scolaire." Et pourtant, on tient cette pratique compromettante, entre temps. " Nous sommes devenus plus sensibles ", disait la directrice de l'Ecole en allusion aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 et à la controverse actuelle des citations sur l'Islam du pape Benoît XVI. En même temps, la directrice de l'Ecole regrettait que Meier ait accordé une interview à Arte sans l'autorisation préalable de l'Ecole. Il n'a plus le droit de s'exprimer vis-à-vis des média.
KEP : on met le fondamentalisme chrétien sur le même plan que le fondamentalisme islamique
L'Union des médias chrétiens (Der Christliche Medienverbund = la Conférence des publicistes évangéliques) KEP reproche aux auteurs du film diffusé par Arte de caricaturer la foi judéo-chrétienne au Dieu créateur. "Le titre provocateur de cette contribution est déjà une offense pour les chrétiens croyants", explique le directeur KEP Wolfgang Baake (Wetzlar). La notion de "guerre de religion" dans le titre même du film assimile tacitement les chrétiens aux intégristes islamiques et laisse entendre que les chrétiens veulent imposer leurs convictions par la force. Le film les a présentés, en outre, comme des personnes dénuées de raison et adversaires de la modernité : "on laisse entendre dans le documentaire que les chrétiens veulent réintroduire la pensée du Moyen-âge. Pourtant, c'est une complète absurdité." Baake appelle à protester auprès d'Arte : "il est inconcevable que nous cofinancions avec la redevance télé des offenses à des chrétiens."
21.09.2006/Nr. 262
traduction eemni
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