Par John Singleton*
L'accès à des soins de santé adéquats est un problème qui concerne tout un chacun, où qu'il ou elle vive. Et le fait que la qualité des soins de santé soit, pour le moins, très inégale dans les nombreux pays comptant des Eglises membres de la famille méthodiste mondiale, nous interpelle.
Dans certaines régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, par exemple, ce service n'est probablement pas meilleur aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque de John Wesley, dans la deuxième moitié du 18e siècle. Et même ceux d'entre nous qui bénéficions aujourd'hui de systèmes d'assurance-maladie ou de services nationaux de santé publique, vivent dans des pays où il y a une sous-classe nombreuse de personnes qui, pour diverses raisons, ont passé entre les mailles du filet sanitaire et sont complètement dépendantes de l'assistance.
Historiquement, le témoignage social du méthodisme a toujours comporté un volet visant à aider la personne tout entière et apporter la guérison à ceux qui étaient le plus dans le besoin, que ce soit dans le contexte de l'Eglise en mission outremer ou devant notre porte, au sein des communautés les plus pauvres. Ce faisant, notre Eglise partage l'empathie de John Wesley, fondateur du mouvement méthodiste qui, réalisant qu'en Angleterre seuls les riches avaient accès aux médicaments, a tenté d'apporter des conseils pratiques de soins de santé aux ouvriers et à tous les autres qui n'avaient pas les moyens de consulter un médecin.
Plus de 250 ans après la publication de l'ouvrage de Wesley intitulé "Primitive Physick (sic)" (médecine élémentaire) - sous-titré "Une méthode facile et naturelle pour guérir la plupart des maladies" -, les progrès de la science médicale ont apporté des avantages inouïs à des millions de personnes. Mais dans le contexte du 18e siècle, Wesley prônait des remèdes naturels et des règles relevant avant tout de la médecine de la personne. C'est d'ailleurs l'exemple de son propre style de vie, quelque peu intellectuel, qui transparaît constamment au long de ses écrits à ce sujet.
Wesley partait du fait que l'humanité s'étant rebellée contre son créateur, l' "élément
Incorruptible s'est corrompu et l'immortel est devenu mortel". Il croyait que "la semence de la faiblesse et de la douleur, de la maladie et de la mort est désormais logée au plus profond de notre substance; d'où il résulte que mille désordres en jaillissent continuellement, sans même l'aide de violence extérieure. Et leur nombre est accru, ô combien, par tout ce qui nous entoure ! Les cieux, la terre et tout leur contenu conspirent pour punir les rebelles contre leur Créateur".
Les conseils de Wesley en matière de santé peuvent nous paraître simplistes, naïfs et parfois même comiques. Pourtant, plus de deux siècles plus tard, certains de ces points relèvent toujours du bon sens le plus élémentaire."Mangez des aliments naturels, faciles à digérer, et ceci aussi parcimonieusement que possible, en rapport avec votre confort et votre force", écrivait-il. "Pratiquez chaque jour l'exercice physique en plein air, autant que vous pouvez le faire sans fatigue. Soupez à six ou sept heures d'une nourriture aussi légère que possible; couchez-vous tôt et levez-vous de bon matin. Persévérer avec constance dans ce style de vie est souvent la moitié de la guérison. Par dessus tout, ajoutez-y (car ce n'est pas peine perdue) ce vieux remède démodé, la prière".
Pour ce qui est de l'absorption de liquides, Wesley décrivait l'eau "comme la boisson la plus complète"; elle stimule l'appétit et favorise la digestion. Par contre, s'agissant de boissons "fortes et plus particulièrement de spiritueux", il les condamnait comme étant de "lents, mais véritables poisons". Nous savons d'autre part que le fondateur du mouvement méthodiste avait fini par s'abstenir radicalement de café et de thé, qu'il a décrits une fois comme "extrêmement nuisibles pour les personnes qui ont des nerfs faibles". Il prônait - et pratiquait - l'habitude de se coucher à 21 heures et de se lever à 4 ou 5 heures (une heure matinale où il prêchait fréquemment en plein air devant les foules).
Si l'on sait que Wesley a vécu jusqu'à l'âge de 87 ans et qu'il n'a pas cessé de voyager (on estime qu'il a parcouru quelque 250'000 miles au cours de sa vie), on ne sera pas surpris d'apprendre qu'il croyait "qu'une bonne dose d'exercice physique" est indispensable pour une longue vie en bonne santé. "La marche est le meilleur exercice pour ceux qui la supportent et l'équitation pour ceux qui ne la supportent pas", a-t-il écrit. "Le plein air, quand le temps est convenable, contribue pour beaucoup au profit que l'on tire de l'exercice".
Il préconisait que les personnes studieuses prennent régulièrement de l'exercice, jusqu'à deux ou trois heures par jour et qu'elles se rasent et se lavent les pieds fréquemment. "Ceux qui lisent et écrivent beaucoup devraient apprendre à le faire debout; à défaut, leur santé en pâtira", a dit Wesley, qui était connu pour lire et écrire pendant ses déplacements. Il était également en faveur de bains froids, persuadé qu'ils prévenaient "une abondance de maladies".
Le fait que, vers la fin de sa vie, Wesley ait essayé l'électricité - une nouveauté - comme antidote à certaines maladies et qu'il ait ouvert des dispensaires où les pauvres pouvaient recevoir des conseils de santé témoignent bien de sa curiosité intellectuelle et de son souci de répondre à tous les besoins des gens. Sa "machine électrique" est toujours visible dans sa maison de Wesley's Chapel, Londres, Angleterre.
Il ne fait pas de doute que Wesley aurait été enthousiasmé par les grands progrès accomplis par la science médicale depuis son époque, mais il aurait été choqué que certaines populations parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de notre monde ne puissent en bénéficier.
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Singleton est l'ancien rédacteur adjoint du de la revue Methodist Recorder, publiée à Londres, Grande-Bretagne; il est actuellement administrateur à plein temps de l'église méthodiste et de ses projets sociaux à Tower Hamlets, à Londres-Est.
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22 avril 2002
Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)