Ces derniers temps, nombreux sont les reportages sur les désordres en cours en Kabylie. Dans ces troubles, il s'agit en premier lieu pour la population d'exprimer son mécontentement par rapport au gouvernement algérien: le chômage, les licenciements collectifs, l'instruction publique désastreuse ainsi que la corruption au plus haut niveau engendrent la peur quant à l'avenir et mènent les plus courageux aux manifestations et aux grèves. Dans cette situation déjà tendue s'ajoute le danger supplémentaire de confrontations ethniques et religieuses. Les Kabyles ainsi que les chrétiens sont dans ce pays arabe et musulman des minorités particulièrement observées par le reste de la population. Ils ne devraient pas prêter le flanc à la moindre critique pour ne pas augmenter le taux de mécontentement.
Une collaboratrice méthodiste de l'Eglise Protestante de l'Algérie informe de ce qui s'est passé durant les derniers jours d'avril:
"Ici à Ouadhia, les manifestations ont commencé à midi vendredi (Réd.: le 27 avril). Un grand nombre de jeunes a bombardé la gendarmerie, brûlé des pneus et crié à pleine gorge. Du gaz lacrymogène a été employé. Certaines cartouches volaient jusqu'au toit de notre immeuble récemment construit et dans son jardin. Malheureusement, on a aussi tiré des coups de feu et un garçon a été mortellement touché, et d'autres gravement blessés.
Samedi, les troubles ont continué et n'ont pas perdu de leur intensité, jusqu'à ce qu'on se soit mis d'accord sur un ultimatum: la brigade devait se retirer, car elle était accusée d'avoir abusé de ses droits. Malheureusement, on a eu à déplorer cette fois encore trois autres morts par les coups de feu précis tirés par les forces d'ordre renforcées. En outre, un policier était touché mortellement par le jet d'une brique. Dimanche, la situation était tendue, on ne peut plus critique. Malheureusement, l'ultimatum n'a pas été respecté. Nous considérons comme un exaucement de nos prières le fait que le maire et citoyen fort estimé ait pu trouver les mots justes et dissuader les gens de recourir une nouvelle fois à la force. A la différence d'autres endroits, rien n'a été endommagé chez nous sinon le bâtiment de la gendarmerie.
Lundi, la pluie longtemps attendue tombait si massivement que personne n'a été d'humeur à reprendre la bataille. Mardi 1er mai, c'est habituellement le seul jour férié pour les ouvriers et fonctionnaires - comme depuis jeudi - tout est resté fermé, sans aucun moyen de transport, aucun café ouvert. La morosité était de règle dans la région, sans compter la peine pour les victimes de la révolte.
Depuis trois mois, nous avions projeté pour l'Eglise pour la période du 1er au 3 mai une opération 'Portes Ouvertes' à l'intention de nos concitoyens d'Ouadhia. Après une certaine hésitation, nous avons décidé de réaliser ce projet malgré les circonstances particulières. Ils étaient presque 400 personnes, le plus souvent des jeunes, à avoir profiter de l'occasion pour y faire un tour sans obligation de leur part. Ceux qui le voulaient ont reçu gratuitement un évangile."
17.05.2001
Source: Secrétariat de la mission mondiale de l'EEM