Des millards échappent aux pays en voie de développement à cause du secret bancaire
Le secret bancaire suisse est inique
Le secret bancaire est contraire aux exigences fondamentales de l'éthique et doit par conséquent être adapté. C'est la conclusion d'un rapport commandé par l'Institut UGB et l'Alliance Évangélique Suisse à l'occasion du Forum économique mondial de Davos.
Près d'un tiers des fortunes off-shore du monde sont dans des banques suisses. 70 à 90 pourcents de celles-ci ne sont pas taxées. Cela concerne aussi beaucoup d'argent des états du Tiers-Monde, dont les dirigeants déposent leur fortune dans des banques suisses. Une étude établit que rien que par l'évasion fiscale – donc sans l'imposition sur la fortune réelle – les pays en voie de développement perdent 15 milliards de dollars. Le secret bancaire suisse, qui permet de telles manoeuvres, a donc une part indirecte dans la pauvreté du Sud. Le document cite un exemple concret en Angola. Il faudrait que le lien avec le secret bancaire suisse soit mentionné lors des discussions sur la pauvreté et l'aide au développement du Forum de Davos.
Alors qu'en Suisse la législation sur le blanchiment d'argent est très sévère, la distinction faite entre la fraude et l'évasion fiscale offre une brèche à cette dernière. La suisse est un paradis pour les capitaux évadés parce que les banques n'ont pas le droit de donner de renseignements sur les évasions fiscales. Cela fausse la concurrence fiscale, c'est anti-solidaire et, finalement, cela ruine la morale fiscale. Pour les citoyens suisses, la différence de traitement est par ailleurs choquante : nous citoyens devons sagement payer nos impôts, sans quoi nous risquons des poursuites judiciaires, alors que les investisseurs étrangers sont notablement épargnés.
Après avoir présenté la situation et une courte analyse éthique du point de vue biblique, le rapport conclut par sept exigences dans les domaines personnel, ecclésiastique, économique et politique.
Plusieurs représentants du monde évangélique ont senti fortement ces dernières années que le secret bancaire suisse n'est pas conforme à la morale. Cela a débouché sur une rencontre de politiciens et de dirigeants de fédérations d'Églises, où il fut décidé de commander une première étude qui est maintenant disponible. Des démarches supplémentaires contre le secret bancaire sous sa forme actuelle sont envisagées.
27 janvier 2006
Source: AES