Le 7 Août, la promenade face à la Maison Blanche a été le théâtre d'une manifestation pacifique et d'un siting qui s'est conclu par l'arrestation volontaire de plus de 100 personnes, dont le révérend Jim Lawson Jr., un pasteur en retraite de l'Eglise Méthodiste Unifiée, qui par ailleurs est un fervent militant pour les droits de l'homme.
Cela fait maintenant dix ans que des sanctions sont imposées à l'Irak suite à l'invasion du Koweit. Le Pasteur Lawson ainsi que les autres personnes qui militent pour la suspension des sanctions néanmoins compréhensibles - contre l'Irak, soutiennent que plus de un million d'irakiens en sont morts depuis; plus de la moitié de ces victimes étant des enfants de moins de cinq ans.
"Fellowship of Reconciliation" (Mouvement de Réconciliation), une organisation pacifiste interconfessionnelle, et "American Friends Service Committee", un groupe de libération du mouvement Quaker, étaient les leaders d'une longue liste d'organisations faisant campagne pour la levée des sanctions économiques, qu'ils tiennent pour responsables de la mort des civils en raison de la malnutrition et de diverses maladies.
Le 6 mai, la Conférence Générale l'instance dirigeante de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) a décidé par vote avec une majorité des trois quarts des voix, de s'engager à plaider pour la levée de ces sanctions.
Avant d'arriver à la Maison Blanche, les manifestants se sont assemblés sur les marches d'un bâtiment du Ministère américain du Trésor. Un des responsables de la campagne a alors annoncé l'envoi de chlore aux orphelinats en Irak afin de fournir des moyens de purification de l'eau.
Bien que cette violation de l'embargo américain à l'encontre de l'Irak ait été annoncée sur les marches du ministère chargé du renforcement de cet embargo, les arrestations attendues n'ont pas eu lieu ici, mais tout le groupe a pu se rendre sur la promenade qui se trouve en face la Maison Blanche après avoir traversé la «Pennsylvania Avenue».
Tout en faisant des allers et retours devant la résidence présidentielle, le groupe chanta et lança ses slogans. En plus des panneaux et des banderoles, de nombreux manifestants portaient des tranches de baguettes françaises, symbolisant le pain qu'ils veulent mettre à la disposition des civils irakiens les plus pauvres.
Alors que les 104 manifestants étaient assis sur la promenade, alignés sur cinq rangs comme pour une photo de classe, avec une large bannière étendue devant eux, de nombreux morceaux de pains avaient été empalés en haut de la clôture qui était derrière eux.
La police du parc, dont une partie était à cheval, entreprit une belle manoeuvre afin de déplacer tous les manifestants en dehors du périmètre de sécurité, de l'autre côté de la «Pennsylvania Avenue», et de déplacer la presse derrière des bandes jaunes à une certaine distance des manifestants.
A trois reprises, un policier commanda aux manifestants qui étaient assis de se lever. Un fourgon blindé fut disposé à l'extrémité de la de la manifestation et un à un les manifestants reçurent des menottes en plastique et furent chargés dans plusieurs camions pour être transportés dans la prison locale.
Lawson, étudia la non-violence avec Gandhi dans les années cinquante. De plus, c'est un ancien représentant national du mouvement américain de réconciliation. Il fut l'un des orateurs lors d'un rassemblement de 200 à 300 personnes juste avant la manifestation. La veille il s'adressa à une foule d'environ mille personnes, qui défila du mémorial de Lincoln jusqu'au Parc Lafayette.
A cette occasion, il déclara: "Tous les chrétiens du pays devraient être là, car notre pays participe au génocide des enfants irakiens".
Il compara la mortalité infantile en Irak et aux Etats Unis, en disant que chaque année 60000 bébés y meurent à cause du manque de soins et de la malnutrition dès leur première année. «Mondialement, -dit-il-, la globalisation a eu pour résultats une aggravation de la malnutrition et une dégradation de la santé et de l'éducation des enfants».
Lawson déclara qu'il s'impliquait dans ces manifestations afin de témoigner devant la nation et de semer des "graines non violentes".
L'évêque catholique de Détroit, Thomas Gumbleton, demanda au groupe: "Les enfants irakiens sont-ils nos ennemis?" Le groupe répondit en criant: "Non!". L'évêque demanda ensuite pourquoi son pays faisait la guerre aux enfants irakiens. Il fit lui aussi partie des personnes arrêtées.
Le Pasteur Lawson et l'évêque Gumbleton déclarèrent qu'ils avaient fait plusieurs voyages en Irak afin de se rendre compte par eux mêmes des conséquences des bombardements et des sanctions économiques.
Source : UMNS (trad. NM)