Allemagne: reconnaissance mutuelle du baptême entre Eglises chrétiennes

Les deux principales Eglises d’Allemagne et onze autres communautés chrétiennes ont signé le 29 avril une reconnaissance mutuelle de leurs baptêmes. 


Le cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande, l’évêque luthérien Wolfgang Huber et les représentants de onze communautés confessionnelles ont adopté un document sur le baptême. 


Ils ont signé une déclaration le 29 avril dans la Cathédrale de Magdebourg. L’annonce a été faite le 19 avril par l’Eglise catholique et l’Eglise évangélique luthérienne d’Allemagne. Les Eglises signataires font partie de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes (ACK). 


Jusqu’à présent, la reconnaissance des baptêmes n’était pas réciproque si ce n’est à travers des conventions établies entre les diocèses et les Eglises évangéliques régionales. 


L’initiative de cette nouvelle déclaration vient du cardinal allemand Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens. Une commission a travaillé sur ce texte pendant trois ans. 


Le document affirme: « Malgré les différences dans la compréhension de l’Eglise, il existe entre nous un accord fondamental sur le baptême. C’est pourquoi nous reconnaissons tous les baptêmes pratiqués par immersion ou par aspersion d’eau, selon la mission de Jésus, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et nous nous réjouissons pour toutes les personnes qui sont baptisées. Le baptême ainsi réalisé est unique et ne peut être répété »


Parmi les communautés allemandes signataires figurent l’Église catholique romaine ; Église évangélique en Allemagne (protestants luthériens) ; Église évangélique réformée de Basse-Saxe (protestants calvinistes) ; Église évangélique méthodiste ; Église évangélique luthérienne autonome ; Communauté anglicane-épiscopale en Allemagne ; Église orthodoxe russe en Allemagne ; Église éthiopienne orthodoxe ; Église arménienne apostolique orthodoxe en Allemagne ; Église des frères moraves, communauté de Herrnhut (réformés hussites, communauté des Frères Moraves) ; Église vieille-catholique en Allemagne.


Cérémonie oecuménique


Samedi 28 avril, dans le chœur de l’église évangélique de Magdebourg, à 120 km de Berlin, au centre géographique de l’Europe, onze Églises chrétiennes ont, pour la première fois, reconnu la valeur réciproque de leur cérémonie du baptême. Celui-ci est dorénavant un sacrement commun, ineffaçable, et valide en particulier en cas de changement de confession.


Autour de l’évêque Bekdjian, participaient notamment à la cérémonie l’évêque Wolfgang Huber, président du Conseil de l’Église évangélique (EKD, Église protestante luthérienne, le terme «évangélique» en Allemagne désignant les protestants), le cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence des évêques catholiques, le P. Merawi Tebege, de l’Église éthiopienne orthodoxe, l’archevêque Longin, de l’Église orthodoxe russe en Allemagne, le doyen Johannes Urbisch, de l’Église vieille-catholique, le Rev. Christopher Jager-Bowler, de l’Église anglicane. 


Mélange de costumes, de couleurs, de chants, de traditions


Un mélange chaleureux de costumes, de couleurs, de chants et de traditions. Le P. Sérovpé Isakhanyan entonne un passage de l’évangile en arménien ; le chœur de la communauté russe orthodoxe de Magdebourg alterne ses harmonies avec celles du chœur de l’EKD. Le P. Merawi Tebege invite ses pairs à la procession vers la pierre baptismale, rappelant que celle-ci est venue d’Égypte, il y a plus de dix siècles.


Dans la nef comble, l’assistance suit attentivement cette cérémonie inaccoutumée. Debout, des fidèles et des curieux se sont agglutinés dans les bas-côtés, là ou siègent les représentants des onze Églises signataires, devant l’autel, face à la table où ils signeront la reconnaissance mutuelle en fin de cérémonie. 


«Cette fête, cette cérémonie témoigne de ce que le souci œcuménique ne s’est pas figé, soulignera le cardinal Lehmann, évêque de Mayence. Elle n’allait pas de soi. Le baptême a souvent été considéré comme l’enfant naturel de l’œcuménisme. On estimait depuis longtemps qu’il n’existait pas à ce propos de différences substantielles.» 


Il a été difficile pourtant, pour les Églises qui ont participé à la rédaction de la reconnaissance mutuelle de leur baptême, de trouver les mots qui puissent permettre au plus grand nombre possible de signer cet accord. 


Symbole œcuménique


«La reconnaissance que Jésus est notre sauveur est ce qui fonde l’unité des Églises chrétiennes, explique l’évêque Wolfgang Huber. Toutes les différences qui définissent nos profils respectifs dans la communauté œcuménique, viennent après cette certitude commune. Toutes les ouvertures du dialogue interreligieux, poursuit-il, toute la curiosité du dialogue interreligieux pour trouver ensemble la vérité ne peuvent effacer cela. Nous sommes les seuls, nous les chrétiens à affirmer : “Jésus-Christ est notre sauveur”. »


La reconnaissance mutuelle du baptême signée dimanche est une première en Allemagne. De tels accords n’existaient, jusqu’ici, que sur le plan régional. L’impulsion d’origine remonte à la réunion de l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens de 2001, où les résultats d’une enquête sur le baptême concentrèrent une bonne part des débats. En 2003, les Églises catholique et protestantes allemandes constituèrent un groupe de travail, progressivement rejoint par les autres Églises signataires.


Le symbole œcuménique dépasse d’ailleurs celles-ci. Le pasteur Werner Funck, de l’Église mennonite (qui ne reconnaît que le baptême d’adultes), a adressé pendant la cérémonie un salut aux Églises signataires, de la part des communautés dont la tradition ne leur permet pas de signer l’accord des onze. 


Quant au choix même de l’église évangélique de Magdebourg, il souligne la volonté du rassemblement. La pierre baptismale de porphyre autour de laquelle s’est concentrée la cérémonie servait déjà pour les baptêmes, bien avant le grand schisme des Églises d’Occident et d’Orient, en 1054.


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Source: zenit/La Croix