Zimbabwe, Mutare: les pasteurs en appellent à la paix civile

Du haut de leur chaires, les pasteurs évangéliques méthodistes du Zimbabwe appellent leurs concitoyens à la paix après une élection présidentielle fortement controversée au début de mars.


Alors que les affaires se poursuivent plus ou moins comme d'habitude dans les zones urbaines, comme à Harare, la capitale du pays et à Mutare, le centre urbain oriental situé près de l'Université de l'Afrique, les communautés rurales sont le théâtre d'incidents (violences, intimidations et actes de vengeance) avant comme après l'élection.


Les surintendants et les pasteurs ont lancé un appel à la paix dans les jours qui ont suivi l'élection, selon le pasteur Gift Maching, surintendant du district du Centre de Mutare. La plupart des surintendants ont visité les communautés rurales troublées par ces incidents pour être aux côtés des pasteurs et des congrégations en souffrance à l'occasion de l'élection.


Machinga a pris part au culte dans une communauté rurale le 17 mars, le dimanche qui a suivi l'élection; il rapporte qu'une personne s'est levée pendant ce culte pour avouer sa participation aux actes de violence pendant l'élection. La communauté a répondu à la confession de cet homme et à sa demande de pardon avec "une très grande joie," a-t-il dit.


Les observateurs chargés par le Conseil Oecuménique des Églises et par le Conseil des Eglises du Zimbabwe de suivre les élections, ont dit, dans un rapport publié le 13 mars, que la campagne précédant l'élection a donné lieu à "beaucoup d'incidents (harcèlement, viol, actes de malveillance et atteinte générale à l'autorité de la loi)."


Le parti d'opposition, le Mouvement pour le Changement Démocratique, qui met en cause la validité du vote, accuse: ses responsables ont fait l'objet de violences dans les communautés rurales après l'élection.


Le parti au pouvoir, le ZANU-PF (Zimbabwe African National Union - Patriotic Front) a été accusé de déployer des hommes, désignés comme vétérans de la guerre de libération qui a rendu au Zimbabwe sa liberté en 1980, pour intimider les électeurs dans les secteurs ruraux. Le ZANU-PF forme aussi des brigades de jeunes dans un centre de formation spécialisé à la Frontière infâme de Gezi au Mont Darwin au centre du Zimbabwe. Ces jeunes ont pour mission d'intimider les communautés rurales par la violence, selon un responsable de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM).



Des responsables politiques locaux ont consenti à discuter avec les visiteurs des besoins de la communauté en matière d'aide internationale: cette communauté multiplie ses efforts pour réparer les dégâts massifs que le cyclone Ellene a causés en l'an 2000 aux bâtiments, aux ponts et aux terres cultivées du secteur.


En parlant par le biais d'un traducteur, un chef tribal qui est aussi le responsable régional du parti ZANU-PF, a exprimé sa reconnaissance pour l'aide que l'organisme humanitaire, Christian Care, a apportée au pays. Christian Care est la branche humanitaire du Conseil des Eglises du Zimbabwe affiliée à Christian Aid basée au Royaume Uni ainsi qu'à d'autres organismes d'aide humanitaire internationaux comme l'Oeuvre d'entraide et de secours de l'EEM (UMCOR). Il a demandé aux Eglises de ne pas abandonner les habitants du Zimbabwe.


Les anciens combattants ont demandé aux visiteurs américains de ne pas avoir peur d'eux, malgré la violence qui leur est attribuée dans la presse. "Nous sommes tous de pauvres gens," a déclaré un des vétérans. "Nous avons besoin de l'aide des Etats-Unis."


L'Évêque Christophe Jokomo, à la tête du Diocèse de l'Eglise Evangélique Méthodiste du Zimbabwe, apprécie le fait que la nation ait préservé la paix pendant cette période d'élection malgré les désaccords politiques profonds. Il a dit que le parti dirigeant et les responsables de l'opposition doivent travailler ensemble dans l'intérêt des habitants du Zimbabwe.


"On voyage au Zimbabwe aussi sûrement qu'il y a 20 ans, je crois," a-t-il dit.


Le doyen Snyder est le directeur de communications pour le compte de la Conférence Annuelle de Washington / Baltimore de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). Jane Malone, une laïque évangélique méthodiste, conjoint de Snyder, est avocate. Ils ont visité le Zimbabwe dans le cadre d'un voyage missionnaire.


Le 29 mars 2002 


Dean Snyder et Jane Malone

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)